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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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et
dans lesquelles des hommes modérés, comme ce savant, ancien fermier général, Lavoisier,
de la section de l’Arsenal, ont de l’influence.
    On peut compter sur le marquis de Mandat, commandant en chef
de la garde nationale parisienne, et chargé de la défense des Tuileries.
    « Il y a ici des forces, a répété Marie-Antoinette, il
est temps enfin de savoir qui l’emportera du roi et de la Constitution ou de la
faction. »
     
    Louis s’éponge. Peut-être n’est-ce pas la chaleur qui le
fait transpirer, mais l’angoisse, l’attente.
    L’Assemblée, malgré les protestations des tribunes, les
menaces lancées contre les députés, a refusé par quatre cent six voix contre
deux cent vingt-quatre de mettre La Fayette en accusation et d’engager des
poursuites contre lui.
    C’est la preuve que les Girondins sont inquiets. Ils
redoutent les projets d’insurrection votés par les sections du faubourg
Saint-Antoine et du faubourg Saint-Marceau. Les sans-culottes exigent que l’Assemblée
prononce la déchéance du roi, sa mise en accusation pour trahison. Les sections
attendront jusqu’au jeudi 9 août, à minuit, le vote de l’Assemblée. Et si
celle-ci, avant cette heure fatidique, ne s’est pas prononcée, alors, les
sans-culottes feront sonner le tocsin et iront se saisir de la personne du roi,
aux Tuileries, et personne, aucune force ne pourra s’opposer à la volonté du
peuple.
     
    Les fédérés marseillais sont hébergés par la section du
Théâtre-Français, au club des Cordeliers, et Danton, et les sans-culottes les
endoctrinent et savent qu’ils peuvent compter sur eux, comme aussi sur les
fédérés venus de Brest.
    Les tambours battent. On chante des couplets, qu’en quelques
jours les sans-culottes parisiens ont appris des Marseillais. « Aux armes,
citoyens. » On s’interpelle joyeusement, c’en est fini des titres, de Monsieur ou Madame, on est tous citoyens  !
     
    L’échéance est donc fixée aux premières heures du vendredi
10 août.
    Les sections du faubourg Saint-Antoine ignorent les appels
des Girondins, d’un Condorcet.
    Ceux-là se sont servis du peuple, comme d’un dogue, afin d’effrayer
le roi.
    Et maintenant la peur les saisit. Ils craignent que le dogue
ne se débarrasse de sa laisse, leur échappe, n’écoute pas Condorcet qui déclare :
    « Un peuple court à sa ruine s’il préfère à des moyens
d’action tempérés par la loi, des moyens dont l’illégalité seule serait capable
de faire avorter tout le fruit. »
    Et la section des Quinze-Vingts répond :
    « Si justice et droit n’est pas fait au peuple par le
corps législatif jeudi, onze heures du soir, le même jour, à minuit, le tocsin
sonnera et la générale battra, et tout se lèvera à la fois. »
     
    Louis n’en doute pas.
    Et cependant, il a accepté que l’on verse des dizaines de
milliers de livres à Danton, afin qu’il empêche l’insurrection.
    Or, cet ancien avocat est le tribun le plus écouté de la
section du Théâtre-Français, du club des Cordeliers.
    Il fait partie d’un Comité secret composé de vingt-quatre
membres, qui se réunit au Pavillon de Charenton et dont le but est de préparer
l’attaque du château des Tuileries. Camille Desmoulins, Marat, Billaud-Varenne,
l’acteur Collot d’Herbois et Robespierre se retrouvent aux côtés de Danton. Et
certains d’entre eux envisagent de constituer une Commune insurrectionnelle ,
qui prendrait le pouvoir, en lieu et place de la Commune élue.
    Soudoyée, elle aussi. Près de sept cent cinquante mille
livres ont été versées au maire de Paris et à Santerre lui-même pour ramener
les Marseillais dans le parti du roi et donc rendre impossible l’insurrection.
    Mais comment se fier à ces hommes ? Ils utilisent sans
doute l’argent qu’on leur a versé, soit pour leurs aises et leurs débauches, comme
Danton, soit pour préparer cette insurrection qu’ils sont payés pour empêcher !
    Et jadis on avait couvert d’or Mirabeau, et cela n’avait en
rien entravé le cours de la Révolution.
    L’insurrection aura lieu, Louis s’en persuade en découvrant
le jardin des Tuileries entièrement désert.
    « Il semble que la peste soit dans le château, écrit un
journaliste “patriote”. Nul ne veut en approcher. Mais la terrasse des
Feuillants est couverte d’hommes, de femmes, de gens de guerre qui vont à l’Assemblée,
qui en reviennent, qui s’arrêtent à la porte, aux murs de ce bâtiment,

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