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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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prêts
à soutenir les vœux des sans-culottes.
    Le « peuple » – quelques milliers sur plus de six
cent mille Parisiens – est trop fort pour se laisser dompter par l’Assemblée, qui,
jeudi 9 août, à sept heures du soir, clôt ses travaux, sans s’être prononcée
sur la déchéance du roi.
    Médiocre et lâche habileté des Girondins.
    « Il pleuvra du sang », prévoit un témoin, quand
il entend un quart d’heure avant minuit la grosse cloche des Cordeliers battre
le tocsin, suivie par les cloches de six autres églises.
    Et les tambours commencent à résonner, les sans-culottes à
se rassembler.
    Demain, vendredi 10 août 1792, ce sera, comme prévu, on l’a
préparé, la journée révolutionnaire qui doit achever ce qui a été commencé le
14 juillet 1789.
     
    Courte nuit avant l’aube du vendredi 10 août.
    Louis écoute le procureur-syndic du département Rœderer, qui
est assis aux côtés de la reine, de Madame Élisabeth, du dauphin, et qui veut, dit-il,
par sa présence aux Tuileries protéger le roi et sa famille.
    Déjà plusieurs fois, il a affirmé que le salut ne pourrait
venir d’une résistance armée aux sans-culottes s’ils tentaient d’attaquer le
château.
    Il faudrait se réfugier à l’Assemblée, où la majorité des
députés étaient modérés, et feraient de leurs corps et de leur légitimité un
rempart.
    Le maire de Paris, Pétion, souriant, vient à son tour aux
Tuileries, puis se retire après quelques instants, et Louis comprend que cet
homme-là refusera de prendre parti, s’enfermera chez lui, se laissant « enchaîner
avec des rubans », de manière à sauver sa vie.
     
    Vers deux heures et demie du matin, Rœderer lit le rapport
qu’on vient de lui remettre.
    Les rassemblements de sans-culottes ont de la peine à se
former, dit-il. Les citoyens des faubourgs se lassent. Il semble qu’on ne
marchera pas.
    Et un informateur royaliste qui vient d’arriver, confirme
ces informations :
    « Le tocsin ne rend pas », répète-t-il.
    Louis reste impassible. La journée n’a pas commencé. On
vient d’annoncer que sur ordre de Manuel, procureur général de la Commune, on a
retiré les canons en batterie sur le Pont-Neuf. Dès lors, les sans-culottes du
faubourg Saint-Antoine et ceux du faubourg Saint-Marceau peuvent se rejoindre !
    Et Louis approuve et comprend les inquiétudes du marquis de
Mandat, d’autant plus que Manuel est un proche de Danton. L’obstacle majeur à l’assaut
des Tuileries vient de sauter.
     
    Louis se retire. Il veut dormir, laisser le destin s’écouler
selon la pente dessinée par Dieu. Quand il sort de sa chambre, on lui annonce
que le marquis de Mandat, sur convocation de la Commune, et sur les conseils de
Rœderer, a accepté de se rendre à l’Hôtel de Ville où la Commune veut l’entendre.
    Le commandant de la garde nationale, responsable de la
défense des Tuileries, est parti seul sans escorte.
    Louis ferme les yeux.
    Il entend Madame Élisabeth dire à Marie-Antoinette : « Ma
sœur, venez donc voir le lever de l’aurore. »
    Combien, demain, vivront une aube nouvelle ?
     
    On tue déjà, place Vendôme, devant l’Hôtel de Ville.
    Le marquis de Mandat a été mis en état d’arrestation, accusé
d’avoir ordonné, si une « colonne d’attroupement s’avançait vers le
château, de l’attaquer par-derrière ».
    « C’est une infamie, crie-t-on, un prodige de lâcheté
et de perfidie. »
    On l’entraîne vers la prison de l’Hôtel de Ville. Et dès qu’il
apparaît sur les marches, on l’abat : coups de pistolet, coups de pique et
de sabre.
    Et les membres du Comité secret, les commissaires de chaque
section qui avaient été désignés dans la nuit, chassent la Commune légale, au
nom du salut public. Elle sera remplacée par une Commune insurrectionnelle, dans
laquelle Danton affirme son autorité. Santerre est nommé commandant de la garde
nationale à la place de Mandat. Et les cortèges se mettent en mouvement vers le
château des Tuileries.
    Il n’est pas encore neuf heures.
    Place Vendôme, de très jeunes gens jouent avec des têtes, les
jetant en l’air et les recevant au bout de leurs bâtons. Ce sont celles du
journaliste royaliste Suleau et de trois de ses amis.
    Un jeune homme est interpellé dans les Petits-Champs, on l’entoure,
on le menace. Il est habillé comme un « monsieur ». On l’oblige à
crier « Vive la Nation ! ». Il a un accent étranger.
    Il se

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