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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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charpentiers, les ciseleurs des rues Saint-Denis et Saint-Martin
sont exaltés par les prédications du prêtre Jacques Roux, un « enragé ».
    Les Girondins voudraient utiliser ces forces sans-culottes
tout en les contrôlant, les retenant, ne leur lâchant la bride que pour
contraindre le roi à plier.
    Mais ils rêvent donc aussi d’une trêve, d’un accord avec le
roi. Et quand, le 7 juillet, l’évêque constitutionnel de Rhône-et-Loire, Lamourette,
prêche à tous les partis la réconciliation – « Embrassez-vous », lance-t-il
–, les députés, à l’exception de quelques Montagnards, se précipitent, se
donnent l’accolade, pleurent.
    Et Louis, prévenu que l’Assemblée a acclamé la formule de l’évêque :
« Haine à la République », accourt.
    « Incompréhensible miracle de l’électricité, écrit un
témoin… toute l’Assemblée debout, les bras en l’air, les députés levaient leurs
chapeaux et les faisaient jouer en l’air. Les tribunes trépignaient, les voûtes
retentissaient de joie, d’applaudissements. L’ivresse avait saisi toutes les
têtes. »
     
    Mais ce n’est qu’une illusion. La tempête se déchaîne.
    L’Assemblée rétablit Pétion dans ses fonctions ! C’est
donc qu’elle approuve la journée du 20 juin, l’invasion armée des Tuileries, les
pétitions de citoyens en armes.
    Louis veut montrer qu’il reste, lui, fidèle à la
Constitution.
    Il se rend le 14 juillet au Champ-de-Mars, où l’on célèbre
le troisième anniversaire de la prise de la Bastille. La foule, comme un océan,
a tout recouvert. On acclame Pétion. Les huées méprisantes submergent le roi. On
lui manifeste ainsi qu’il n’est plus rien. On ne le craint plus. Il suffit de
décider de le pousser pour qu’il disparaisse.
    Et des pétitions réclamant sa déchéance circulent.
    La section de Mauconseil, au nord des Halles, déclare « qu’elle
ne reconnaît plus Louis XVI comme roi des Français et qu’elle s’ensevelira sous
les ruines de la liberté plutôt que de souscrire au despotisme des rois ».
     
    Les Girondins ne pourront plus tenir, guider le peuple. Ils
ont besoin de lui et il est soulevé par le patriotisme.
    On chante ces refrains « marseillais ».
    « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons… Amour
sacré de la patrie conduis, soutiens nos bras vengeurs. »
    On dénonce « la horde d’esclaves, de traîtres, de rois
conjurés ».
     
    Lorsqu’on accueille place de la Bastille les fédérés
marseillais, « les larmes coulent de tous les yeux », l’air retentit
des cris de « Vive la Nation ! », « Vive la liberté ! ».
    Et cette immense vague, ces milliers de fédérés venus de tous
les cantons de la nation, est mille fois plus forte que celle qui a déjà
submergé les Tuileries, le 20 juin.
     
    Louis a le sentiment, quand il écoute Marie-Antoinette, quand
il lit les journaux royalistes, qu’il ne partage ni leur peur ni leur haine.
    Il sait que Marie-Antoinette écrit à Fersen, qu’elle lui dit :
    « Hâtez si vous le pouvez le secours qu’on nous promet
pour notre délivrance. J’existe encore mais c’est un miracle. La journée du 20
juin a été affreuse.
    Ce n’est plus à moi qu’on en veut le plus, c’est à la vie
même de mon mari, ils ne s’en cachent plus… »
    Louis le pressent. Il est au bout du chemin. Et la violence,
la haine des royalistes aussi furieuse que celle des sans-culottes, ne lui
laisse aucun doute sur le peu de temps qui lui reste avant l’affrontement.
     
    Les journaux royalistes accusent.
    « Les Parisiens ont montré toute la lâcheté de leur
caractère, ils ont mis la mesure de tous leurs crimes.
    Tout est coupable dans cette ville criminelle, il n’est plus
de pardon à espérer pour elle, cette ville scélérate… Vils et lâches Parisiens,
votre sentence est portée. La journée du 20 juin a comblé vos crimes. Les vengeances
s’approchent. Il vient le moment où vous voudrez au prix de vos larmes et de
votre or racheter vos forfaits, mais il ne sera plus temps ; les cœurs seront
pour vous de bronze et votre terrible punition sera un exemple qui effraiera à
jamais les villes coupables. »
     
    Cet appel pétri de haine et de désir de vengeance, et que
publie Le Journal général de Fontenai, inquiète Louis.
    Il avait sollicité Mallet du Pan d’écrire un Manifeste expliquant
les raisons de l’intervention des souverains en France. Mais Mallet du Pan a
regagné

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