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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Montagnard, Philippe Égalité, ci-devant duc d’Orléans,
le corps lourd, disant d’une voix assourdie, qu’uniquement occupé de son devoir,
il vote pour la mort de Louis, son cousin.
    Et Desmoulins et Fabre d’Églantine, et le peintre David, et
Marat, font le même choix.
    Et quand, le 17 janvier à huit heures du soir, Vergniaud
donne le résultat, il y a trois cent quatre-vingt-sept régicides contre trois
cent trente-quatre voix.
    La mort n’a donc été votée qu’à la majorité de
cinquante-trois voix ! Et parmi les députés qui ont voté la mort, certains
ont demandé qu’il soit sursis à l’exécution.
     
    Le lendemain, vendredi 18 janvier, de nombreux députés
contestent les résultats du scrutin de la veille.
    On procède à un nouveau scrutin qui donne trois cent
soixante et une voix pour la mort contre trois cent soixante !
    La mort de Louis XVI a donc été décidée à une voix de
majorité ; alors que la salle du Manège, où siégeait la Convention, était
cernée de sans-culottes armés de piques.
    « Tandis que les citoyens honnêtes de cette ville
attendent dans un calme profond le jugement de Louis XVI, peut-on lire dans les Annales républicaines du 18 janvier, toutes les avenues de la Convention
sont entourées d’une foule inconnue d’agitateurs dont les vociférations se font
entendre jusque dans le temple législatif, et semblent vouloir influencer les
opinions de nos mandataires. On les entend beugler de toutes leurs forces que
si Louis XVI n’est pas condamné à mort, ils iront eux-mêmes l’assassiner. Quelques
députés en entrant hier dans la salle ont été menacés d’être massacrés s’ils ne
votent pas pour la mort.
    « Quelque inaccessibles que soient nos représentants à
toute impulsion de crainte, on aurait dû réprimer cette horde audacieuse et
ôter aux malveillants tout prétexte de pouvoir dire que les opinions n’ont pas
été parfaitement libres. »
     
    Il faut encore voter le samedi 19 janvier sur la question du
sursis, que les députés girondins ont demandé.
    Mais ceux de la Plaine hésitent. Ils entendent les cris de
la foule autour de la Convention.
    Dans les tribunes, on guette et note leur choix. On les
menace au moment où ils entrent dans la salle. Et ils veulent en finir.
    Des ennemis de la Révolution ont assassiné à Rome un
diplomate français. Les émeutiers ont tenté d’incendier le ghetto de la ville, accusant
les Juifs d’être complices de la Révolution française.
    Les Montagnards refusent le sursis comme Danton, et comme
Philippe Égalité, qui se réitère « convaincu que tous ceux qui ont attenté
ou attenteront par la suite à la souveraineté des peuples, méritent la mort ».
Immédiatement.
    À deux heures du matin, le dimanche 20 janvier 1793, le
sursis est rejeté par trois cent quatre-vingts voix contre trois cent dix.
    Louis n’est pas surpris.
    « Je ne cherche aucun espoir, dit-il à Cléry, mais je
suis bien affligé de ce que Monsieur d’Orléans, mon parent, a voté ma mort. »
    À deux heures de l’après-midi, le dimanche 20 janvier 1793, Louis
ne sursaute pas quand lés membres du Conseil exécutif, le maire, les autorités
du département, soit une quinzaine de personnes, entrent dans sa chambre et que
Garat, ministre de la Justice, lit les décrets de la Convention : « Louis
Capet, coupable de conspiration contre la liberté de la nation, est condamné à
mort. »
    Louis plie les décrets, les range dans son portefeuille.
    Il a préparé une lettre à la Convention. Il demande trois
jours pour se préparer à paraître devant Dieu, la levée de cette surveillance
perpétuelle, le droit de voir sa famille et celui de recevoir son confesseur, l’abbé
Edgeworth de Firmont. Il recommande à la nation ceux qui lui ont été attachés, et
qui ne peuvent être persécutés pour cela.
    « Je les recommande à la bienfaisance de la nation…
    « Il y en a beaucoup qui avaient mis toute leur fortune
dans leurs charges et qui, n’ayant plus d’appointements, doivent être dans le
besoin, et de même celles qui ne vivaient que de leurs appointements ; dans
les pensionnaires il y a beaucoup de vieillards, de femmes et d’enfants, qui n’avaient
que cela pour vivre. »
     
    À six heures du soir, Garat revient.
    Louis pourra recevoir sa famille, recevoir son confesseur, mais
on lui refuse le délai de trois jours.
    Le décret de mort sera exécuté dès demain 21 janvier 1793.
    Louis

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