Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
articles peuvent être publiés impunément ?
    Et toutes les tentatives faites par Bailly, pour saisir les
presses de L’Ami du peuple ou poursuivre Marat, ont échoué. Le peuple le
défend.
    Des députés, tel ce Maximilien Robespierre, le soutiennent
et partagent ses vues.
    Certes, des journalistes lui répondent, le dénoncent :
    Marat, dites-vous, l’assassin,
    Veille au salut de la patrie.
    Le Monstre ! Il veille dans son sein
    Comme un tigre affamé dans une bergerie.
    Mais les membres du club des Cordeliers, que préside Danton,
de nombreux Jacobins, le lisent, le suivent. Et on fait de ses articles des
lectures publiques dans les jardins du Palais-Royal ou dans le faubourg
Saint-Antoine.
    « Les pages de sang qui chaque jour circulent dans le
peuple, sous le nom du Sieur Marat, en indignant les gens éclairés, portant la
terreur dans l’âme des citoyens pacifiques, alimentent sans cesse le délire
forcené de la multitude, écrit un bourgeois parisien. Les faubourgs surtout
sont le plus violemment saisis de cet esprit de vertige que le prétendu Ami
du peuple a soufflé parmi des hommes simples et crédules. »
     
    Louis se souvient du visage de ces hommes et femmes du
peuple qui, le 6 octobre 1789, ont fait irruption à Versailles dans la chambre
de la reine.
    Au Châtelet, un procès leur a été intenté. Mais comment
osera-t-on les condamner ? De même la loi martiale a été votée, mais dans
les villes où des émeutes se produisent aucune municipalité n’ose la décréter.
    À Paris, la foule a envahi et saccagé la maison du duc de
Castries, dont le fils a blessé en duel régulier Charles Lameth, député et
Jacobin.
    « Tout a été cassé et brisé, constate un témoin. Ce
Monsieur de Castries en sera pour ses meubles et pour ses glaces : quel
procès peut-on faire à la multitude ?
    « La même foule s’est portée chez Monsieur de
Montmorency pour le forcer à ôter ses armoiries de dessus sa porte et à combler
le fossé qui empiétait sur le boulevard et rétrécissait le chemin du peuple ou
des piétons. Ce peuple vainqueur fait impitoyablement la guerre. »
    La guerre.
    Ce mot, Louis ne voudrait pas le lire, l’entendre. Mais il
le rencontre à chaque instant.
    Son frère le comte d’Artois a quitté Turin pour s’installer
à Coblence. Il rassemble les émigrés dans l’espoir de constituer une armée.
    En Ardèche vingt mille hommes armés se sont rassemblés au
camp de Jalès, décidés à combattre pour le roi et les principes sacrés de la
monarchie, à abolir la Constitution.
    À Lyon, les royalistes s’organisent et les envoyés du comte
d’Artois envisagent de soulever toute la région, de la Bourgogne à la Provence.
    Et Fersen comme Marie-Antoinette pensent qu’il faut demander
l’aide de l’empereur Léopold II, frère de la reine, qui vient d’écraser à
Bruxelles, et à Liège, les patriotes qui avaient fondé les États belgiques
unis .
    L’Europe des rois fait « cause commune », s’inquiète
de la « contagion » révolutionnaire.
    À Londres, un parlementaire favorable pourtant à la
révolution américaine, Edmund Burke, publie des Réflexions sur la révolution
de France , traduites en français en novembre 1790, et qui sont un
réquisitoire contre ce qui s’est accompli depuis 1789.
    Pour la première fois, la voix d’un « contre-révolutionnaire »
se fait entendre avec force, influence l’opinion, et d’abord celle des
souverains et des aristocrates européens.
    Aideront-ils par une intervention armée la cour de France à
retrouver son pouvoir ?
    Louis a lu la lettre que Marie-Antoinette adresse au nouveau
gouverneur autrichien à Bruxelles, Mercy-Argenteau, qui fut longtemps son
conseiller à Versailles :
    « Nous ne demandons à aucune puissance, écrit la reine
(à moins d’un événement pressant) de faire entrer leurs troupes dans ce pays-ci.
Nous désirons seulement qu’au moment où nous serions dans le cas de les
réclamer, nous pourrions être assurés que les puissances voudront bien avoir
des troupes sur leurs frontières bordant la France en assez grand nombre pour
servir de soutien et de ralliement aux gens bien intentionnés qui voudraient
nous rejoindre… »
     
    La guerre.
    C’est un mot que Louis retrouve aussi dans les propos de
Mirabeau que le comte de La Marck rapporte.
    Le comte, député de la noblesse, voit dans la guerre civile
le seul moyen de rétablir l’autorité du roi et d’éviter que

Weitere Kostenlose Bücher