Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
« la foule ne
devienne l’instrument aveugle des factieux ».
    Et comme La Marck lui rappelait que le roi ne dispose pas d’argent
pour attirer des partisans, Mirabeau a répondu :
    « La guerre civile se fait toujours sans argent et d’ailleurs
dans les circonstances présentes, elle ne serait pas de longue durée. Tous les
Français veulent des places et de l’argent ; on leur ferait des promesses
et vous verriez bientôt le parti du roi prédominant partout. »
     
    Louis se lève, marche lourdement.
    Même lors des chevauchées matinales, et même quand il traque
un cerf, il reste préoccupé.
    Il se persuade chaque jour davantage que loin de s’apaiser, la
révolution s’approfondit, que les jours les plus sombres sont à venir.
    Et que la haine se répand partout, comme une peste sociale
qui n’épargne personne. Les royalistes haïssent les Jacobins.
    « Le Jacobin participe de la nature du tigre et de l’ours
blanc, écrit le journaliste Suleau. Il a l’air taciturne, l’encolure hideuse, le
poil ras ; féroce et carnassier, il égorge pour le plaisir d’égorger, aime
passionnément la chair humaine et vit dans un état de guerre perpétuelle avec
tout ce qui n’est pas de son espèce à l’exception des démocrates… »
    Suleau cite les noms de Robespierre, Danton, Brissot, Marat,
Laclos.
    Camille Desmoulins et Fabre d’Églantine seraient moins « carnassiers »,
plus démocrates…
     
    Quant aux « patriotes » après avoir fait voter les
décrets sur la Constitution civile du clergé, exigé le serment des prêtres, la
fermeture des couvents, ils ridiculisent et pourchassent les « calotins ».
    Les dames de la Halle fouettent les religieuses qui s’obstinent
à rester fidèles à leurs vœux.
    On les voit, dénudées, représentées sur une gravure portant
pour légende : « D’après un relevé exact il s’est trouvé 621 fesses
de fouettées, total 310 culs et demi attendu que la trésorière des Miramines n’avait
qu’une seule fesse… »
    Et les révolutionnaires suspendent des verges à la porte d’une
église située sur les quais, entre la rue du Bac et la rue des Saints-Pères, où
des « prêtres réfractaires » refusant le serment ont obtenu l’autorisation
de célébrer la messe : « Avis aux dévotes aristocrates, médecine
purgative distribuée gratis le dimanche 17 avril », préviennent-ils. Et la
police ne peut les empêcher de fouetter quelques femmes.
    Au Palais-Royal, on brûle l’effigie du pape Pie VI qui a
condamné la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et, surtout, la
Constitution civile du clergé.
    Nombre de prêtres qui avaient prêté serment – les prêtres
jureurs – se rétractent, deviennent eux aussi réfractaires. Et la « guerre »
entre les deux Églises, la haine entre les croyants qui suivent l’une ou l’autre,
devient un des ressorts majeurs des affrontements entre citoyens. Louis le
pressent d’abord puis le constate.
    Et il est déchiré, comme fidèle catholique, d’avoir accepté
de sanctionner les décrets sur le serment des prêtres.
    « J’aimerais mieux être roi de Metz que de demeurer roi
de France dans une position pareille, dit-il, mais cela finira bientôt. »
     
    Car il semble à Louis que ni lui ni le royaume ne pourront
supporter longtemps ce désordre, ces violences, cette remise en question de
tout ce qui a été bâti au cours des siècles, et même de l’Église de Dieu.
    Et ce n’est plus seulement les privilèges que l’on conteste,
mais les propriétés.
    « Je n’aime pas les rois mais j’aime encore moins les
riches », écrit un certain Sylvain Maréchal, auteur d’un livre intitulé L’Homme
sans Dieu .
    « Vous décrétez l’abolition de la noblesse, continue-t-il,
mais vous conservez l’état respectif des pauvres et des riches, des maîtres et
des valets ; vous défendez aux premiers les armoiries, vous déchargez les
seconds de leurs livrées mais ces distinctions ne sont que des simulacres, vous
ne touchez point aux réalités… »
    C’est aussi ce que disent Marat et Robespierre.
    Et celui-ci est de plus en plus écouté au club des Jacobins.
    Un jeune homme de vingt-cinq ans, Saint-Just, lui écrit de
Picardie :
    « Vous qui soutenez la patrie chancelante contre le
torrent du despotisme et de l’intrigue, vous que je ne connais que, comme Dieu,
par des merveilles… Vous êtes un grand homme. Vous n’êtes point seulement le
député

Weitere Kostenlose Bücher