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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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fois.
    Il n’a pu défendre l’honneur de ceux qui étaient prêts à
mourir pour lui.
    Il est hanté par cette dernière phrase prononcée par
Mirabeau, et recueillie par l’évêque Talleyrand qui le veillait :
    « J’emporte avec moi les derniers lambeaux de la
monarchie. »
    Louis ne veut pas être le fossoyeur de sa dynastie. Il est
au bout du chemin. Il a choisi.
    Il écrit au marquis de Bouillé, le félicite d’avoir rétabli
l’ordre à Nancy, après cette « fête de la Fédération qui a empoisonné les
troupes ».
    « Soignez votre popularité, lui mande Louis, elle peut
m’être bien utile et au royaume. Je la regarde comme l’ancre de salut et que ce
sera elle qui pourra servir un jour à rétablir l’ordre. »
    Il fait parvenir au roi d’Espagne une lettre dans laquelle
il déclare qu’il ne reconnaît pas la Constitution civile du clergé, qu’il a
pourtant sanctionnée. Mais, dit-il, il est le fils fidèle de l’Église et du
souverain pontife.
    Il adresse les mêmes missives à Catherine II, à l’empereur
et au roi de Suède.
    Et Marie-Antoinette lui transmet la réponse de l’impératrice
de Russie :
    « Les rois doivent suivre leur marche sans s’inquiéter
des cris des peuples, comme la lune suit son cours sans être arrêtée par les
aboiements des chiens. »
     
    Mais le peuple de France, Louis ne l’ignore pas, sait faire
entendre ses cris !
    Henri IV, et même Louis XIV, ont dû l’écouter.
    La Bastille a été détruite par ce peuple. L’Assemblée
nationale a, le 21 septembre 1790, décrété que le drapeau tricolore serait
partout substitué au drapeau blanc.
    Des clubs se sont créés, Jacobins, Cordeliers, Cercle social.
    À l’Assemblée, lors de la discussion sur les droits des
princes allemands en Alsace, le député Merlin de Douai a déclaré :
    « Aujourd’hui les rois sont reconnus pour n’être que
les délégués des nations… Qu’importent au peuple d’Alsace et au peuple français
les conventions qui dans les temps du despotisme ont eu pour objet d’unir le
premier et le second ? Le peuple alsacien s’est uni au peuple français
parce qu’il l’a voulu… »
    Et par la voix du député de la Corse, Saliceti, les Corses
ont choisi dès le 30 novembre 1789 de faire partie de la France. Et les
habitants du Comtat Venaissin, les Avignonnais, sujets du pape, ont formulé le
même vœu.
    En même temps, l’Assemblée a dans un décret affirmé « que
la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire
des conquêtes et déclare qu’elle n’emploiera jamais ses forces contre la
liberté d’aucun peuple ».
    Mais que devient le pouvoir sacré du souverain, si le roi n’est
que le « délégué » de la nation ?
    Que devient la responsabilité que Dieu lui a confiée, et que
le sacre a manifestée ?
    Et où est ma liberté ? s’interroge Louis.
    Et que devient ma foi ?
     
    Le 17 avril 1791, jour des Rameaux, Louis décide d’assister
dans sa chapelle à la messe dite par un prêtre réfractaire. Et aussitôt un
garde national en avertit le club des Cordeliers qui s’indigne, « dénonce
aux représentants de la nation le premier fonctionnaire public, le premier
sujet de la loi, comme réfractaire aux lois constitutionnelles qu’il a juré de
maintenir et comme autorisant à la désobéissance et à la révolte… ».
    Le lendemain, 18 avril, Louis décide de se rendre au château
de Saint-Cloud.
    La foule s’est rassemblée place Louis-XV et jusque sur la
route du château.
    Quand le roi et la famille royale sortent en carrosse de la
cour des Tuileries, on crie, on hurle. Les brides des chevaux sont saisies.
    Les gardes nationaux refusent d’obéir à Bailly et à La
Fayette qui ordonnent de laisser le passage au roi.
    « Nous ne voulons pas qu’il parte ! Nous faisons
serment qu’il ne partira pas ! »
    On accuse Louis XVI de préparer sa fuite.
    Il s’étonne qu’après avoir donné la liberté à la nation, « je
ne fusse pas libre moi-même ».
    Il reste dans son carrosse plus d’une heure et demie, puis
il en descend.
    « On ne veut pas que je sorte ? Il n’est donc pas
possible que je sorte ? Eh bien je vais rester ! »
     
    Le lendemain, il se rend à l’Assemblée protester contre ce
coup de force.
    Il prête serment de nouveau à la Constitution dont, dit-il, « la
Constitution civile du clergé fait partie ».
    Il charge les ambassadeurs de déclarer aux

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