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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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de telles impulsions sont rares. Bien qu'elles paraissent spontanées, elles sont en vérité parfaitement préméditées. Elle a voulu, en vous demandant, dans une tenue aguichante, si elle devait épouser Edwin, évaluer votre perméabilité à son charme, mon cher. Elle dispose d'un éventail d'attitudes assez surprenant. C'est une comédienne consommée, et vous lui plaisez fort.
     
    – Je m'en suis aperçu. Ottilia, fille de lord Simon, c'est Diane, fille de Jupiter. L'une et l'autre ont été armées par leur père pour la chasse aux Actéons imprudents. Comme son déshabillé révélait plus qu'il ne cachait, j'ai couru le risque d'être métamorphosé en cerf ! plaisanta Desteyrac.
     
    – Il faut dire que la plupart des hommes qui l'approchent en tombent amoureux ou, tout au moins, s'ils ont entendu parler de sa liberté de mœurs, ne souhaitent que la mettre dans leur lit. Or, vous affichez une distance courtoise qui la déroute. De plus, vous êtes étranger, indépendant, un passant dont la science est provisoirement louée à lord Simon, lequel vous porte estime et considération. Cela l'intrigue, parce que vous n'entrez pas dans les normes. Vous la traitez certes avec le respect dû à la fille de votre employeur, mais aussi avec une certaine désinvolture, qu'elle met au compte de votre nationalité. Tout cela, je le sais parce qu'elle m'a posé des tas de questions à votre sujet, confessa Murray.
     
    – Lady Ottilia est de ces femmes qu'il faut fuir ou dompter. Or, je ne suis ni fuyard ni dompteur. N'allez pas le lui dire, mais je considère votre cousine comme un cas, au sens psychologique du terme. Il y a en elle ce que Goethe appelle du démoniaque. Peut-être tient-elle ça de sa mère, d'après ce que j'en sais par lady Lamia ?
     
    – Du démoniaque ! s'indigna Murray.
     
    – Cela n'a rien à voir avec les diableries ordinaires et ne signifie pas qu'Ottilia soit possédée du démon, rassurez-vous. Le démoniaque serait la force innée qui émane de certains êtres dotés d'un ascendant martial ou insidieux sur les autres. Ces gens « exercent un empire incroyable sur toutes les créatures, sur les éléments eux-mêmes ; et qui peut assigner une limite à pareille influence ? Toutes les forces morales conjuguées ne peuvent rien contre eux » : voilà ce qu'écrit Goethe, le grand poète allemand, lui-même de tempérament démoniaque, cita l'ingénieur.
     
    – Je reconnais que, depuis l'enfance, Otti a le don d'attirer, irrésistiblement allié à une volonté féroce, parfois cruelle, de ne pas retenir, admit Murray.
     
    – L'ascendant démoniaque sert tantôt le bien tantôt le mal. Alors, que Dieu – … ou Satan – protège ce brave Edwin ! conclut Charles.
     
    1 Un UK gallon (Royaume-Uni et Canada) équivaut à 4,546 litres, alors qu'un US gallon (États-Unis) correspond à 3,785 litres.
     
    2 Lois bleues, édictées dans les premières colonies anglaises d'Amérique au XVII e  siècle. Elles sanctionnaient toute absence à l'office du dimanche, restreignaient les relations sexuelles et interdisaient aux époux de s'embrasser ce jour-là !
     
    3 Manifestation de Bostoniens qui, le 17 décembre 1773, jetèrent à la mer une cargaison de thé pour manifester leur refus d'acquitter les taxes imposées par le Parlement britannique.
     
    4 On sut plus tard que ce guide des convenances avait été rédigé par un journaliste, Benjamin Henry Day, fondateur du Sun , le premier journal de New York, vendu un cent.
     
    5 « Pas de chaussures marron après dix-huit heures. »
     

6.
     
    La cérémonie de remise de la bague de fiançailles – un diamant taillé en table enchâssé de saphirs – et d'engagement mutuel des fiancés, en présence d'un ministre épiscopalien convoqué à Washington Square, fut intime et brève. En revanche, le bal du soir, dans les salons de l'hôtel Astor, devint l'événement mondain de la saison d'été.
     
    Certains chroniqueurs le définirent comme « la plus somptueuse réception depuis celle offerte en 1841 au prince de Joinville ». Cette année-là, les Américains avaient accueilli avec faste François Ferdinand Philippe d'Orléans, qui avait conduit de Sainte-Hélène à Paris, en 1840, les restes de l'empereur Napoléon I er .
     
    Tout ce que la ville comptait de plus huppé se trouva réuni pendant quelques heures sous les lustres du vieil hôtel, épicentre des mondanités new-yorkaises. Parmi cette

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