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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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maintenant saisir leur cavalière par la taille.
     
    – Vous voyez qu'ils sont perfectibles, lança Otti avec un regard de biais pour Charles, avant de dire à Edwin qu'elle souhaitait se reposer un moment.
     
    – Faites donc danser quelques demoiselles esseulées pendant ce temps, ajouta-t-elle pour éloigner son fiancé.
     
    Comme Anaïs Sampson semblait ne pas vouloir se séparer de sa future bru, Ottilia lui signifia assez sèchement qu'elle avait à s'entretenir avec son père et avec Monsieur l'Ingénieur Desteyrac.
     
    Toujours prêt à adoucir les propos de sa petite-cousine, Jeffrey Cornfield confia à la mère d'Edwin, irritée, que les deux hommes devaient prendre congé de lady Ottilia, lord Simon embarquant dans quelques heures pour les Bahamas et M. Desteyrac retournant à Pittsburgh.
     
    Avant de quitter le bal en compagnie du lord, pour qui on venait de commander une voiture, Charles eut un bref aparté avec Ottilia. Elle se montra à cette occasion plus aimable que jamais, presque affectueuse.
     
    – Comptez-vous rentrer à Soledad avec votre pont avant le printemps de l'an prochain ?
     
    – J'espère être présent à votre mariage… pour vous faire danser, dit Charles, comprenant le sens caché de la question.
     
    – J'y compte bien, Charles. Mon père souhaite que la cérémonie soit célébrée à Cornfield Manor en mai. Edwin devrait revenir du Texas en avril. Il connaîtra, je pense, sa nouvelle affectation.
     
    – Et, cette fois, vous devrez suivre votre mari, n'est-ce pas ? risqua Desteyrac.
     
    Otti éluda la question dans un sourire, lord Simon donnant des signes d'impatience.
     
    – À Pittsburgh, si vous allez danser, souvenez-vous de notre valse, glissa-t-elle.
     
    – Inoubliable, murmura Charles avant de rejoindre Simon Cornfield qui piaffait à la porte du salon.
     

    Au lendemain des fiançailles, alors que Charles Desteyrac montait dans la calèche conduite par le cocher noir de Jeffrey pour se faire conduire à la gare, Murray jaillit en robe de chambre sur le perron de Cornfield House. « Sans doute tient-il à me faire ses adieux », pensa Desteyrac.
     
    Mais cette apparition matinale avait un autre motif.
     
    – Ottilia n'a eu aucune pitié pour celui qui venait à peine de se coucher ! Elle m'a chargé de vous remettre ceci moi-même, dit Malcolm.
     
    L'architecte tendit un paquet à Charles. L'ingénieur, intrigué, dénoua les rubans pour ouvrir l'emballage et découvrit un grand portefeuille de cuir brun, au grain fin, à fermoir doré, estampillé du premier maroquinier de New York. À l'intérieur du rabat, ses initiales, gravées au fer, personnalisaient l'objet. Le portefeuille contenait, outre du beau papier à écrire, une lettre à son nom.
     
    – Permettez que je lise, dit-il.
     
    – Comment donc ! Mais si je m'endors pendant votre lecture, jetez-moi sur le trottoir, fit Murray en s'affalant dans la voiture.
     
    Le billet était bref : « Acceptez ce modeste cadeau qui vous permettra de serrer vos plans et vos papiers. Les roses blanches que vous m'avez fait porter hier seront hélas bientôt fanées. J'en conserverai une en souvenir de notre première valse. Écrivez à Washington Square pour dire l'avancement de vos travaux. Votre amie, Otti. »
     
    – Quelle drôle de fille ! Si je ne la savais pas aussi fantasque, je pourrais la croire amoureuse de moi, commenta Charles en riant.
     
    – Eh, eh ! Pourquoi non, mon ami ? Otti est capable de connaître les fureurs de la passion comme les faiblesses de l'amour…
     
    – Les passions sont des maladies, si l'on en croit Jeffrey Cornfield, coupa Charles.
     
    – Il arrive même qu'on en meure, ajouta Malcolm en étouffant un bâillement qui ôtait toute gravité à son propos.
     
    – En tout cas, je suis bien aise de m'éloigner de New York et de votre chère cousine, conclut Charles tandis que Murray se laissait glisser hors de la calèche.
     
    Les deux hommes se serrèrent la main.
     
    – L'éloignement n'est pas la séparation, Charles. On vous attendra à Soledad, lança l'architecte avec un clin d'œil, avant de gravir le perron de Cornfield House.
     

    Tandis que le train roulait vers Philadelphie et Pittsburgh, sa réflexion conduisit Desteyrac à reconnaître une fois de plus que l'apparence d'une femme peut dissimuler une femme différente, comme se cache l'améthyste, antidote à l'ivresse, dans sa gangue de pierre.
     
    Mâle échauffé

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