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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le Roman de la Rose . J’aime tellement cette histoire ! C’est un véritable chef-d’oeuvre, ne trouvez-vous pas, Sir Hugh ?
    Ce dernier acquiesça.
    — Maître Benedict, de grâce... dit l’abbesse à mi-voix.
    Le chapelain se leva, sourit à Corbett et alla quérir une autre chaire qu’il plaça entre la sienne et celle de Dame Marguerite. Le clerc s’installa. On commença par échanger politesses et courtoisies d’usage. Dame Marguerite paraissait calme, mais Maître Benedict était encore pâle, les traits marqués par les atrocités dont il avait été témoin.
    — J’ai donné à Maître Benedict deux gobelets de clairet, expliqua l’abbesse en suivant le regard de Corbett. Mon frère est un véritable meurtrier, Sir Hugh. Il aurait peut-être mieux valu que notre chapelain n’aille pas là-bas. Mais bon, je vous remercie d’être venu.
    Elle laissa au magistrat le temps de déguster le gobelet de vin blanc que Maître Benedict lui avait servi. Il proposa aussi un plateau de dragées que Corbett refusa.
    — Dame Marguerite, j’ai quelques questions à vous poser. Peut-être serait-il plus pertinent que je vous interroge avant que vous me fassiez part du sujet de cette rencontre.
    — Bien sûr, répondit-elle en souriant. Non, non, Maître Benedict, restez donc. Vous êtes mon confesseur, vous n’ignorez rien de ce que je dis, de ce que je fais.
    Elle éclata d’un rire cristallin.
    — Ni même de ce que je pense ! Que voulez-vous savoir, Sir Hugh ?
    — Vous dites que votre frère est un homicide. L’était-il avant d’aller à Acre ?
    — Vous pouvez répondre à cela vous-même. Mon frère avait une redoutable réputation de soldat, au pays de Galles et ailleurs, d’homme qui se complaisait dans la fureur du combat. Guerroyer lui était aussi naturel qu’à un poisson de nager. Il n’avait pas changé à son retour ; il était simplement plus dur, plus agressif.
    — Et il a rapporté des trésors ?
    — En effet, il a ramené une quantité d’objets précieux dérobés au Temple ; c’est ce qu’il appelait le trophée de la victoire.
    — En allait-il de même de Maître Claypole ?
    — Oui, il s’est enrichi. C’est curieux que vous le mentionniez, Sir Hugh, car c’est la raison pour laquelle je vous ai prié de venir me voir.
    — Parlons d’abord de vous, Dame Marguerite. Vous êtes si différente de votre frère !
    — Dieu seul sait pourquoi ! s’exclama-t-elle en riant et en se rencognant dans sa chaire. Quand nous étions enfants, Oliver me faisait un peu peur. Il pouvait se montrer violent, cependant notre cousin, Gaston, le retenait. Nous jouions tous les trois ensemble. Le domaine était beaucoup plus petit qu’à présent, mais le lieu où se trouve le manoir actuel, l’île des Cygnes, les champs et les prairies alentour ont toujours appartenu à ma famille. Nos parents étaient distants, plutôt froids. Notre père ne cessait de vaquer aux affaires du roi. Notre mère mourut jeune et nous avons donc été livrés aux soins de serviteurs de confiance et à nous-mêmes. Mistleham, la forêt de Mordern, le village abandonné, la chapelle des damnés sont devenus de merveilleux terrains de jeux : nous y combattions des dragons, les Infidèles ou les ennemis du souverain. Toujours tous les trois, commenta-t-elle, mais la vie change ; les enfants perdent leur innocence. Oliver et Gaston ont rejoint les armées d’Édouard au pays de Galles, en Gascogne et sur la frontière écossaise. Puis ils sont rentrés. Mon père était mort et les revenus du domaine s’étaient amenuisés. Je reconnais, et Lord Oliver ferait de même, qu’il est parti en Terre sainte non seulement se battre pour la Croix, mais aussi pour regarnir sa bourse. Et quand il est revenu, moi aussi j’étais différente.
    Elle prit une profonde inspiration.
    — Pendant son absence, j’ai décidé d’entrer au couvent des bénédictines à St Frideswide. La vie a continué à changer. Oliver est devenu ce à quoi il aspirait et moi je suis ce que Dieu a voulu que je sois.
    Corbett lança un coup d’oeil au chapelain. Il se tenait tête basse, tout ouïe semblait-il. Le magistrat, l’espace d’un instant, eut l’impression d’une profonde tristesse chez l’abbesse, même si elle souriait presque en évoquant ces souvenirs.
    — Et Gaston ?
    Elle se contenta de hausser les épaules.
    — D’après ce que j’ai compris, il avait été sérieusement blessé à

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