Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
veuve, Maître Claypole puisse faire valoir en justice que non seulement il est le fils de mon frère, mais un fils légitime.
    — Comment serait-ce possible ? questionna Corbett, à présent sincèrement intrigué.
    — Les commérages, expliqua l’abbesse, soutiennent que Lord Scrope a épousé en secret Alice de Tuddenham, ce qui rend sa seconde union caduque selon la loi canon. Elle et son mari ont maintenant rendu leur âme à Dieu, quel que soit le jugement qui les attend. Donc, Sir Hugh, selon la loi ecclésiale...
    — Henry Claypole pourrait soutenir qu’il est l’héritier légitime de Lord Oliver, termina le magistrat. Et, par conséquent, revendiquer ses biens. Mais pour justifier sa réclamation, il faudra qu’il le prouve, non ?
    — Je suis allé voir le père Thomas, déclara Dame Marguerite. Nous avons tous les deux recherché les livres des origines, les registres de mariage, tous les documents que l’église pourrait avoir en sa possession. Or, en ce qui concerne l’époque où mon frère a pu épouser Alice de Tuddenham, les recueils ont mystérieusement disparu.
    Croyez-vous que Maître Claypole les a volés ?
    — Il est ambitieux et avare, Sir Hugh. Il est mêlé à moult affaires à Mistleham. Il est possible qu’il les ait dérobés, qu’il les garde en cas de malheur. D’autre part, peut-être que la disparition de ces volumes n’est qu’un fâcheux incident. Mon frêre et Alice de Tuddenham peuvent s’être unis dans une autre église, une autre paroisse, bien que j’en doute.
    — Avez-vous interrogé Lord Scrope à ce sujet ?
    — À maintes reprises au fil des ans, mais il a toujours esquivé la réponse. Il prétend n’être pas responsable de ses péchés de jeunesse.
    — Et Lady Hawisa ?
    — Je n’ai jamais abordé de front cette question avec elle. Je me sens proche d’Hawisa ; c’est une femme vertueuse. Il est probable qu’elle est au courant des médisances, mais rien de plus.
    Corbett contemplait le feu. Il avait entendu parler de situations semblables portées devant les cours de la chancellerie où un enfant illégitime avait argué qu’il était en fait né dans les liens du mariage et que, selon la loi de l’Église et de l’État, il devait hériter de son père.
    — Lord Oliver a-t-il peur de Maître Claypole ? Est-ce pour cela qu’il l’a avantagé, soutenu pour qu’il soit nommé maire ?
    — Leurs relations se sont modifiées peu à peu, admit Dame Marguerite.
    Elle s’interrompit et fit des yeux le tour de la pièce confortable comme à la recherche d’un souvenir. Le feu crépitait et pétillait. Dehors le vent avait repris et frappait les volets. Corbett entendait craquer et gémir les poutres du manoir, un endroit somptueux, mais aussi le lieu de tristes souvenirs, de rancunes et de griefs. Il avait raison d’être prudent, sur ses gardes.
    On jouait ici un jeu compliqué ; le sang coulerait à nouveau.
    — Oui, répéta Dame Marguerite en inclinant la tête, je dirais que leurs relations se sont modifiées. Claypole s’est toujours comporté en inférieur ; pourtant, parfois, il se considère comme un égal, comme s’il avait...
    — ... des droits à faire valoir sur votre frère ?
    — C’est exact, Sir Hugh.
    — Lord Scrope craint-il Maître Claypole ? répéta le clerc.
    — Mon frère est un soldat. En public, il n’a peur de personne, mais vous n’avez pas visité sa retraite, n’est-ce pas ?
    Corbett fit signe que non.
    — J’ai ouï parler du premier Sagittaire, déclara-t-il, cet archer apparu disons il y a une dizaine d’années, qui a tiré des flèches contre votre frère, bien qu’aucune ne l’ait atteint.
    Dame Marguerite sourit.
    — Certes cela a effrayé Lord Oliver, fort effrayé, mais d’autres terreurs rôdent dans son coeur de pierre, tels des loups sous le couvert des arbres. Cela faisait à peine deux ans qu’il était de retour quand il a fait ériger la retraite. Il avait toujours aimé l’île des Cygnes. Quand nous étions enfants, lui et moi nous y rendions et en avions fait ce que nous appelions notre petit royaume. C’est à présent son refuge. Alors oui, il a grand-peur, peut-être d’Henry Claypole, ou d’autres, des ombres du passé.
    Le magistrat lança un coup d’oeil à Maître Benedict, assis comme un écolier dans une salle d’étude, patient et attentif.
    — Que pensez-vous de tout cela, Messire ?
    — Je comprends les préoccupations de

Weitere Kostenlose Bücher