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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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en blâmait, au vu surtout de leur idée particulière sur les péchés de chair.
    — Y avait-il du vrai dans ces accusations ?
    — Bien sûr ! Ces Frères étaient ce qu’ils prétendaient être, des tenants de l’amour libre, des mendiants professionnels vivant d’expédients et de la charité d’autrui.
    Le roi frotta l’une contre l’autre ses mains glacées.
    — Vous voyez, Corbett, Scrope a agi sine auctoritate – de son propre chef. Je tiens à lui faire savoir que cela ne doit jamais se reproduire, et, de par mon autorité, nous devons faire enterrer ces cadavres, en secret, mais décemment.
    — Et les autres ? s’enquit le clerc. Quelques notables ?
    — Henry Claypole, le bailli. Un homme impétueux. On dit que c’est le fils illégitime de Scrope, un bâtard, le fruit d’une liaison avec une certaine Maîtresse Alice de Tuddenham. Claypole est convaincu qu’il est l’héritier légitime de Scrope, dont il était l’écuyer en Terre sainte. Bouillant, fougueux, Claypole connaît les arcanes de la politique, bien que j’estime qu’il aboie plus qu’il ne mord. Le curé est le père Thomas. C’était notre chapelain au pays de Galles. Je lui ai accordé maints bénéfices, mais il a rencontré la vraie foi et déclaré qu’il désirait se mettre au service des pauvres de Dieu. Il a renoncé à tous ses bénéfices, à toutes ses sinécures. Sa famille est originaire de Mistleham aussi l’ai-je affecté à l’église de l’endroit, du moins, expliqua le roi avec un grand sourire, Scrope et moi avons-nous persuadé l’évêque de le faire. Puis il y a Lady Hawisa. Je pense qu’elle n’éprouve guère d’amour pour son mari, mais elle est plutôt loyale, enjouée, intelligente et alliciante, bien qu’elle ne mâche pas ses mots. Et enfin il y a Marguerite, la soeur de Scrope.
    Édouard s’étira et sourit.
    — Marguerite Scrope, répéta-t-il. Il y a environ quatorze ans, Corbett – mais peut-être ne vous souvenez-vous pas d’elle –, c’était l’une des plus belles femmes de la Cour. Une beauté singulière, différente du genre de femme qui, assise à la fenêtre de son solar {4} , fait les yeux doux au premier chevalier qui vient à passer. Non, Marguerite aimait la vie, la danse, la chasse à courre et au faucon. Je lui disais souvent, pour plaisanter, qu’elle aurait dû être un homme. Elle me remerciait avec courtoisie puis m’informait sans détour qu’elle était heureuse d’être ce qu’elle était. Lorsque son frère finit par revenir de Terre sainte, Marguerite changea ; il lui était arrivé quelque chose et elle devint renfermée et songeuse. Elle prit le voile dans l’ordre de Saint-Benoît où ses qualités furent vite remarquées et, avec l’appui discret de ses amis personnels et de ceux de la Cour, elle fut nommée abbesse de St Frideswide, dont le domaine s’étend juste à côté de Mistleham. Pourtant, je ne crois pas qu’elle ait réellement changé. J’ai reçu il y a peu une lettre portant sa signature et celle du père Thomas, qui s’élevait contre l’élimination des Frères du Libre Esprit voulue par Scrope et qui me demandait d’user de mon autorité pour leur assurer un enterrement convenable. Mais nous n’avons que faire d’eux, Corbett ! L’Essex est vital. C’est un comté au carrefour de toutes les grandes routes qui desservent Londres et les ports de l’Est. Je veux que la paix y règne. Je veux que l’affaire soit réglée. Je me rendrai bientôt à Colchester. Je veux que Scrope me rende des comptes avant que le Sagittaire – ou l’Archer – s’en charge pour moi.
    — Le Sagittaire ?
    — L’Archer, précisa le roi. Un tueur mystérieux qui a soudain surgi à Mistleham juste après le Jour de l’an, comme si ce bourg n’avait pas assez de difficultés. Un archer, fort adroit, armé d’un long arc, comme ceux que nous avons rapportés du pays de Galles. Il n’annonce son arrivée que par une sonnerie de trompe de chasse. D’aucuns prétendent que c’est Satan, un fantôme ou l’un des Frères du Libre Esprit revenu les hanter. Quand le cor retentit, dans Mistleham ou sur les routes alentour, quelqu’un périt immanquablement d’une flèche bien placée dans la gorge, le visage ou la poitrine. Jusqu’à présent, cinq ou six villageois sont morts ainsi. La plupart étaient jeunes et ont été abattus comme des cerfs en fuite.
    — A-t-on tenté de le capturer ?
    — Bien sûr.
    Édouard

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