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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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surveillance des côtes et des convois, aux corvettes et aux sloops les liaisons rapides.  
    C’est ainsi que, durant les mois qui suivirent, la Bayonnaise sillonna la Caraïbe, touchant tous les territoires sous domination française. Malgré les temps troublés, il y avait toujours des filles et du tafia. Jantet se révélait aussi fieffé trousseur de jupons qu’Hazembat, mais il était peu regardant sur l’âge et la beauté des filles qu’il culbutait, alors qu’Hazembat faisait son choix. Sa carrure lui valait peu de rivaux et il semblait toujours attirer les femmes les plus désirables. De nouveau, on lui donna son surnom de Chaud-du-rein.  
    Il n’en était pas plus fier. Tout cela commençait à le lasser. La blessure de la mort de Belle le faisait encore souffrir, mais, de plus en plus souvent, il s’y mêlait la nostalgie de Langon. Il avait quitté Pouriquète pour aller faire la guerre aux Anglais. Maintenant, il n’y avait plus de guerre. C’est à peine si l’on pouvait donner ce nom à la tuerie entre Blancs et nègres à laquelle la Bayonnaise avait pris part quelque temps, mais dont ses nouvelles missions la tenaient à l’écart.  
    Il essaya d’en parler avec Hugues et Jantet, mais ni l’un ni l’autre ne semblaient comprendre son désarroi. Il eut l’impression que le second s’en réjouissait secrètement.  
    Le 25 Prairial de l’An   XI ou le 16 juin 1803, comme on recommençait à dire, alors que la Bayonnaise arrivait en vue de Sainte-Lucie, de lourds grondements arrivèrent à la crête des vagues et les vigies signalèrent des voiles au large de l’île.  
    Aussitôt, Leblond-Plassan fit mettre toute la toile. A mesure qu’on s’approchait, il devint évident qu’un combat naval était en train de se dérouler. La canonnade cessa alors que la Bayonnaise était encore à quatre milles. Pigache, qui était monté dans la hune avec un télescope, redescendit.  
    — Deux frégates anglaises, commandant, dit-il. Elles s’enfuient par l’ouest.  
    Personne ne fit de commentaires, mais tout le monde sut ce que cela voulait dire. Une heure plus tard, Leblond-Plassan hélait une frégate et un sloop français dont la mâture et les coques portaient les traces du combat. Il se rendit à bord de la frégate. De la chaloupe, Hazembat causa avec les marins encore sous le choc de l’affrontement.  
    — Ils voulaient mettre la main sur l’île par surprise, putain, lui dit l’un d’entre eux, mais nous étions avertis depuis avant-hier que les Goddem avaient recommencé la castagne. Alors, c’est eux qui ont eu la surprise.  
    Les hostilités reprirent mollement. A la fin d’août – à la mi-Vendémiaire –, la Bayonnaise fit partie d’une petite force que Latouche-Tréville avait envoyée de la Martinique pour débarquer sur l’île d’Antigua. Elle se heurta à une flottille anglaise qui faisait route pour attaquer Basse-Terre. La rencontre eut lieu au large de la côte occidentale de la Guadeloupe, en vue du bourg de Deshaies. Elle fut brève mais acharnée. La Bayonnaise dut tenir tête à un gros sloop qu’elle réussit à désemparer. Finalement, Anglais et Français se retirèrent, renonçant à leurs projets.  
    A bord de la Bayonnaise, le combat fit une dizaine de morts dont le maître d’équipage et le malheureux Sébastien Hugues qu’une balle de mousquet, entrée par un sabord, vint cueillir alors qu’il pansait un blessé. Leblond-Plassan désigna immédiatement Hazembat comme faisant fonctions de maître d’équipage à titre provisoire. Hazembat était populaire et ni la maistrance ni l’équipage ne parurent choqués par cette promotion. Jantet vint lui serrer la main.  
    — Je te confie la corvette. Souviens-toi que j’étais parmi les charpentiers qui l’ont construite, autrefois, à Bacalan.  
    Latouche-Tréville était rappelé dans les eaux françaises où semblait devoir se trouver désormais le principal théâtre des opérations navales. Il décida d’envoyer la Bayonnaise en avant pour annoncer son retour. Le 19 octobre – 26 Vendémiaire –, avant l’appareillage de Saint-Domingue, une cérémonie eut lieu au cours de laquelle Rochambeau remit à Leblond-Plassan un sabre d’honneur.  
    Un ouragan monté des basses latitudes obligea le navire à faire un détour par le nord. A la hauteur du 35 e parallèle, il n’en fallut pas moins lutter contre des vents de cinquante nœuds avec des creux de trente pieds.

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