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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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demanda le Corse, des collines un peu blanches en arrière de la côte ?  
    Hazembat ferma les yeux pour mieux se souvenir.  
    — Oui… comme des petites montagnes de craie.  
    — C’est le Puget. Nous sommes en face de Marseille, un peu à l’est.  
    Soudain, l’idée de l’évasion parut moins absurde.  
    — Je suis sûr que les Anglais vont à terre, dit Hazembat. C’est là qu’ils se procurent le ravitaillement et l’eau.  
    —  E possibile. Il y a beaucoup de petites criques. On appelle ça des calanques. Ça fait de bonnes cachettes.  
    Quelques jours plus tard, la Minerva appareilla, emmenant ses marines. Il ne resta plus pour surveiller les prisonniers que la compagnie du Charon. Il est vrai que le capitaine Bentley, devenu commandant de la place, affirmait son autorité re trouvée par une vigilance tatillonne et des brimades comme, par exemple, de faire fouiller les prisonniers chaque soir à leur retour du travail.  
    — Il ne faut pas m’en vouloir, dit Smithy à Hazembat un jour qu’il lui faisait subir l’inspection en conscience. Le vieux Bentley n’a pas digéré l’affront que lui a fait le capitaine Holloway en le détournant de sa route. Tu te rends compte : Holloway est presque deux fois plus jeune que lui et il est déjà post-captain. C’est un des commandants de bord les plus populaires de la flotte.  
    — Comment as-tu dit qu’il s’appelait ?  
    — Holloway. Les marins l’ont surnommé Hell-away. Comme lorsqu’il avait entendu la voix sur le pont, l’autre jour, Hazembat eut l’impression que le nom était familier, mais il n’y songea pas davantage, préoccupé qu’il était par des plans d’évasion qui commençaient à prendre forme.  
    De la place qu’ils occupaient dans la coque du Charon, Hazembat, Quilliou et Orsini pouvaient atteindre un sabord dont le mantelet était condamné par un verrou cadenassé.  
    La nuit, juché sur les épaules d’Hazembat ou de Quilliou, Orsini travaillait à creuser le bois autour du verrou au moyen d’un couteau de taille impressionnante qu’il avait toujours réussi à dissimuler malgré les fouilles. Hazembat lui-même ne savait pas où il le cachait. Il apparaissait soudain dans la main d’Orsini comme un éclair d’argent et disparaissait avec la même rapidité.  
    Le vieux chêne était dur comme du fer. Il fallut plusieurs nuits pour ébranler le verrou. Les débris de bois étaient bourrés dans l’interstice des planches entre le vaigrage et la galerie.  
    Une nuit vint enfin où Orsini put pousser prudemment le mantelet qui s’entrouvrit d’un quart de pouce.  
    — Je ne peux pas aller plus loin, dit-il. C’est trop lourd.  
    Hazembat, sur les épaules de Quilliou, prit le relais et parvint à soulever le mantelet de quatre pouces.  
    — Ça suffit, dit-il. On peut voir.  
    La lune était au dernier quartier et l’on devinait la rive nord de l’anse à une demi-encablure. Le sloop et le lougre n’étaient pas visibles, mais il y avait deux embarcations de bonne taille accostées à un rocher qui faisait promontoire au-dessus de l’eau. Elles avaient la coupe de barques de pêche. Sur la rive, on devinait des hommes qui hissaient des fardeaux vers les baraquements à la lueur de lanternes.  
    Hazembat redescendit.  
    — Quelle heure est-il ?  
    — Je viens d’entendre piquer le quart de minuit, répondit Quilliou.  
    — Deux heures pour venir, deux heures pour décharger, deux heures pour rentrer : ils ont largement de temps de faire ça pendant la nuit.  
    Plusieurs nuits de suite, ils observèrent le manège. Les barques, tantôt deux, tantôt une seule, arrivaient entre onze heures et minuit. Elles repartaient au plus tard à deux heures du matin. Pendant le débarquement, des matelots prêtaient main-forte, mais il ne semblait pas qu’il y eût une vigilance particulière des marines. Seuls, deux hommes restaient à bord des barques. Avec l’effet de surprise, il devrait être facile de les neutraliser.  
    Il fallait d’abord sortir du Charon sans attirer l’attention. Le sabord était à huit pieds au-dessus de la flottaison et l’on pouvait se laisser glisser sans bruit le long du bordage. Le problème était de franchir les quelque trois cents pieds qui séparaient le Charon des barques. Quilliou ne savait pas nager et Hazembat était tout juste bon à tenir sa tête au-dessus de l’eau en brasses maladroites de nageur de rivière.  
    Le

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