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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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bien-être de la truie autant que celui de tout habitant de Fraser’s Ridge, il ajouta sur un ton rassurant :
    — Elle n’est pas profonde et est en train de cicatriser.
    — Ah ? Tant mieux.
    Dans le cas contraire, je n’aurais pas pu faire grand-chose. Il m’était déjà arrivé de soigner des chevaux, des vaches, des chèvres, des hermines, même une poule refusant de pondre, mais je ne me serais approchée de cette truie pour rien au monde.
    A l’évocation de ce monstre, Amy Higgins se signa.
    — C’était probablement un ours, déclara-t-elle. Aucune autre créature n’oserait s’en prendre à elle. Aidan, écoute bien ce que dit M. Ian ! Ne t’éloigne pas de la cabane et ne quitte pas ton petit frère des yeux quand vous êtes dehors.
    Aidan répondit d’un air absent :
    — Les ours dorment en hiver, maman.
    Son attention était entièrement concentrée sur la toupie en bois que lui avait confectionnée Bobby, son nouveau beau-père. Il ne parvenait pas à la faire tourner correctement. Il la fixa d’un regard torve, la posa délicatement sur la table, saisit une extrémité de la ficelle, retint son souffle puis tira d’un coup sec. La toupie fusa à travers la table, percuta la cruche à miel avec un « crac » puis ricocha en direction du pot de lait.
    Ian la rattrapa au vol in extremis. Sans cesser de mastiquer son morceau de toast, il fit signe à Aidan de lui donner la ficelle, l’enroula autour de la tige et, d’un mouvement expert du poignet, envoya la toupie virevolter au milieu de la table. Aidan l’observa bouche bée avant de plonger pour la récupérer avant qu’elle ne tombe.
    Ian parvint non sans mal à avaler sa bouchée puis reprit :
    — Ce n’était pas un animal. L’entaille était nette. Quelqu’un l’a attaquée avec un couteau ou une épée.
    Jamie releva les yeux du toast calciné qu’il examinait.
    — Tu as retrouvé le cadavre de l’agresseur ?
    Ian sourit.
    — Non, si elle l’a tué, elle l’a dévoré. Je n’ai trouvé aucun reste.
    — Les porcs mangent comme des cochons, c’est bien connu, observa Jamie.
    Il goûta du bout des lèvres un coin de toast, fit la grimace, le mangea quand même.
    — Vous pensez que c’est un Indien ? demanda Bobby.
    Le petit Orrie gesticulait pour descendre de ses genoux. Bobby le déposa à son endroit favori sous la table.
    Jamie et Ian échangèrent un regard qui déclencha en moi une petite alarme.
    — Non, répondit Ian. Les Cherokees qui vivent dans la région la connaissent et aucun ne s’aventurerait dans ses parages. Ils croient que c’est un démon.
    — Et les Indiens nomades descendant du Nord chassent avec des flèches et des tomahawks, acheva Jamie.
    Amy paraissait sceptique.
    — Vous êtes sûrs que ce n’était pas une panthère ? Elles chassent en hiver.
    — C’est vrai, répondit Jamie. Hier, j’ai vu des empreintes près de Green Spring.
    Il se pencha et lança sous la table à l’attention des deux garçons qui s’y trouvaient :
    — Vous m’avez entendu ? Faites très attention !
    Se redressant, il poursuivit :
    — Non. Je crois qu’on peut faire confiance à Ian pour distinguer des coups de griffes d’une entaille laissée par une lame.
    Il sourit à son neveu qui, par respect, se retint de lever les yeux au ciel. Il se contenta de hocher la tête en fixant d’un air dubitatif la panière remplie de toasts brûlés.
    Personne ne suggéra qu’un des habitants de Fraser’s Ridge ou de Brownsville ait pu pourchasser la truie. Les presbytériens du coin ne partageaient aucune des convictions des Cherokees sauf une : la nature démoniaque de la truie.
    Personnellement, je n’étais pas loin de leur donner raison. La créature avait survécu à l’incendie de la Grande Maison sans une égratignure, émergeant de sa tanière sous les fondations à travers une avalanche de décombres suivie de sa dernière portée de porcelets.

    Je méditais sur cette vision tandis que j’attendais le retour de Ian. Prise d’une soudaine inspiration, je m’exclamai :
    — Moby Dick !
    Rollo se redressa avec un aboiement surpris, me lança un regard jaune puis reposa la tête entre ses pattes avec un soupir.
    Jamie s’étira en grognant, se frotta le visage et me regarda en clignant des yeux.
    — Dick qui ?
    — Non, je viens juste de comprendre à qui cette truie blanche me faisait penser. C’est une longue histoire qui parle d’une baleine. Je te la raconterai demain.
    — Si je survis

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