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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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plume dans le pot en porcelaine bleu et blanc sur son bureau et avait ouvert son encrier en cristal. Puis il avait relevé les yeux vers William et l’avait dévisagé gravement.
    « Tu es sûr ? »
    William avait acquiescé et lord John avait signé.
    « Je suis fier de toi, William. Je le serai toujours. »
    William soupira. Il ne doutait pas que son père l’aimerait toujours, mais quant à le rendre fier… Cette dernière mésaventure n’était pas de celles dont on tirait gloire. Il pourrait s’estimer heureux s’il parvenait à retrouver son campement avant que quelqu’un ne note son absence et sonne l’alarme. Seigneur, quelle ignominie… ! Son premier acte remarquable serait de s’être égaré et d’avoir été détroussé !
    D’un autre côté, cela valait mieux que de se faire remarquer en étant tué par des brigands.
    Il continua d’avancer prudemment dans la forêt drapée de brouillard. La pluie avait laissé par endroits de grandes flaques, transformant le terrain en bourbier. Lorsqu’il entendit la détonation éraillée d’un mousquet, il pressa le pas dans la direction du tir mais le son s’estompa avant qu’il ait pu le localiser.
    Il poursuivit sa route en maugréant, se demandant combien de temps prendrait la traversée de toute cette satanée île et s’il n’était pas sur le point de l’avoir déjà fait. Le terrain était devenu subitement pentu. Il grimpait, le visage ruisselant de transpiration. Le brouillard serait peut-être moins dense en hauteur ? Effectivement, il déboucha sur un promontoire rocheux et, regardant à ses pieds, ne vit qu’un amas vaporeux gris et tourbillonnant. Pris de vertige il dut s’asseoir quelques instants, les yeux fermés, avant de reprendre sa marche.
    A deux reprises, il entendit des hommes et des chevaux mais quelque chose clochait : les voix n’avaient pas le rythme militaire et il s’éloigna discrètement dans la direction opposée.
    La végétation changea abruptement, devenant une sorte de maquis, des arbres nains émergeant d’un sol jaunâtre qui crissait sous sa semelle. Puis il y eut un bruit d’eau… le clapotis des vagues sur une plage. La mer ! Alléluia ! Il hâta le pas.
    Toutefois, à mesure qu’il approchait du rivage, d’autres bruits lui parvinrent.
    Des bateaux. Le raclement de coques traînées sur des galets. Des rames s’entrechoquant, des éclaboussures. Puis des voix. Etouffées mais animées. Et merde ! Il plongea derrière le tronc d’un pin noueux.
    Un mouvement brusque près de lui le fit aussitôt bondir de l’autre côté et porter la main à sa ceinture. A peine s’il eut le temps de se souvenir qu’il n’avait plus son pistolet avant de se rendre compte que son adversaire était un grand héron bleu. Ce dernier le toisa de son œil jaune puis s’élança dans les airs en poussant des cris outrés. Une exclamation s’éleva dans les buissons à quelques pas de lui, suivie de près par la détonation d’un mousquet. Le héron explosa dans une pluie de plumes juste au-dessus de sa tête. Il sentit des gouttes de sang chaud s’écraser sur son visage et se laissa tomber sur les fesses, des points noirs dansant devant ses yeux.
    Il n’osait pas bouger, encore moins appeler. Il entendait des murmures non loin, pas assez forts cependant pour distinguer les paroles. Au bout de quelques instants, il perçut un bruissement furtif qui s’éloignait. Aussi discrètement que possible, il se mit à quatre pattes et rampa dans la direction inverse jusqu’à ce qu’il s’estime hors de danger.
    Il entendait toujours des voix. Il s’approcha à pas de loup, le cœur battant, sentit une odeur de tabac et s’immobilisa.
    Rien ne bougeait alentour mais les voix étaient toujours là, à bonne distance. Il huma l’air mais l’odeur avait disparu. Peut-être le fruit de son imagination. Il s’approcha encore.
    Il les entendait clairement à présent. Des gens s’interpellaient à voix basse, des tolets grinçaient, des pieds pataugeaient dans l’eau. Les chuchotements et les chuintements se mêlaient au murmure des vagues et des herbes. Il lança un regard vers le ciel toujours désespérément caché par le brouillard. Il devait se trouver sur le côté ouest de l’île. Il en était sûr. Enfin… presque. Et, dans ce cas…
    Les bruits qu’il entendait devaient être ceux des rebelles américains, s’enfuyant de l’île pour rejoindre Manhattan.
    — Ne. Bouge. Pas !
    Le chuchotis

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