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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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raconté tout ce que je savais sur la genèse de la révolution mais sans pouvoir entrer dans le détail, car je ne suis pas spécialiste en la matière. Cela dit, je lui ai expliqué l’importance du rôle de la France pour les Américains. Je me disais simplement…
    Il hésita quelques instants, mal à l’aise.
    — Il est clair qu’il ne retourne pas en Ecosse pour fuir les combats.
    — Tu crois qu’il compte tisser des liens politiques ? Et pas simplement récupérer sa presse, déposer Ian à Lallybroch et repartir dare-dare ?
    Brianna trouvait l’idée légèrement réconfortante. Savoir ses parents nouant des intrigues à Edimbourg et Paris était moins angoissant que de les imaginer au milieu des explosions et des champs de bataille. En outre, ils seraient ensemble. Où son père allait, sa mère suivait.
    Roger haussa les épaules.
    — Et cette allusion au fait d’être tel que Dieu l’a fait, tu sais ce qu’il a voulu dire par là ?
    — Que c’est une tête brûlée ?
    Elle s’approcha de Roger et posa une main sur son épaule comme si elle craignait qu’il ne disparaisse soudain.
    — Il m’a dit lui-même qu’il était un homme de guerre ; qu’il avait rarement choisi de se battre mais savait être né pour ça.
    — Oui, dit doucement Roger. Mais il n’est plus ce jeune laird qui, brandissant son épée, a conduit trente de ses métayers à une bataille perdue d’avance et les a pourtant ramenés entiers au pays. Il en sait beaucoup plus aujourd’huisur ce qu’un homme peut faire. Et je crois bien qu’il a l’intention de le faire.
    — Moi aussi.
    Elle avait la gorge nouée, mais autant par la fierté que par l’inquiétude.
    Roger prit sa main et la serra.
    — Je me souviens de ce que racontait ta mère au sujet de son retour à notre époque, quand elle a repris ses études de médecine. Ton père… enfin Frank, lui a dit que d’avoir une vocation était une bénédiction pour elle, même si c’était une vraie plaie pour son entourage. Il avait raison. Jamie en est conscient lui aussi.
    Brianna acquiesça. Elle savait qu’elle ne devait pas le lui demander mais ne pouvait ravaler sa question plus longtemps.
    — Et toi, tu sais quelle est ta vocation ?
    Il resta silencieux un long moment, les yeux rivés sur les pages devant lui, puis il secoua la tête ; un mouvement si discret qu’elle le sentit plutôt qu’elle ne le vit.
    — Je l’ai su, dit-il simplement avant de lâcher sa main.

    Sa première impulsion fut de lui asséner un coup de poing sur le crâne ; la seconde, de l’agripper par les épaules, d’approcher son visage à quelques centimètres du sien et de le regarder dans le blanc des yeux en demandant, calmement mais distinctement : « Qu’est-ce que tu veux dire exactement par là ? »
    Elle ne fit ni l’un ni l’autre car ces deux réactions risquaient fort de dégénérer en une longue discussion pas faite pour des oreilles d’enfants ; or ils étaient tous les deux à quelques pas de la porte du bureau. Elle les entendait papoter dans le couloir.
    — T’as vu ça ? demanda Jemmy.
    — Voui.
    — Des gens méchants sont venus ici, il y a très longtemps pour chercher grand-père. Des méchants Anglais . C’est eux qui ont fait ça.
    Roger tourna la tête vers la porte, croisant le regard de Brianna. Il lui adressa un demi-sourire.
    — Méchants zangais ! répéta docilement Mandy. Méchants !
    Malgré son agacement, Brianna ne put s’empêcher d’être amusée. Elle revoyait encore son oncle Ian, un homme si calme, si doux, lui montrant les traces de coups de sabre dans les lambris en bois du couloir. Il lui avait expliqué :
    « Nous les gardons tels quels pour les montrer aux enfants et leur dire : Voici ce que sont les Anglais. »
    Il avait dit ces derniers mots d’une voix métallique et elle entendait à présent son écho enfantin dans celle de Jemmy. Pour la première fois, elle se demanda si préserver cette tradition familiale était raisonnable.
    Quand les voix des enfants s’éloignèrent vers la cuisine, elle demanda à Roger :
    — C’est toi qui lui en as parlé ? Parce que moi je ne lui ai rien dit.
    — Annie lui a raconté une partie de l’histoire. J’ai jugé préférable de lui expliquer le reste. Aurais-je dû lui dire de t’en parler à toi ?
    — Oh ! Non, non. Mais… on ne devrait sans doute pas lui apprendre à haïr les Anglais, tu ne crois pas ?
    Cela fit sourire Roger.
    — « Haïr » est un bien grand

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