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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Bug, Petit Ian et lui avaient commencé à extirper l’or de sa cachette sous les fondations de la maison, une opération délicate à laquelle j’avais participé en plaçant dehors une grande bassine de pain rassis trempé dans de l’alcool de maïs et en hurlant à pleins poumons : « La truuuiiiiiiiiie ! » depuis l’autre bout du sentier menant au potager.
    Après un long silence, la truie émergea de sa tanière, tache claire se détachant contre les pierres noires des décombres. J’avais beau savoir ce que c’était, la vue de cette masse blanche se déplaçant rapidement me flanqua une peur bleue. Il s’était remis à neiger, une des raisons qui avaient convaincu Jamie d’agir au plus tôt. Elle surgit d’un tourbillon de gros flocons blancs avec une vélocité qui la faisait paraître tel l’esprit de la tempête en personne, conduisant le vent.
    L’espace d’un instant, je crus qu’elle allait fondre sur moi ; elle tourna la tête dans ma direction et grogna en percevant mon odeur ; fort heureusement, les effluves de nourriture étaient plus alléchants et elle changea de cap. Quelques instants plus tard, les bruits peu ragoûtants d’un porc proche de l’extase s’élevèrent dans la nuit, et Jamie et Ian sortirent du couvert des arbres pour se mettre au travail.
    Il leur fallut plus de deux semaines pour déplacer tout l’or ; ils ne travaillaient que de nuit et uniquement s’il neigeait ou s’apprêtait à neiger afin de masquer leurs traces. Le reste du temps, ils se relayaient pour garder les ruines de la Grande Maison, à l’affût du moindre signe d’Arch Bug.
    Un petit matin, alors qu’il se frottait les mains pour les réchauffer suffisamment de façon à pouvoir tenir sa cuillère, je demandai à Jamie :
    — Tu crois vraiment qu’Arch se soucie encore de l’or ?
    Il était rentré prendre son petit déjeuner, glacé et épuisé après une longue nuit passée à marcher autour des décombresafin de ne pas être engourdi par le froid. Il me répondit à voix basse pour ne pas réveiller les Higgins :
    — Il n’a plus grand-chose d’autre à quoi penser, n’est-ce pas ? A part Ian.
    Je frissonnai, autant à la pensée du vieil Arch hantant la forêt tel un spectre, survivant grâce à la chaleur de sa haine, qu’en raison du froid entré dans la cabane en même temps que Jamie. Comme tous les hommes vivant dans les montagnes en hiver, il avait laissé pousser sa barbe pour se tenir chaud. Des cristaux de glace scintillaient dans ses moustaches et ses sourcils.
    Je lui tendis un bol de porridge qu’il huma profondément, inhalant la vapeur, les yeux fermés et l’air béat.
    — Veux-tu me passer la bouteille de whisky, s’il te plaît ? demanda-t-il.
    — Quoi, tu vas en mettre dans ton porridge ? Il est déjà beurré et salé.
    Je la descendis néanmoins de son étagère et la lui tendis.
    — Non, c’est pour me dégeler le gosier avant de manger. Je ne suis qu’un bloc de glace du cou jusqu’aux orteils.
    Depuis son apparition lors du double enterrement, plus personne n’avait vu Arch Bug, ni même aperçu une de ses traces dans la neige. Peut-être s’était-il calfeutré dans une tanière pour l’hiver ; à moins qu’il ne se soit réfugié dans un des villages indiens. Ce n’était guère charitable de ma part mais j’espérais plutôt qu’il était mort.
    Je m’en ouvris à Jamie. La glace dans ses cheveux avait fondu et la lueur du feu faisait chatoyer les gouttelettes d’eau dans sa barbe comme autant de diamants. Il ne partageait pas mon avis.
    — S’il est mort sans qu’on le sache jamais, Ian ne connaîtra plus un instant de paix. Tu l’imagines le jour de son mariage, lançant des regards par-dessus son épaule en craignant qu’une balle transperce le cœur de sa femme alors qu’elle prononce ses vœux ? Ou avec des enfants, n’osant pas sortir de chez lui ni les quitter des yeux, par peur de ce que le vieux pourrait leur faire ?
    — Je suis impressionnée par l’étendue et la morbidité de ton imagination mais tu as raison. Soit, je ne souhaite pas sa mort, sauf si on retrouve son cadavre.
    Mais nul ne trouva son corps et l’or fut déplacé, lingot par lingot, dans sa nouvelle cachette.
    Le choix de cette dernière avait nécessité une longue réflexion et un nombre considérable de discussions en privé entre Jamie et Ian. Pas la grotte à whisky. Peu de gens connaissaient son existence mais certains, si. Joseph Wemyss, sa

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