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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mémorisé depuis longtemps sa formule, l’avoir sous la main me le rendait vivant. Je n’avais jamais rencontré Daniel Rawlings mais il était devenu mon ami depuis le jour où Jamie m’avait apporté son coffre et son cahier de remèdes. Je repliai soigneusement les pages et les rangeai dans ma poche.
    La plupart de mes herbes et de mes drogues médicinales avaient été dévorées par les flammes en même temps que mes jarres en terre cuite, mes flacons en verre, les grands pots dans lesquels je préparais mes bouillons de culture pour la pénicilline et mes scies chirurgicales. Il me restait un scalpel et la lame noircie d’une petite scie à amputation. Le manche avait brûlé mais Jamie pourrait m’en confectionner un autre.
    Les habitants de Fraser’s Ridge avaient été généreux – aussi généreux que pouvaient l’être à la fin de l’hiver des gens qui, eux-mêmes, ne possédaient pratiquement rien. Nous avions des provisions pour le voyage et bon nombre de femmes m’avaient apporté un peu de leurs simples : j’avais de petits bocaux de lavande, de romarin, de camphre et de graines de moutarde ; deux précieuses aiguilles en acier ; un écheveau de soie pour les sutures et le fil dentaire (je taisais ce dernier usage car elles auraient pu en être offensées) et une très maigre réserve de bandages et de gaze.
    Ce que j’avais en abondance, en revanche, c’était de l’alcool. Le séchoir à maïs avait été épargné par l’incendie, ainsi que l’alambic. Comme il y avait largement assez de céréales pour les animaux et nous, Jamie avait transformé l’excédent en une mixture puissante que nous emporterions afin de l’échanger ici et là contre des denrées utiles. Un tonnelet avait été mis de côté à des fins médicinales. Afin de décourager les voleurs éventuels, j’avais soigneusement peint dessus « sauerkraut ».
    Cela avait amusé Jamie qui m’avait demandé :
    — Et si nous tombons sur des bandits analphabètes ?
    — J’y ai pensé.
    Je lui montrai une petite fiole remplie d’un liquide trouble.
    — « Eau de choucroute ». J’en aspergerai mon fût dès que s’approchera quelqu’un de louche.
    — Il ne reste plus qu’à espérer que nous ne croiserons pas de voleurs teutons !
    — Tu as déjà rencontré un brigand allemand ?
    A l’exception du soûlard ou du mari violent occasionnel, pratiquement tous les Allemands de notre connaissance étaient honnêtes, travailleurs et vertueux à l’excès. Ce qui n’était pas si surprenant, dans la mesure où la plupart étaient venus dans la colonie pour des raisons religieuses.
    — Non, admit-il, mais as-tu oublié les Mueller ? Et ce qu’ils ont fait à tes amis ? Eux-mêmes ne se qualifieraient pas de « brigands » mais les Tuscarora ont sans doute une autre opinion sur la question.
    Il avait raison. Je sentis des doigts froids me caresser la nuque. La fille des Mueller, des voisins allemands, avait été emportée par la rougeole ainsi que son nouveau-né et sa famille avait accusé les Indiens du coin d’être responsables de l’infection. Fou de chagrin, le vieil Herr Mueller avait monté une expédition punitive avec ses fils et ses gendres et était parti à la chasse… aux scalps. Mes viscères se souvenaient encore du choc éprouvé lorsque j’avais ouvert le ballot sur mes genoux et découvert la chevelure striée de blanc de mon amie Nayawenne.
    — Tu trouves que j’ai blanchi ? demandai-je soudain.
    Il haussa un sourcil surpris puis se pencha vers moi et examina le sommet de mon crâne en écartant doucement mes mèches.
    — Il y a peut-être un cheveu sur cinquante qui est devenu blanc. Un sur vingt-cinq est argenté. Pourquoi ?
    — Je suppose qu’il me reste un peu de temps alors. Nayawenne…
    Je n’avais pas prononcé son nom à voix haute depuis plusieurs années et j’en ressentis un étrange réconfort, comme si l’évoquer l’avait fait se dresser devant moi.
    — … Elle m’a dit que je serais au sommet de mes pouvoirs quand mes cheveux seraient blancs.
    — Que Dieu nous protège ! dit-il avec un sourire.
    — Je ne te le fais pas dire. Néanmoins, dans la mesure où ce n’est pas encore le cas, si nous tombons en chemin sur une bande de voleurs de choucroute, je devrai défendre mon tonnelet à coups de scalpel.
    Il m’adressa un regard étrange, puis se mit à rire.
    Ses préparatifs étaient un peu plus complexes. La nuit qui avait suivi les funérailles de Mme

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