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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mot. Il a dit les « méchants Anglais ». Or, il y a effectivement eu des « méchants » parmi eux dans le passé. En outre, s’il grandit dans les Highlands, il en entendra d’autres et des bien pires sur les Sassenachs . Grâce à ses souvenirs de ta mère, il saura faire la part des choses. Ton père l’appelle toujours « S assenach », après tout.
    Il baissa les yeux vers la lettre sur la table puis lança un regard vers la pendule et se leva brusquement.
    — Mince, je suis en retard. Je ferai un saut à la banque pendant que je suis en ville. Tu as besoin de quelque chose chez Farm and Household ?
    — Oui, répondit-elle d’un ton pince-sans-rire. Une nouvelle pompe pour le séparateur de lait.
    — D’accord.
    Il déposa un baiser sur son front et sortit tout en enfilant sa veste.
    Elle voulut le rappeler pour lui dire qu’elle plaisantait, se ravisa. Après tout, il était possible que Farm and Household ait une pompe pour séparateur de lait. Cet immense magasinà l’entrée d’Inverness était un étourdissant capharnaüm où l’on trouvait tout ce dont on pouvait avoir besoin dans une ferme : fourches, seaux d’incendie en caoutchouc, fil de fer de cerclage, machines à laver, vaisselle, bocaux pour les conserves et de nombreux outils étranges dont elle ne pouvait que deviner l’usage.
    Elle passa la tête dans le couloir mais les enfants étaient dans la cuisine avec Annie MacDonald, la jeune aide ménagère. De l’autre côté de la porte tapissée de feutre, elle entendit des rires et le « clong ! » du grille-pain archaïque (ils en avaient hérité avec la maison), sentit l’odeur alléchante du pain chaud beurré. Le bruit et les effluves évocateurs de chaleur douillette et domestique l’attirèrent comme un aimant.
    Avant de les rejoindre, elle replia la lettre, les lèvres pincées au souvenir de la dernière remarque de Roger.
    Marmonnant entre ses dents, elle rangea la lettre dans le coffret et sortit dans le couloir. En chemin, elle aperçut une grande enveloppe sur la console près de la porte d’entrée, parmi le fouillis que Roger et Jemmy vidaient de leurs poches chaque jour. Elle la dégagea de sous une pile de prospectus, de galets, de bouts de crayons, de maillons de chaîne de vélo et… était-ce une souris morte ? En effet. Elle était aplatie et desséchée mais ornée d’une fine queue rose formant une boucle raide. Elle la saisit délicatement du bout des doigts et, l’enveloppe coincée sous le bras, se dirigea vers son thé et son pain beurré.
    En toute sincérité, Roger n’était pas le seul à avoir ses petits secrets. La différence, c’était qu’elle comptait bien lui divulguer le sien une fois l’affaire réglée.

8
    Le dégel de printemps
    Fraser’s Ridge, colonie de Caroline du Nord, mars 1777
    L’un des avantages d’un incendie dévastateur, c’est qu’il est plus facile ensuite de faire ses bagages. Il ne me restait plus qu’une robe, une chemise, trois jupons – un en laine et deux en mousseline –, deux paires de bas (j’en portais une au moment des faits et l’autre avait été oubliée à sécher sur un buisson quelques jours avant l’incendie et retrouvée plus tard, abîmée mais encore mettable), un châle et une paire de chaussures. Jamie m’avait dégotté une cape immonde (j’ignorais où et je préférais ne pas le savoir). Confectionnée dans une épaisse laine lépreuse, elle sentait le cadavre. Je l’avais fait bouillir avec de la lessive mais le spectre de son ancien propriétaire refusait de partir.
    En tout cas, je ne gèlerais pas.
    Mon nécessaire médical était presque aussi sommaire. Avec un soupir de regret en songeant à mon beau coffre d’apothicaire, avec ses instruments élégants et ses nombreux flacons, je triai les quelques vestiges récupérés dans les ruines de mon infirmerie. Le corps cabossé de mon microscope ; trois flacons en céramique, dont un ayant perdu son couvercle et un autre ébréché ; une grande boîte en étain contenant de la graisse d’oie mélangée à du camphre, à présent à moitié vide après un hiver de catarrhes et de toux ; une poignée de pages noircies arrachées au cahier commencé par Daniel Rawlings et poursuivi par moi-même (quoique retrouver parmi cesquelques pages la recette spéciale du docteur Rawlings pour déboucher les intestins me mit du baume au cœur).
    C’était la seule de ses recettes que j’avais trouvée efficace et, même si j’avais

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