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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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et extirpai le pied, sentant la vie de l’enfant remuer dans sa chair même si le bébé lui-même ne bougeait pas. Il subissait, impuissant, le processus de sa naissance.
    L’autre. Il me fallait l’autre pied. Cherchant désespérément le long de la paroi du ventre entre chaque contraction, je glissai mon autre main le long de la petite jambe et trouvai la courbe minuscule d’une fesse. Je changeai rapidement de main et, les yeux fermés, distinguai l’arrondi d’une cuisse tendue. Bon sang de bonsoir ! Il avait le genou coincé sous le menton… Je sentis la raideur molle des petits os cartilagineux, solides sous la pression du liquide, l’étirement d’un muscle… parvins à mettre un doigt, puis deux autour d’une cheville et grognai :
    — Tenez-la bien !
    Lizzie cambra les reins, poussant ses fesses vers moi, et je sortis le second pied.
    Je retombai sur mon postérieur, pantelante même si l’effort n’avait pas été physique. Les petits pieds de grenouille s’agitèrent une fois puis les jambes commencèrent à apparaître avec la poussée suivante. Je posai une main sur la cuisse de Lizzie.
    — Encore, ma chérie !
    Nous entendîmes un grondement semblant surgir des entrailles de la terre, un râle comme ne peut en pousser qu’une femme qui se fiche de vivre, de mourir ou d’être fendue en deux. Puis la partie inférieure du bébé glissa lentement, le cordon ombilical palpitant tel un gros ver violacé enroulé sur son ventre. Je ne pouvais le quitter des yeux. Je me répétais : « Dieu merci ! Dieu merci ! » Tante Monika se pencha par-dessus mon épaule.
    — Ist das bourses ? demanda-t-elle, perplexe, en pointant un doigt vers le sexe de l’enfant.
    Préoccupée par le cordon, je n’avais pas encore eu le temps de regarder. Je me mis à sourire.
    — Non, ist eine Mädchen.
    La vulve du bébé était œdémateuse. Elle ressemblait effectivement à l’équipement d’un petit garçon, le clitoris saillant des lèvres vaginales enflées.
    — Quoi ? Qu’est-ce que c’est ?
    L’un des Beardsley étirait le cou pour regarder.
    Radieuse, tante Monika lui répondit :
    — Fous afez une betite fille.
    — Une fille ! s’écria l’autre Beardsley. Lizzie, on a une fille !
    — Tu vas la fermer ? grogna Lizzie. NNNNNNNGGGGG !
    Rodney se réveilla et se redressa subitement, la bouche et les yeux grands ouverts. Tante Monika se précipita et le cueillit dans son lit avant qu’il n’ait eu le temps de brailler.
    La sœur de Rodney progressait lentement vers le jour, comme à contrecœur, centimètre par centimètre, poussée par chaque contraction. Je comptais mentalement : Un hippopotame, deux hippopotames… Entre l’apparition du cordon ombilical et la délivrance en bonne et due forme de la bouche et du nez, il ne devait pas s’écouler plus de quatre minutes, autrement le manque d’oxygène pouvait endommager le cerveau. Toutefois, je ne pouvais pas risquer d’abîmer le cou et la tête en tirant.
    — Pousse, ma chérie… Plus fort. Maintenant !
    Tenant fermement ses cuisses, je m’efforçais de garder une voix calme.
    Trente-quatre hippopotames, trente-cinq…
    D’ici à ce que le menton soit coincé sous l’os pelvien… Après la contraction suivante, je glissai rapidement mes mains le long du visage de l’enfant et plaçai deux doigts au-dessus de la mâchoire supérieure. Je sentis la prochaine contraction venir et serrai les dents, ma main écrasée entre les os du pelvis et le crâne du bébé. Je tins bon, craignant de rater ma traction.
    Soixante-deux hippopotames…
    Une pause. Je tirai doucement, très doucement, attirant la tête en avant, faisant passer le menton sous le bord du pelvis…
    Quatre-vingt-neuf hippopotames, quatre-vingt-dix hippopotames…
    L’enfant pendait hors de Lizzie, bleu et luisant à la lueur des flammes, oscillant dans l’ombre de ses cuisses tel le battant d’une cloche ou un corps au bout d’une corde… Je chassai aussitôt cette image.
    Tante Monika, serrant Rodney contre son sein, se pencha vers moi et murmura :
    — On ne defrait pas… ?
    Cent hippopotames…
    — Non. Ne la touchez pas. Pas encore.
    La gravité aidait lentement la naissance. En tirant, nous pouvions provoquer des lésions du cou, et si la tête restait coincée…
    Cent dix… ça en fait beaucoup, pensai-je soudain en imaginant des troupeaux d’hippopotames dévalant cette sombre vallée et se vautrant glorieusement dans la gadoue…
    Une main en

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