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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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expression similaire à celle de Monika. Sans les quitter des yeux, celui qui tenait Rodney pencha la tête et déposa un baiser sur le crâne rond de l’enfant.
    Tant d’amour dans si peu d’espace… Je me détournai, les yeux humides. Que cette petite famille peu conventionnelle repose sur une union tricéphale avait-il de l’importance ? Cela en aurait pour Hiram Crombie, le chef des presbytériens rigoristes venus de Thurso. S’il l’apprenait, il aurait tôt fait de condamner Lizzie et ses deux maris à la lapidation, avec les fruits de leurs péchés.
    Tant que Jamie se trouvait à Fraser’s Ridge, cela n’arriverait pas mais, une fois qu’il serait parti ? Tout en nettoyant méticuleusement mes ongles, je priais que Ian ait vu juste quant aux capacités de discrétion – et de dissimulation – des frères Beardsley.
    Absorbée par mes pensées, je n’avais pas entendu tante Monika s’approcher discrètement. Elle posa une main noueuse sur mon bras et dit à voix basse :
    — Danke .
    Je posai ma main sur la sienne et la pressai doucement.
    — Gern geschehen . Votre aide m’a été très précieuse. Merci.
    Elle sourit mais son front était soucieux.
    — Pas tant que cha mais ch’ais peur, ja ?
    Elle jeta un coup d’œil vers le lit et poursuivit :
    — Que fa-t-il se passer, la prochaine fois, quand fou ne serez plus hier ? Ils n’arrêtent jamais, fou safez ?
    Elle dessina un cercle avec le pouce et l’index puis y inséra plusieurs fois le majeur de l’autre main dans un geste sans aucune ambiguïté.
    Je parvins à cacher mon fou rire dans une quinte de toux qui, heureusement, ne fut pas remarquée par les principaux intéressés, même si M. Wemyss nous adressa un regard vaguement surpris par-dessus son épaule. Quand je me fus ressaisie, je glissai à Monika :
    — Vous serez là pour l’aider.
    Elle parut horrifiée.
    — Moi ? Nein . Das reicht nicht . Moi…
    Constatant que je n’avais pas compris, elle tapota son torse maigre.
    — Je… Je ne suis pas assez.
    Je pris une grande inspiration, sachant qu’elle avait raison. Et pourtant…
    — Il faudra que vous le soyez, lui dis-je doucement.
    Elle cligna ses grands yeux marron et sages puis acquiesça lentement.
    — Mein Gott, hilf mir , soupira-t-elle.

    Jamie n’avait pas pu fermer l’œil. Ces derniers temps, il dormait mal, restant souvent éveillé jusque tard dans la nuit, ressassant les mêmes idées en contemplant les braises mourantes dans l’âtre ou en cherchant l’inspiration dans les poutres sombres du plafond. S’il s’endormait rapidement, c’était pour se réveiller en sursaut un peu plus tard, en sueur. Il savait pourquoi et comment y remédier.
    La plupart de ses méthodes soporifiques reposaient sur Claire : lui parler, lui faire l’amour ou parfois simplement la regarder dormir, puisant un réconfort dans la courbe ferme de sa clavicule ou dans la forme émouvante de ses paupièrescloses, laissant le sommeil l’envahir peu à peu dans la chaleur paisible de son épouse.
    Mais, cette nuit, Claire n’était pas là.
    Après avoir récité son rosaire pendant une demi-heure, il se dit qu’il en avait fait plus qu’assez pour le salut de Lizzie et de son futur enfant. Le rosaire comme pénitence ? Oui, il en comprenait l’intérêt, surtout quand on le récitait à genoux. Ou pour apaiser son esprit, fortifier son âme, méditer sur des sujets sacrés… Mais le rosaire en tant que supplique ? Non. S’il était Dieu, ou même la Vierge Marie pourtant connue pour sa patience, il trouverait fastidieux d’écouter indéfiniment quelqu’un débiter les mêmes paroles implorantes. Or, barber celui ou celle dont vous vouliez l’aide n’était pas la meilleure manière de s’y prendre.
    Les prières gaéliques lui paraissaient beaucoup plus appropriées. Elles concernaient toujours un sujet précis et étaient plus agréables à entendre car plus variées et rythmées. Du moins, tel était son humble avis.
    Moire gheal is Bhride ;
    Mar a rug Anna Moire,
    Mar a rug Moire Criosda,
    Mar a rug Eile Eoin Baistidh
    Gun mhar-bhith dha dhi,
    Cuidich i na ’h asaid,
    Cuidich i a Bhride !
    Mar a gheineadh Criosd am Moire
    Comhliont air gach laimh,
    Cobhair i a mise, mhoime,
    An gein a thoir bho ’n chnaimh ;
    ’S mar a chomhn thu Oigh an t-solais,
    Gun or, gun odh, gun ni,
    Comhn i ’s mor a th’ othrais,
    Comhn i a Bhride !
    murmurait-il tout en marchant.
    Marie pure et épouse ;
    Comme Anne eut

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