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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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plusieurs jours durant, Sir William Paulet, le chancelier de l’Échiquier, Sir Richard Sackville, le sous-chancelier, et une horde de domestiques s’étaient affairés dans la tour de la Garde-robe où était abrité l’essentiel du Trésor. Il fallait recouvrir les étagères de velours noir, polir les objets précieux à l’aide de chiffons doux, les mettre en valeur sur des présentoirs et dérouler des tapis bleus afin qu’Élisabeth pût en faire l’examen.
    Cela signifiait en outre qu’à l’intérieur de l’enceinte, l’escorte informelle serait constituée par le Lord lieutenant de la Tour, le portier, trois hallebardiers, Sir William Paulet et Sir Richard Sackville, plus deux gentilshommes de leurs maisons respectives et deux hérauts. Quelques pages se tiendraient aux ordres de ces dignes visiteurs. Tout avait été répété avec minutie une demi-douzaine de fois le matin précédent.
    Une répétition s’imposait, car l’occasion était rare. Ayant été emprisonnée à la Tour, Élisabeth détestait ce lieu et ne s’y rendait guère en dépit de sa splendeur. Le nom de « Tours », au pluriel, lui eût mieux convenu, car l’endroit en comptait un certain nombre. Il y avait la tour Blanche – le donjon central ; d’autres jalonnaient les murailles et le corps de garde ; et la tour de la Garde-robe se détachait, solitaire, à l’angle sud-est du donjon. Après une courte pause pour déguster du vin chez le Lord lieutenant, puis un petit détour pour inspecter les joyaux de la Couronne, les emblèmes du pouvoir et la vaisselle personnelle de la reine, en or et en argent, on se concentra sur l’affaire sérieuse du jour, qui commença par les réserves de lingots, au sous-sol de la Garde-robe.
    — Prenez garde, madame : l’escalier est raide, recommanda Paulet.
    Lui-même, vieux et perclus de rhumatismes, ne descendit pas avec nous. Sackville, bien que d’âge mûr, était plus leste et nous servit de guide. Des flambeaux dans des appliques éclairaient notre progression. Dudley, juste derrière la reine, lui soutenait le coude. Sidney allait d’un pas agile, mais l’ambassadeur de France faillit trébucher et jura tout bas, tandis que de Quadra, tiré à quatre épingles, murmurait à son collègue que les marches étaient usées au milieu. Nos ombres déformées glissaient sur les murs de pierre et, bien que l’escalier fût sec, on sentait l’odeur du fleuve. Il faisait froid.
    Pas plus qu’Élisabeth je n’aimais cet endroit. Il me rappelait trop ma précédente visite, pour voir un condamné 2 . Mon travail pouvait envoyer des hommes à la mort, et parfois des visages accusateurs hantaient mes rêves. À certains égards, moi aussi, j’avais besoin de m’endurcir.
    Nous nous regroupâmes dans une salle voûtée, éclairée par des torches, où des barres de métaux précieux étaient empilées comme des bûches le long d’un mur. Élisabeth, d’un ton fort désinvolte, demanda à Sackville à combien l’on estimait leur valeur totale, puis traduisit la réponse en espagnol et en français aux ambassadeurs, apparemment par politesse, mais, en réalité, pour s’assurer qu’ils comprenaient bien.
    Devant cet exemple de suave manœuvre politique, je songeai une fois de plus que j’étais lasse de ces intrigues et je me réjouis de partir bientôt pour la France, libre de ne plus fourrer mon nez dans les affaires d’autrui. Ces temps derniers, je semblais avoir perdu toute aptitude à enquêter. J’aurais de bon cœur quitté la cour pour toujours, n’était que j’avais besoin d’argent pour ma petite chérie. Et si ce désenchantement n’était pas ma seule raison de m’en aller, eh bien, l’autre était stupide et je ne voulais pas me l’avouer.
    Nous remontâmes vers la lumière du jour, gravîmes encore quelques degrés, plus faciles cette fois, et pénétrâmes enfin dans une salle où des flots de soleil faisaient étinceler les trésors déployés avec tant de soin. Voilà qui était mieux ! Nous avançâmes le long du tapis azur, nous extasiant devant les plats magnifiques, les cuillers ciselées, les salières et les chandeliers, les cassettes rehaussées de gemmes et les figurines, les armes et les armures de cérémonie…
    Élisabeth avait fait signe aux ambassadeurs de venir à ses côtés et, sans que Paulet et Sackville ne soufflent mot, elle narrait l’histoire de tel ou tel objet, soulignant leur valeur extraordinaire.
    — En cas

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