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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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dois apprendre comment on fait le vin.
    — Cela me plairait beaucoup.
    Des sujets bien prosaïques, car Matthew, qui nourrissait le rêve chimérique de ramener les Anglais égarés à la vraie foi, avait les pieds sur terre en ce qui concernait les questions domestiques. Ici, dans sa demeure, je découvrais ce nouvel aspect de son caractère.
    Je le connaissais depuis des années. Nous avions été amants, et ennemis. Il m’était apparu sous les traits du meneur d’hommes, du conspirateur, du fugitif. Mais jamais auparavant je ne l’avais observé dans le cadre qui lui convenait le mieux, sauf, peut-être, à Withysham – la propriété qu’il avait brièvement possédée en Angleterre. Même alors, ce n’avait été qu’un pâle aperçu, car son cœur n’était pas là-bas, mais ici, en France.
    Ici, il était lui-même : un Français fortuné vivant sur ses terres. Se préoccupant de ses vignes, du sort de sa femme de charge loyale, mais acariâtre. Telle était l’existence que, désormais, je partagerais. J’organiserais les repas, donnerais des réceptions, j’apprendrais à connaître ses proches et je cultiverais le jardin d’aromates. J’élèverais les enfants. Nous formerions une famille heureuse, tout comme Henri et Marguerite à Douceaix. Nous avions séjourné chez eux, en venant à Blanchepierre. Matthew tenait absolument à ce que nous leur rendions la pareille.
    — Demain, nous sommes dimanche, me dit-il. Voudras-tu assister à la première messe du matin ? Cela serait bien vu par les gens de la maison. Mais ne présume pas trop de tes forces. Le bien-être de mon enfant passe avant tout !
    — Le voyage n’a pas été désagréable, répondis-je. J’ai ressenti une légère fatigue après, mais sans plus. Tu as pris grand soin de moi ! Une litière tout le long du chemin, et à peine quelques lieues par jour… Je ne me suis presque pas rendu compte que nous avancions.
    — J’en suis heureux. J’avais très envie de rentrer, mais je me demandais si c’était bien sage. Tu n’en es qu’au sixième mois.
    — Je n’en ai jamais souffert, répondis-je en souriant.
    — Cuiller à sel, es-tu sûre que tout va bien ? Tu te montres très polie envers moi. Cela ne te ressemble pas.
    — Je m’habitue à mon nouveau foyer. Je dois tâcher de m’y enraciner. Mais tout est tellement nouveau ! Même toi, tu sembles… différent, ici. Cela passera.
    Au-dessous de nous, le large fleuve coulait vers l’ouest, vers la mer lointaine. Si on le suivait jusqu’à cette mer, puis si l’on mettait le cap sur le nord-est, on rejoindrait la Manche, et ensuite, Southampton. L’Angleterre.
    Quelque part là-bas, Hélène menait sa vie – heureuse ou malheureuse – avec mon cousin Edward Faldene. Quelque part là-bas, Sweetapple dévorait comme un ogre, Ryder et les Dodd (rentrés chez eux sains et saufs) servaient dans la maison de Cecil. Quelque part là-bas, Élisabeth se promenait dans un jardin, dansait ou présidait le Conseil, ourdissant des plans machiavéliques afin de protéger son royaume.
    Et à Thamesbank, un peu au nord de Kingston sur la Tamise, Meg étudiait et jouait en compagnie des petits Henderson, choyée par sa nourrice Bridget, et se demandait pourquoi sa mère qui s’en était allée en France n’était jamais revenue une seule fois la voir, en deux ans.
    Malgré ma colère envers Cecil et Élisabeth, je devais reconnaître qu’ils traitaient bien Meg. Sir Henry Sidney leur avait transmis mon message et Brockley, qui l’avait accompagné, m’avait rapporté une réponse satisfaisante. On me regretterait beaucoup à la cour, mais on reconnaissait que ma place se trouvait auprès de mon époux. On prierait pour ma sécurité dans une France dévastée par la guerre. Les Henderson continueraient avec plaisir à élever ma fille et m’informeraient de ses progrès.
    La reine et Cecil avaient dû comprendre que je les avais percés à jour. Luke Blanchard l’aurait dit au secrétaire d’État en lui relatant notre voyage. Mais ils n’y firent pas allusion, pas plus que mon message ne l’avait mentionné. Je poussai un léger soupir, que Matthew entendit.
    — Tu penses à ta fille ?
    Parfois, il lisait dans mes pensées.
    — Oui. Je me demande comment elle se porte. J’ai ses lettres, bien entendu.
    Meg m’écrivait elle-même, quelquefois ; compte rendu appliqué de ses études et expression formelle de son affection. Si, dans son

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