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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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des chefs de bataille de l’ealdorman Odda, un
guerrier du Defnascir qui avait combattu à nos côtés à Cynuit.
    — Edor me l’a conté, dit Wulfhere, mais seulement parce
qu’il me fait confiance. Par Dieu, cesse de gigoter ! cria-t-il à Æthelwold,
qui tripotait la tapisserie de l’autel, cherchant sans doute quelque objet
précieux.
    Alfred, plutôt que de faire exécuter son neveu, semblait
chercher à le faire périr d’ennui. Æthelwold n’avait pas le droit de se battre,
de peur qu’il se taille une réputation. Il avait été contraint d’apprendre son
alphabet, ce qu’il détestait ; il tuait donc le temps en chassant, en s’enivrant
et en troussant les filles, dépité de n’être point roi.
    — Edor te l’a dit parce qu’il a confiance en toi ?
m’étranglai-je. Veux-tu dire que ce qui s’est passé à Cynuit est un secret ?
Mille hommes m’ont vu occire Ubba !
    — Odda le Jeune s’en est attribué le mérite, dit
Wulfhere, et son père est grièvement blessé. S’il meurt, Odda le Jeune sera l’un
des plus riches du Wessex, il conduira plus de troupes et paiera plus de
prêtres que tu ne peux l’espérer. Aussi nul ne veut l’offenser, comprends-tu ?
Tous feront semblant de le croire pour qu’il reste généreux. Et le roi le croit
déjà : pourquoi ne le ferait-il pas quand il a vu arriver ici Odda avec la
bannière et la hache de guerre d’Ubba Lothbrokson, les jeter à ses pieds, s’agenouiller
en remerciant Dieu, et en promettant de bâtir une chapelle et un monastère à
Cynuit ? Alors que toi, qu’as-tu fait ? Tu as interrompu une messe en
arrivant à cheval et en agitant ton épée. Voilà qui n’est point sage devant
Alfred.
    Je souris : Wulfhere avait raison. Alfred était d’une
piété peu commune et la plus sûre façon de lui plaire était de feindre la même
ferveur, de l’imiter et d’attribuer toute bonne fortune à Dieu.
    — Odda est un crétin, grogna Wulfhere, ce qui m’étonna.
Mais c’est le crétin d’Alfred, désormais, et tu n’y pourras rien changer.
    — Mais j’ai occis…
    — Je le sais ! me coupa-t-il. Et Alfred se doute
probablement que tu dis vrai. Peu lui chaut que ni lui ni toi n’ayez rien fait.
Ubba est mort, voilà ce qui lui importe. Odda a annoncé cette bonne nouvelle et
c’est lui qui a la faveur du roi. Quant à toi, si tu veux finir pendu à une
branche, querelle-toi avec Odda. M’entends-tu ?
    — Oui.
    — Leofric m’avait bien dit que tu comprendrais si je te
l’enfonçais bien dans le crâne, soupira-t-il.
    — Je veux parler à Leofric.
    — Tu ne le peux, répliqua Wulfhere. Il a été renvoyé à
Hamtun, car telle est sa place. Mais tu n’iras point. La flotte sera confiée à
un autre. Tu dois faire pénitence.
    Je crus avoir mal entendu.
    — Je dois faire quoi ?
    — Ramper. (Æthelwold me sourit. Nous n’étions pas
vraiment amis, mais nous avions assez souvent trinqué ensemble et il semblait m’apprécier.)
Tu devras te vêtir comme une fille, continua-t-il, t’agenouiller et être
humilié.
    — Que je sois damné…
    — Tu le seras de toute façon, gronda Wulfhere. (Il se
saisit du ballot de linge et le jeta à mes pieds. C’était une robe de pénitent.
Je n’y touchai pas.) Par Dieu, mon garçon, entends raison ! Tu as ici une
épouse et des terres, n’est-ce pas ? Que se passera-t-il si tu n’obéis
point au roi ? Tu veux donc être banni ? Que ta femme soit enfermée
au couvent ? Que l’Église prenne ta terre ?
    — Je n’ai fait qu’occire Ubba et dire la vérité.
    — Tu es de Northumbrie, soupira Wulfhere, et j’ignore
comment on procède là-bas, mais nous sommes dans le Wessex, chez Alfred. Tu as
tous les droits ici, sauf de pisser sur son Église et c’est ce que tu viens de
faire. Tu as pissé dessus, mon garçon, et maintenant l’Église va te pisser
dessus. (Il fronça les sourcils et fixa la pluie qui tombait dehors. Il resta
longtemps silencieux, puis il se tourna et me dévisagea curieusement.) Penses-tu
donc que tout cela est si important ?
    Je fus si surpris qu’il me pose cette question que je ne
trouvai rien à répondre.
    — Tu crois que la mort d’Ubba change quelque chose ?
demanda-t-il. Et que même si Guthrum fait la paix, nous aurons gagné ? Combien
de temps Alfred sera-t-il roi ? grimaça-t-il. Combien de temps faudra-t-il
pour que les Danes gouvernent le pays ?
    Je ne trouvais toujours rien à répondre. Je vis

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