Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le règne des lions

Le règne des lions

Titel: Le règne des lions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
seule attention. Elle tenait un enfançon dans les bras. Le leur. Dernier. Jean. Ce Jean qu’elle avait refusé seulement de voir à sa naissance. Henri acheva de congédier ses hommes qui, comme lui, n’aspiraient qu’à un bain, puis, d’un pas autoritaire, gravit les marches à notre rencontre. Je me fendis d’une révérence. Aliénor d’un sourire.
    — Je crois, mon époux, que nous avons vous et moi beaucoup à nous conter, dit-elle simplement, d’un timbre plus apaisé qu’elle ne l’était.
    — Ce sera avec joie, sitôt que cette pestilence m’aura quitté.
    Aliénor s’écarta pour le laisser passer.
     
    Il n’était pas plutôt dans le baquet à savourer la bienfaisance d’une eau tiède et savonneuse qu’elle s’invita dans la pièce. Henri la regarda congédier le valet puis désigner la brosse douce qui attendait dans le seau.
    — Me permettez-vous ? demanda-t-elle.
    — Vous allez mouiller vos manches.
    — Qu’à cela ne tienne…
    Elle dégrafa son bliaud, le fit glisser à terre, puis, habillée de son seul vêtement de dessous, passa derrière lui. Henri, plus troublé à la vérité qu’il ne s’y attendait, s’agenouilla pour qu’elle puisse lui frotter le dos. Elle s’y employa avec délicatesse et fermeté à la fois, jouant sur les pleins et déliés de sa musculeuse corpulence. Il ferma les yeux, oscillant sous les mouvements de la brosse, tantôt plongée dans l’eau tantôt rapprochée de ses épaules, rappelé à quelques souvenirs torrides des premiers mois de leurs épousailles. Il lâcha un soupir de contentement.
    — Il y a bien longtemps, ma mie.
    — Quinze années.
    — Si je n’étais convaincu de votre inimitié, je m’accorderais à croire à de vraies retrouvailles.
    Elle eut ce petit rire de gorge qui avait su, souvent, l’enflammer.
    — Les sentiments vont et viennent, Henri. J’ai appris beaucoup au contact de votre amante.
    — Vraiment ?
    Elle insista sur le bas des reins en mouvements latéraux, à peine marqués, pour que la soie agace les chairs au lieu de les zébrer. Il se cabra autant sous les aiguilles de désir qu’il y revint. Elle soupira.
    — Je vous en veux. Je vous en veux de l’aimer, c’est un fait. Mais je comprends. Elle est aimable en tous points. Ambitieuse certes, mais sensuelle. Chamelle même.
    Il se durcit, rattrapé par ses doutes, et tout autant excité. Il déglutit.
    — Est-ce à dire que vous… ?
    Elle marqua une pause. Henri lui était devenu si prévisible ! Elle s’en convainquit de victoire.
    — Auriez-vous préféré que je prenne un amant ?
    Il pivota de quart, les yeux enflammés. Se heurta à deux prunelles de défi. Il hésita. Empêtré dans des impressions contradictoires comme en cette posture inconfortable. Elle tempéra, moqueuse :
    — Paix mon mari. Paix. J’ai pris soin d’elle comme vous de mes gens. N’était-ce point ce que vous vouliez ? Que je vous remplace sur le trône d’Angleterre ?
    — Je n’apprécie pas vos sous-entendus…
    Aliénor contourna le baquet, l’obligeant à suivre le mouvement. Elle s’employa à brosser cette poitrine emballée sans pour autant détourner son regard du sien.
    — Douteriez-vous d’elle ? de ses sentiments ?… ou de l’irremplaçable de vos caresses ?
    Il s’empara de son poignet, le lui retourna presque. Elle n’eut pas un gémissement. Le toisa avec la même morgue.
    — Assez, Aliénor.
    Elle lâcha la brosse dans le bain, éclaboussant son chainse de mousse et d’eau souillée.
    — Dois-je vous rappeler qui a commencé ?
    — Assez !
    A son étonnement, elle enjamba le rebord et s’accroupit face à lui, dans un débordement qui inonda le parquet. Il n’avait pas relâché sa tenaille. Elle se mordit la lèvre inférieure. Plongea sa main gauche entre ses cuisses. Il se durcit. Sous ses doigts. Sous son emprise. Elle sourit, l’œil de braise, la voix veloutée.
    — Assez ?
    Il ne répondit pas. Prisonnier de ses sens, comme toujours. Le souffle rendu court par ses va-et-vient sur son vit embrasé. Elle se colla à lui, se frotta quelques secondes, le temps qu’il la libère enfin. Alors seulement, anticipant d’autres entraves, elle se redressa, pour, d’un pas en arrière, sortir du bain.
    — Je pourrais jouir de vous avec la même intensité qu’hier, tant vous regarder, vous toucher m’émeut encore. Tant votre seul contact m’embrase. Mais je m’y refuse, Henri. Je viens en amie,

Weitere Kostenlose Bücher