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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tressailli.
    – Est-ce lui ? murmura-t-il. Je ne connais au monde qu’un nez capable d’un tel coup de trompette. C’est le sien ! Mais ce ne peut être lui, puisqu’il est en prison et que demain matin il serait pendu si je n’avais obtenu…
    – Avançons, de par tous les démons d’enfer ! gronda Loraydan.
    Don Juan allait obéir à cette injonction, mais un troisième éternuement, dont le fracas éveilla les échos endormis de la rue, le cloua sur place. Et il se mit à crier :
    – Jacquemin ! Damné Corentin ! Que fais-tu, à pareille heure, dans les rues ? Réponds, suppôt de polygamie, enragé paillard ! Et pourquoi de la fanfare de ton nez, troubles-tu le sommeil des dignes bourgeois de Paris qui peuvent croire que c’est la trompette du Jugement dernier ?
    – Enfer ! grogna Loraydan. Êtes-vous fou, Juan Tenorio !
    Mais Juan Tenorio ne répondit pas. Il écoutait de toutes ses oreilles, attendant une réponse à l’apostrophe qu’au jugé il venait de lancer vers un recoin ténébreux de la rue.
    Il entendit comme un coup sourd suivi d’un gémissement, suivi lui-même d’un nouvel éternuement qui lui sembla, cette fois, plus faiblement modulé, avec des sonorités plaintives.
    Et la rue retomba à un froid silence.
    – Il est impossible que ce soit lui, dit don Juan perplexe, car il est enfermé au fond d’un cachot ; et il est également impossible que ce ne soit pas lui, car il n’y a pas au monde deux nez de Corentin ! Voilà qui me paraît bien surprenant.
    – En route ! fit Loraydan exaspéré. C’est l’heure de Léonor !
    – Oui ! gronda don Juan qui tressaillit. En route !
    L’instant d’après, le comte de Loraydan et Juan Tenorio tournaient le coin de la rue, entraient dans le chemin de la Corderie, et bientôt ils arrivaient devant la grille de l’hôtel d’Arronces.
    Don Juan sentait son cœur battre à grands coups sous sa cuirasse.
    C’était l’heure du guet-apens… l’heure de l’enlèvement…
    C’était l’heure de Léonor !

VI
 
LE SECRET DE PONTHUS ÉTAIT BIEN GARDÉ
    Clother de Ponthus étant, comme on a vu, sorti de la Maison-Blanche, qui servait de logis à dona Silvia d’Oritza, gagna en quelques pas rapides l’entrée du parc de l’hôtel d’Arronces.
    Il était dix heures du matin.
    Clother de Ponthus fut introduit par l’homme qui lui avait apporté le message, c’est-à-dire Jacques Aubriot, intendant de l’hôtel d’Arronces, dont il venait de lire l’assez prétentieuse relation.
    « Que faire ? Que dire ? songea-t-il tout agité. Que suis-je venu faire ici ? Dans un instant, le commandeur Ulloa va entrer dans cette salle. Que lui dirai-je ? Ne me prendra-t-il pas pour un fou, si je lui montre le singulier message qu’on m’a remis et surtout si je lui rapporte mon entretien avec l’épouse de Juan Tenorio ? Que dire au commandeur Ulloa ? Que suis-je venu faire ici ? »
    Soudain il tressaillit.
    Sa figure s’éclaira comme d’un coup de lumière inattendue.
    Il fit quelques pas avec agitation dans la salle.
    « Comment ai-je pu oublier cela ? s’écria-t-il en lui-même. Eh quoi ! Mon cœur et mon esprit sont-ils donc troublés au point que j’oublie qu’en venant à l’hôtel d’Arronces j’obéis à l’ordre de mon père ? Ces lâches rêveries auxquelles je m’abandonne depuis que je l’ai vue ont-elles donc eu assez de puissance sur moi pour réduire à néant le devoir le plus impérieux de ma vie ? Je suis ici à l’hôtel d’Arronces ! J’y suis pour exposer au commandeur Ulloa le droit et l’obligation que j’ai de fouiller la chapelle de l’hôtel ! C’est dans la chapelle de l’hôtel d’Arronces que je dois trouver le portrait, le nom, l’histoire de ma mère…
    Et tout bas, si bas qu’à peine il osa s’entendre lui-même, il murmura :
    – Le message ! Le mystérieux message ! Le message qui ne contient que ce mot, cet ordre : Venez !… Le message ne m’était pas envoyé par Léonor d’Ulloa ! Non, non ! ni par Christa, sœur de Léonor, ainsi que l’a dit l’épouse de don Juan ! Non, non !… Le message m’est venu de Philippe de Ponthus !… C’est Philippe de Ponthus qui, d’un mot rude, m’arrache à ma lâcheté, me rappelle mon devoir, me donne l’ordre !
    Il se redressa, assura son épée comme pour quelque combat.
    – Eh bien ! dit-il, puisque j’ai l’ordre d’aller à la chapelle de l’hôtel d’Arronces…
    Il

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