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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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non un autre, ce lieu même où mon père m’a ordonné de venir chercher le secret de ma vie ? Seigneur Ulloa, vous pesez de tout votre poids sur la cassette de fer, où gît le portrait de ma mère, maintenant enfermé en une double tombe. Que faire ? Qu’entreprendre ? Puis-je demander à votre fille de troubler votre sommeil, de vous écarter, ne fût-ce qu’une heure, de vous éloigner de la dalle que je devais soulever ? Le puis-je ?… »
    Il frissonna à cette pensée.
    Non ! il ne pouvait pas prier Léonor d’Ulloa de commettre un sacrilège.
    Car c’était un sacrilège que de déplacer un tombeau.
    Si Clother de Ponthus eût connu les projets de Léonor et les dispositions qu’elle avait prises, peut-être ce scrupule se fût-il très atténué.
    Le fait est que Léonor d’Ulloa, dans une pensée de pitié filiale indestructible chez elle, avait résolu que le cercueil du commandeur irait prendre sa vraie place à Séville, dans la chapelle des Franciscains où dormait toute la lignée des Ulloa. Cette fille intrépide avait arrêté dans son esprit que le jour où elle quitterait Paris pour regagner l’Espagne, le corps de son père entreprendrait le même voyage.
    En prévision de cet événement elle avait fait édifier un sarcophage dont l’un des côtés pouvait facilement se rabattre ; le monument était creux ; l’intérieur du sarcophage formait un alvéole, ou, si l’on veut, une vaste niche capable de contenir à l’aise un cercueil de la plus grande dimension. C’est donc dans cette sorte de case que le cercueil du commandeur avait été placé. Il reposait sur les dalles mêmes de la chapelle… sur la dalle que Clother eût dû lever ! Il était dès lors facile de retirer ce cercueil, et, pénétrant dans l’intérieur, d’exécuter le travail nécessaire pour trouver la cassette de fer.
    Voilà ce qu’ignorait Clother de Ponthus.
    « Non ! se dit-il tout agité de funèbres pensées, non, ce sacrilège ne sera pas à la charge de Léonor ! Non ! jamais dans ses rêves, elle ne verra son père s’approcher d’elle pour lui reprocher d’avoir troublé le repos d’un mort ! Toujours elle ignorera ce que je voulais faire dans cette chapelle où est enterrée la cassette que garde maintenant, d’une immuable attitude de défense, la statue du commandeur !… Reposez en paix, commandeur Ulloa ! Vous portez l’épée au côté, chevalier de marbre, et vous êtes là pour garder le secret de Ponthus !… »
    Il tressaillit violemment, et balbutia :
    – Ce secret… pourtant… il faut que je le connaisse ! Eh bien, je le connaîtrai ! ajouta-t-il en inspectant d’un regard avide les abords du sarcophage. Une nuit, sans prévenir Léonor, sans la mettre de moitié dans mon sacrilège, oui, par une nuit sombre, j’entrerai dans ce parc, tel un pilleur de tombes, et, muni d’outils comme peut en avoir le fossoyeur, je pénétrerai dans cette chapelle… dût la statue du commandeur se dresser devant moi… Je lèverai la dalle qui se trouve dans la ligne de celle sous laquelle gît la cassette. Je creuserai un souterrain qui aboutira sous le tombeau, sous le cercueil, sous le corps du commandeur, et puis, maître, enfin, du secret de Ponthus, je m’enfuirai emportant mon trésor… l’histoire et le portrait de ma mère !
    Réconforté par cette pensée, il se mit à errer dans la chapelle pour en étudier les dispositions, reconnut la petite porte basse par laquelle Philippe de Ponthus lui avait recommandé de s’introduire, en passant par le parc, et constata qu’il arriverait facilement à l’ouvrir du dehors ; puis il s’approcha du chœur et fit lentement le tour de l’autel. Et derrière l’autel une plaque de marbre indiquait que là aussi se trouvait un tombeau, que là dormait de son éternel sommeil un être qui avait respiré, vécu, aimé, souffert, et machinalement, à voix basse, il lut l’inscription gravée sur cette plaque :
    Ici repose
    la très noble Agnès de Sennecour
    C’était tout. Pas d’âge. Pas de date. De la brièveté funèbre de cette inscription se dégageait on ne sait quoi de poignant.
    – Agnès de Sennecour ! murmura Clother de Ponthus pieusement incliné. Sans doute celle qui fit édifier cette chapelle et, la première, posséda ce beau domaine avant qu’il appartînt au roi Louis douzième… Depuis quand dort-elle derrière cette dalle ? Depuis cent ans et plus, peut-être ?… Agnès de

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