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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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demanda Clother, quel est le digne gentilhomme qui s’est fait le chef de ces truands et dirige cette noble algarade ?
    – Je l’ai vu, dit Léonor, en pâlissant d’horreur. C’est Juan Tenorio…
    – Non, dit Clother. Juan Tenorio n’est ici qu’un instrument de honte aux mains d’un maître. Le chef de l’entreprise, c’est celui-là même qu’on vous a ordonné d’épouser.
    – Le comte de Loraydan !
    – Lui ! Je l’ai, par deux fois, reconnu à la voix… Ne l’eussé-je pas entendu que je l’eusse peut-être deviné au soin qui a été apporté à l’organisation de ce guet-apens. Ainsi…
    Un craquement terrible l’interrompit… le râle de la porte expirante.
    Cette fois la porte, après s’être défendue de son mieux, succombait, éventrée. Une large blessure la balafrait du haut en bas. Clother fit un mouvement pour s’élancer.
    – Je vous suis ! dit Léonor avec fermeté.
    – Si vous voulez que je puisse me défendre, restez ici ! dit froidement Clother.
    – Allez donc, et que Dieu vous garde !
    Clother s’avança et atteignit la porte à l’instant où le brave Riquet-la-Besace, emporté par son ardeur, essayait de pénétrer par la brèche, sans attendre la chute de la porte ; il y eut dans l’ombre un rapide éclair d’acier, et Riquet-la-Besace, avec un hurlement de douleur, retomba en arrière dans les bras de ses camarades où, l’instant d’après, il rendit sa belle âme à Satan fort empêché sans doute de savoir qu’en faire.
    Et ce fut alors un assourdissant concert de jurons, de malédictions, d’apocalyptiques menaces. Mais une voix rude commanda :
    – Que personne n’avance tant que la porte ne sera pas jetée bas !
    Il y eut un silence terrible.
    Puis, soudain, un furieux coup de tête de bélier ; la porte eut un gémissement éperdu ; mais vaillante, elle tenait bon encore, cramponnée à ses gonds, d’un suprême effort, vraiment pareille à un être vivant qui ne veut pas tomber… et, à bien regarder, au fond… une porte éventrée… un homme poignardé…
    Des lueurs de torches éclairaient cette scène et se répercutaient dans la chapelle en fantastiques reflets mouvants. Clother sentait sa tête s’égarer. Une intense douleur le poignait au cœur. Il eut, à travers la déchirure de la porte, un regard, et il compta les assaillants nombreux, solides, furieux, bien armés, et il vit Juan Tenorio, l’épée au fourreau, les bras croisés, et il vit Loraydan qui ne se donnait plus la peine de se cacher et s’activait à diriger la manœuvre, et alors Clother ramena son regard tout chargé de désespoir vers Léonor…
    Et brusquement retentit le coup, le dernier coup de grâce à la porte expirante ; elle s’abattit ; un fracas ; une clameur sauvage ; une ruée frénétique ; des visages convulsés par la haine ; des bouches tordues par l’effort de l’insulte ; des éclairs d’acier ; et là, dans l’encadrement de la porte, ce fut le combat à outrance, le combat à mort ; Clother frappait, ah ! il frappait sans relâche ; insensé, l’esprit exorbité, n’ayant plus de vivant en lui que cette pensée qui lui battait la cervelle à coups redoublés comme l’inlassable refrain du flot battant le rocher : Je ne veux pas qu’elle meure ! Je ne veux pas qu’elle meure ! Je ne veux pas qu’elle meure ! Et à chaque plongée de son bras vers cette masse grouillante, il y avait un cri, un jet de sang, une malédiction, et la masse grouillante avançait d’un pas, de deux pas, parmi des rumeurs sourdes coupées de brefs silences, oui, elle avançait, elle franchissait la porte… Clother était perdu !…
    En deux bonds, il fut derrière l’autel…
    Les bancs qu’il avait dressés là retombèrent lourdement…
    La bande entrée dans la chapelle s’était arrêtée ; elle se formait, cherchait son ordre d’attaque, elle se taisait, mais avec des grognements brefs de sanglier, et il y avait les rapides commandements de Loraydan.
    Clother haletait. Il était hagard.
    Il ne comprenait pas ce répit qu’on lui laissait.
    Mais il comprit tout à coup : la bande commençait à démolir la barricade qu’il avait édifiée : l’autel allait être tourné par les deux côtés… c’était la fin.
    Il regarda Léonor et lui dit :
    – Je vais mourir… et vous…
    – Donnez-moi votre dague, dit Léonor.
    Elle était rouge de sang. Clother l’essuya et la lui remit. Et elle

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