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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dit :
    – Clother, j’ai compris votre pensée. Si vous mourez, je jure de n’être à personne en ce monde, je jure que Tenorio ne mettra la main sur moi que morte, je jure de me tuer quand vous n’y serez plus pour me défendre. Mourez donc en paix, sire de Ponthus, et recevez ici le baiser de votre fiancée…
    Alors, avec un gémissement de joie sublime et de douleur effrayante, il la saisit, tout sanglotant, et ils s’étreignirent éperdument, lèvres contre lèvres et ce fut là le baiser de leurs fiançailles.
     
    De la barricade, il ne restait plus que bien peu de chose.
    Clother assura dans sa main l’épée de Ponthus, et il dit :
    – Adieu, Léonor…
    Elle répondit doucement :
    – Adieu, Clother…
    À ce moment, elle eut un violent tressaut, ses yeux se troublèrent, son visage prit les teintes du lis, elle trembla, elle éprouva le frisson des mystérieuses épouvantes, elle recula, sa main tremblante désigna à Clother la grande plaque de marbre sur laquelle était gravée l’inscription relative à Agnès de Sennecour et, affolée, les yeux égarés, elle bégaya :
    – Est-ce donc la mort qui déjà vient nous prendre ?… Oh ! Clother, Clother ! Est-ce déjà la tombe qui s’ouvre pour nous ?
    Clother regarda, et lui aussi, il vit !
    Ah ! Il vit que la plaque de marbre, lentement, lentement, se rabattait… que la tombe s’ouvrait… oui ! la tombe s’ouvrait ! et, frappé d’horreur lui aussi, immobile, frissonnant, les cheveux hérissés, il attendit qu’Agnès de Sennecour, que la morte se dressât devant eux et lui dit : « Venez avec moi à l’éternel repos, venez loin des turpitudes et des hontes, loin de l’effroyable méchanceté des hommes, venez dans la mort sauveuse et protectrice, venez dans la tombe !… »
    Ce ne fut pas Agnès de Sennecour qui apparut alors.
    Ce ne fut pas le spectre de la morte…
    Ce fut une gracieuse, une adorable apparition de vierge blonde, et vivante, ah ! bien vivante, et qui, dans un délicieux sourire, leur dit :
    – Vite, venez, venez et vous êtes sauvés !…
    C’était la fille de Turquand !
    C’était Bérengère !…
     
    Ah ! c’était un admirable, un merveilleux mécanisme de défense qu’avait imaginé Turquand !
    Il y a des esprits qui s’arrêtent toujours à mi-chemin dans l’exécution d’une conception. Il y en a d’autres qui n’éprouvent de repos qu’au moment où ils ont pleinement et jusqu’au bout exécuté la conception. Turquand était de ces esprits qui ne veulent rien laisser au hasard de ce qu’il est humainement possible de lui arracher.
    Son système de défense était un chef-d’œuvre…
    Lorsque, réveillée par le signal d’alarme, Bérengère avait pénétré dans l’armoire et poussé le verrou qui en immobilisait le mécanisme, elle commença à descendre l’étroit escalier qui s’enfonçait dans l’épaisseur du mur, et bientôt, elle parvint à un petit caveau circulaire.
    Les ordres de son père étaient qu’elle devait s’arrêter là, et attendre une nouvelle sonnerie avant d’aller plus loin.
    Plus loin ?
    Oui : il y avait une petite porte à ce caveau, et là, commençait une galerie souterraine.
    Bérengère ouvrit la porte ; elle vit la galerie ; elle hésita, tourmentée par la curiosité qui, depuis longtemps, lui était venue, de connaître l’aboutissement de ce boyau souterrain.
    – Dans ces alertes que mon père imagine pour m’habituer, murmura-t-elle, je me suis toujours arrêtée au caveau. Pourquoi n’entrerais-je pas dans la galerie ? Pourquoi n’irais-je pas jusqu’au bout ?
    Elle alluma une bonne lanterne accrochée au-dessous d’une veilleuse qui brûlait continuellement dans le caveau et, résolue à savoir, pénétra dans la galerie.
    Au moment où elle s’aventura dans ce sombre boyau de pierre dont la pâle lueur de la lanterne ne faisait que lui mieux montrer les menaçantes ténèbres accumulées devant elle, Bérengère eut un rapide frisson… elle sentit la peur s’abattre sur elle.
    Et elle voulut revenir en arrière.
    Mais alors, il lui sembla… c’est si difficile à dire, et pourtant… oui : il fui sembla qu’il fallait qu’elle allât plus loin, plus loin encore, jusqu’au bout… qu’il le fallait !
    Et toute secouée de frissons, l’esprit assailli d’étranges pensées, elle s’élança en avant.
    Ce fut ainsi qu’elle parvint à un caveau semblable à celui qu’elle venait de quitter,

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