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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le plus éloigné de la petite porte. Il y avait dans la chapelle des bancs, des chaises, des fauteuils. En quelques minutes, il eut échafaudé une suffisante barricade. Léonor le regardait faire avec un intérêt passionné.
    – Ils vont démolir la porte, dit Ponthus. Quand ils entreront, vous vous réfugierez derrière l’autel. Ce sera notre dernière forteresse. Grâce à cet amas de sièges enchevêtrés, ils ne pourront pas nous tourner, et seront obligés d’attaquer le seul passage libre. Vous voyez que ce passage est étroit, je crois qu’ils ne passeront pas facilement. En tout cas…
    Il traîna deux énormes bancs de chêne derrière l’autel, et les dressa debout, contre l’autel même. Et, contemplant son ouvrage, il eut un sourire de satisfaction.
    Un coup violent retentit à la porte, suivi d’une bordée d’injures furieuses.
    Et ce fut étrange, la question qui, alors, tout à coup, se présenta à l’esprit de Léonor et qu’elle formula tout aussitôt d’une voix de fierté où il y avait une nuance agressive :
    – Vous étiez là, seigneur de Ponthus. Et c’est heureux, j’en conviens. Mais comment en pleine nuit avez-vous pu pénétrer dans l’hôtel d’Arronces ?
    Clother tressaillit.
    – Madame, dit-il simplement, je suis entré en escaladant la grille.
    – Vous avez escaladé la grille ? Et pourquoi ? Que veniez-vous faire à la chapelle de l’hôtel d’Arronces, passé minuit ?…
    Clother eût pu répondre :
    « Je venais vous sauver ! »
    C’était trop facile, ou trop compliqué, c’était loin de lui. La vérité lui vint aux lèvres. D’un coup d’œil, il désigna le sarcophage du commandeur d’Ulloa :
    – Sous les dalles que couvre ce tombeau, dit-il, est cachée une cassette de fer. J’en ai été avisé par l’homme qui m’a servi de père, par celui dont je porte le nom vénéré sans connaître mon vrai nom à moi, par le noble, le bon Philippe de Ponthus !
    Léonor frémissait d’étonnement et de pitié.
    Elle apprenait tout à coup que Clother de Ponthus ne s’appelait pas Ponthus, qu’il était sans famille ! Que n’eût-elle pas donné pour pouvoir s’approcher de lui, essuyer ces yeux où elle voyait poindre une larme, et lui dire : Je serai votre famille, moi !… Elle balbutia :
    – Ainsi, cette cassette que vous veniez chercher sous le cercueil du commandeur…
    – Contient des papiers qui me disent le nom de mon père et celui de ma mère…
    – Vous ne connaissez pas votre mère ?…
    – Elle est morte. Je ne la connaîtrai jamais.
    – Et vous ne savez même pas son nom !…
    – Ni celui de mon père, dit Ponthus d’une voix plus sombre. Et il détourna les yeux… Léonor baissa la tête.
    Lorsque Clother, timidement, ramena sur elle son regard, il la vit qui pleurait…
    Il alla à elle, s’agenouilla à deux genoux et dit :
    – Laissez tomber sur moi une seule de ces larmes, Léonor, et s’il faut mourir tout à l’heure, je mourrai avec le paradis dans le cœur…
    Elle se baissa doucement, le prit par les deux mains et le releva en murmurant :
    – Clother, je ne veux pas que vous mouriez…
    Un flot de joie puissante monta au cerveau de Clother. Il devint très pâle et ferma les yeux.
    Un coup formidable ébranla la porte…
    – Voici l’attaque, dit Clother soudain sur ses gardes.
    – Je suis prête, dit Léonor.
    – Vous resterez ici, reprit Clother en jetant un vague regard autour de lui.
    Ce regard se heurta à l’inscription qu’il avait déjà lue :
    Ici repose
    la très noble Agnès de Sennecour.
    – Puisque cet hôtel est à vous, dit-il, on a dû vous en faire l’histoire. Avez-vous appris qui fut cette Agnès de Sennecour qui dort ici son dernier sommeil ?
    – Je sais, dit Léonor, que l’hôtel d’Arronces lui a appartenu. Je sais qu’elle est morte de désespoir à la suite d’un cruel abandon qu’on ne m’a pas raconté…
    – Morte de désespoir ? fit Clother pensif.
    – Pauvre femme ! murmura Léonor, qui, par une naturelle et douloureuse association d’idées, évoqua sa chère Christa, morte, elle aussi, d’un cruel abandon. Hélas ! ajouta-t-elle, combien sont-elles celles que l’abandon a jetées au désespoir, à la honte, à la mort !
    – C’est la pire scélératesse, dit Clother, et la pire lâcheté.
    Sous un nouveau coup plus rude, la porte craqua, se fendit… au-dehors, il y eut un hurlement de joie.
    – Savez-vous,

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