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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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valet de chambre, et Croixmart, le grand prévôt, tandis que d’autres gentilshommes attendent dans les antichambres le moment d’être reçus à leur tour.
    Le grand prévôt cède la place au favori.
    – Sire, dit Loraydan, il y a eu cette nuit une bataille à l’hôtel d’Arronces.
    – Ah ! ah ! fait joyeusement le roi. Tu y viens, enfin ? Et, dis-moi, as-tu conquis la place ? Léonor d’Ulloa, cette jolie rebelle, s’est-elle rendue à merci ?
    – Dona Léonor est en fuite, Sire !
    – En fuite ?
    – Je l’ai dit, Sire !
    Le roi, qui s’attendait à quelque capiteux récit, eut un geste de colère. Il se leva, se mit à marcher furieusement à travers son cabinet.
    – Voilà bien de nos muguets ! fit-il. Ils vont pour enlever une fille qui, par pur entêtement, se refuse à un honorable mariage, et ils la laissent fuir ! Et moi, je te dis que ce mariage se fera ! Il y va de mes intérêts, des intérêts de l’État ! Tu épouseras cette péronnelle, tu l’épouseras jour de Dieu !
    – Sire, dit Loraydan, pour obéir aux ordres de Votre Majesté, j’étais résolu à passer outre au peu d’inclination que j’éprouve pour dona Léonor. Je n’ignore pas que Sa Majesté le roi d’Espagne a fait de ce mariage une condition à certains arrangements. Mon dévouement est absolu, Sire. J’ai demandé à Léonor d’Ulloa de m’agréer pour époux.
    – Très bien. Et ensuite ?
    – Elle a refusé. Je lui ai alors donné quinze jours de réflexion, la prévenant que si elle persistait à résister à vos ordres et à ceux de son souverain, je serais forcé d’en venir aux moyens extrêmes. Je crois avoir agi en bon gentilhomme.
    – Oui, se mit à rire le roi, mais non en bon amoureux. Qu’est-ce que la gentilhommerie vient voir dans une affaire d’amour ? Comme tu es jeune encore et naïf ! Apprends qu’en amour, il est une sorte de loyauté qui n’a rien de commun avec la loyauté politique ou la loyauté de la vie ordinaire.
    – Que voulez-vous, Sire, la loyauté est un vice dont je ne pourrai me défaire.
    – Allons, c’est bien. Reste loyal, c’est l’honneur d’un gentilhomme… bien qu’en amour… Mais toi, tu avais un ordre. Il fallait l’exécuter…
    – C’est ce que j’ai fait, Sire, car un ordre de Votre Majesté prime toute autre considération de vertu. Je me suis donc rendu à l’hôtel d’Arronces, avec une bonne litière…
    – Ah ! ah ! Voilà qui prend tournure… continue !
    – Et deux amis pour me prêter main-forte au besoin…
    –  Bravissimo, comme disent les Milanais. Continue ! ajouta brusquement le roi que ce mot milanais ramena soudain à des préoccupations d’un autre ordre.
    – Il était minuit, Sire. Malgré l’heure, dona Léonor m’accorda l’audience que je fis solliciter par l’intendant de l’hôtel.
    – Ah ! Tu vois ! Elle t’accorde l’audience… à minuit ! Au fond, elle ne demandait qu’à se laisser enlever. Toutes ces farouches mijaurées qui vous prennent de ces airs de vertu et d’indignation… Mais je me tais de peur d’en trop dire. Va, mon bon Loraydan.
    – Eh bien ! Sire, je m’efforçai de prouver à la fille du commandeur la nécessité où elle se trouvait de me suivre. Et à la fin, elle s’y résigna. La violence que j’eus à déployer pour l’entraîner ne fut que pour la forme : Votre Majesté a admirablement compris tout ce qu’il y a de fragilité dans les résolutions d’une femme.
    – Je m’y connais, je pense ! dit François I er qui se renversa dans son fauteuil et caressa sa barbe. La vertu des femmes… heu ! bien fol qui s’y fie.
    – Tout allait donc pour le mieux, et nous allions atteindre la grille du parc, nous allions arriver à la litière qui nous attendait, Sire… lorsque nous fûmes, mes deux amis et moi, rudement chargés par une vingtaine de truands…
    – Bon ! cria le roi François en se tournant vers le grand prévôt. Cela devient intolérable, Croixmart. Il n’y a nulle sécurité dans la ville, dès que la nuit se fait. Bientôt, Dieu me damne ! on ne pourra plus courir les rues et s’amuser quelque peu sans s’exposer à perdre la vie. Comment ! Voici deux ou trois gentilshommes qui, en toute douceur, procèdent tout bonnement à l’enlèvement d’une jolie fille, et des misérables, lie de l’espèce humaine, osent les interrompre. Il faut que cela finisse, monsieur le grand prévôt ! Il faut que les

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