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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’avançaient dans le parc, escortés de l’un des truands, porteur d’une torche.
    Loraydan et la bande de sacripants étaient restés en arrière et formaient dans les ténèbres un groupe de démons en conciliabule…
    Quel conciliabule ?
    Ponthus et Juan Tenorio étaient arrivés jusqu’à la magnifique et large allée de tilleuls qui partait de la grille pour aboutir à l’hôtel.
    – Ce lieu vous convient-il ? demanda Ponthus.
    – À merveille…
    – Eh bien ! faisons halte…
    – Je le veux, bien que pour le plaisir et l’honneur de votre entretien, je fusse décidé à vous accompagner à l’autre bout de Paris. Seigneur de Ponthus, au cas bien improbable où j’aurais le dessus et vous expédierais ad patres, avez-vous quelques recommandations à me faire ?
    Clother secoua la tête :
    – Moi, j’en ai une ! dit Tenorio gravement. Si vous me tuez, je vous prie de répéter une dernière fois à Léonor d’Ulloa que je l’aimais de toute mon âme. Célestes puissances, astres radieux qui me regardez, arbres séculaires, soyez témoins. Et toi, âpre brise de cette nuit d’hiver, change-toi en un doux zéphyr de printemps parfumé pour aller porter à ma chère Léonor le dernier soupir de l’amant le plus fidèle que la terre ait porté !
    Là-dessus, il dégaina et tomba en garde en disant au truand porteur de torche :
    – Place-toi là, contre cet arbre, éclaire-nous bien, et regarde, et prends une leçon d’honneur !
    Les deux épées cliquetèrent…
    Le truand, alors, jeta un rapide regard vers le fond du parc, vers cette masse de ténèbres qui couvrait de ses voiles le conciliabule des démons…
    Et il leva très haut sa torche…
    Alors, du fond de la masse de ténèbres, surgit la furieuse ruée des démons. Alors éclatèrent les hurlements et les cris de mort, alors on entendit encore vociférer Tue ! Tue ! Tue !… Dans l’instant, la rafale fut sur Clother qui se vit entouré, enveloppé d’éclairs d’acier…
    – Ah ! lâches ! cria Tenorio. Ah ! maudits ! Ponthus ! Ponthus ! Cette fois, vous ne serez pas seul contre cette truandaille ! Ponthus ! Ponthus ! je meurs si vous me croyez complice de cette trahison !
    D’un bond, Clother s’était adossé à un arbre. Il cria :
    – Juan Tenorio, je sais d’où vient ce coup de traîtrise, et que vous n’y êtes pour rien !
    – Merci ! dit Tenorio qui s’élança.
    Au moment même, don Juan s’affaissa, il lui sembla que le ciel venait de s’écrouler sur sa tête ou que, dans un coup de folie, il s’était jeté, crâne en avant, contre un mur.
    Ce n’était pas le ciel… ni un mur. C’était le poing du fameux Amadis-la-Douceur… un marteau de forge, un poing dont Milon de Crotone eût été jaloux.
    Sous le poing du célèbre sacripant, donc sous l’énorme choc, Juan Tenorio tomba, ferma les yeux, puis les rouvrit aussitôt, et en des brouillards de rêve, regarda la bataille à laquelle se mêlèrent soudain des personnages enfantés sans doute par son imagination. Et il délirait :
    – Anges et archanges d’amour, allez dire à Léonor que Juan Tenorio meurt en l’adorant… Quel coup, quel coup, par le ciel ! Qu’ai-je reçu sur la tête ? Une montagne ? Oh ! les misérables ! Comme ils chargent ! Tenez bon, sire de Ponthus ! Ah ! comme il se démène ! À droite ! à gauche ! Comme il frappe ! Quelle épée ! Quelle adresse ! Quelle force ! Encore un qui mord la poussière ! Ponthus ! Ponthus ! Prenez garde à celui-là !… Très bien ! Un coup de dague au bon endroit !… Oh ! Il va succomber, le bon gentilhomme !… Je veux… je dois… non… je ne puis !… Entouré ! Il est entouré !… Holà ! Qui sont ceux-là ? D’où sortent-ils ?… Hé !… C’est mon bélître de Jacquemin !… Et le damné Bel-Argent !… Et ces deux que je ne connais pas ?… Ah ! misérable Corentin, tu viens pour achever Ponthus !… Non, non ! Ils lui portent secours !… Les voilà qui tombent sur les démons de Loraydan !… Quels coups, Seigneur ! quels coups ! quels cris ! quels cris d’agonie et de mort !…
    Toute cette fantastique vision s’effaça soudain…
    Don Juan s’était évanoui.

XII
 
LE ROI FRANÇOIS DONNE UN ORDRE À SON GRAND PRÉVÔT
    Quelques heures plus tard, au Louvre.
    Amauri de Loraydan vient d’être introduit dans le cabinet du roi où se trouvent réunis Bervieux, capitaine des gardes, Bassignac, le

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