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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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les mains, et… soudain, sans nulle transition :
    – Par le ciel, je n’y pensais plus, moi ! Un mot, cher comte, un mot : La litière…
    – La litière ? fit Loraydan, l’oreille dressée, le regard de travers.
    – Eh oui, la litière…
    – J’entends bien, par la morbleu !
    – Mon cher comte, vous n’entendez pas, je vois cela à vos sourcils froncés ; voyons, je veux parler de la litière qui m’attend sur le chemin de la Corderie… ma litière…
    – La peste et la fièvre ! Expliquez-vous, seigneur Tenorio !
    – Tenez, ne parlons pas de la litière…
    – C’est cela, dit Loraydan qui esquissa un mouvement de retraite, à quoi bon parler de la litière ?
    – N’en disons plus un mot, fit Juan Tenorio en retenant le comte par le bras.
    – Tenorio, Clother de Ponthus vous attend !
    Et en lui-même Loraydan, d’un rapide calcul, établit les services que don Juan pouvait lui rendre encore.
    – Je ne sais pas pourquoi, continuait Juan Tenorio, nous parlerions de cette litière.
    – Très bien. Partons…
    – Mais quant au sac…
    – Le sac ? Quel sac ?…
    – Il est à moi. Cela va sans dire. Votre guet-apens, cher comte, a piteusement échoué, c’est le sort de tous les guets-apens trop bien machinés. Il faut, coûte que coûte, laisser un peu le hasard en faire à sa tête et lui tenir la corde un peu longue. Essayez de l’emprisonner, il se fâche et casse tout. Il n’est chef-d’œuvre de combinaison qui tienne… Vous avez eu le tort, mon cher comte, d’avoir tout prévu. Il ne faut pas tout prévoir. Hé ! Par le ciel, ce n’est pas ma faute si vous avez trop prévu, et si votre entreprise avorte. Le sac…
    – Enfer ! Quel sac ?… Quel sac ?…
    – Vous le savez. Appelons cela le sac. Car je vous avoue que, si je suis d’avis de laisser au hasard la bride sur le cou, je suis également l’ennemi des points sur les i, à plus forte raison, des points plus gros que les i. Disons simplement que le sac me reste et allons tuer ce bon Clother de Ponthus.
    « Après tout, songea Loraydan, les coffres de Turquand sont larges et profonds. »
    – Hé ! fit-il. Vous voulez parler de la somme qui était destinée à votre départ en Espagne ? Que ne le disiez-vous ! Elle vous reste, cela va de soi, elle vous reste !
    « Quarante mille livres d’or ! ajouta-t-il en lui-même. C’est dur. Mais ce sacripant va me servir à étayer ma fortune… ce n’est pas trop cher le payer… »
    – Ce n’est pas que la somme soit importante, acheva don Juan avec désinvolture, mais, loin de mes biens et de mon ladre d’intendant, je suis forcé de faire flèche de tout bois.
    Et tout radieux, rasséréné, l’esprit libre, le cœur en place, il s’avança vers Clother de Ponthus.
    – Monsieur de Ponthus, dit-il, je ne me pardonne pas de vous avoir fait attendre…
    – Je ne vous en fais pas le reproche…
    – Monsieur de Ponthus, je ne connais pas de seigneur aussi poli que vous…
    – Seigneur Tenorio, vous m’accablez.
    – Non, non, j’en atteste le ciel. Sire de Ponthus, peut-être êtes-vous fatigué de votre rude combat contre ces drôles. Peut-être ne jouissez-vous pas, à cette heure, de tous vos moyens de défense et d’attaque. Vous convient-il de remettre l’affaire à demain ?… Ou tel autre jour ?
    – Je me sens, au contraire, tout dispos. Mais s’il vous est agréable de retarder notre duel à mort ?…
    – Non, certes ! C’est pour vous que je parle. Mais j’aurais dû me dire qu’un Ponthus n’est jamais fatigué de vaillance et de gloire. Quel malheur de vous avoir pour ennemi !
    – Seigneur Tenorio, jurez-moi que vous renoncerez à dona Léonor…
    – Jamais !…
    – Marchons, alors !
    Et ils sortirent de la chapelle.
    – Oui, continuait don Juan, allons nous entr’égorger, comme deux braves qui savent rire au nez de la mort. Au nez de la mort ! Est-ce que la mort a un nez, seigneur de Ponthus ? Non, elle n’en a pas. Ce n’est pas comme mon ahuri de Jacquemin ! Sire Clother, j’ai dans ma vie tué quelques braves et n’en ai nul remords. Si je vous tue, je vous assure que j’en aurai une peine qui ne finira qu’avec ma vie.
    – Je tâcherai de vous épargner ce chagrin, dit Ponthus.
    – J’en suis sûr. Et si vous me tuez… ce me sera une consolation que de l’être par vous, non par un autre !
    Tout en échangeant ces politesses que ponctuaient force salutations, ils

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