Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
un peu plus pâle.
    Mais il continua de se taire.
    – En revanche, acheva Clother, vous trouverez une épée, qui ne demande qu’à chercher le chemin de votre cœur, ou tout au moins la place où d’habitude les hommes ont un cœur. Est-ce que le moment ne vous paraît pas favorable ?
    Loraydan eut comme un soupir.
    Il s’avança près de Ponthus, se toucha la poitrine du bout du doigt, et gronda :
    – Toutes les paroles que vous venez de prononcer et d’autres encore sont gravées là. Pour chaque lettre de chacune de ces paroles, je vous prendrai autant de gouttes de sang qu’il en faudra, jusqu’à ce que vous n’en ayez plus dans les veines. Quant au lieu et à l’heure, je prétends en rester le juge. Patience, monsieur de Ponthus, patience ! L’heure ne viendra que trop tôt pour vous…
     
    Il se recula. Et il y avait sur son visage crispé un tel déchaînement de haine que don Juan frémit et que les truands s’écartèrent en silence.
    Clother se tourna vers don Juan :
    – Puisque monsieur le comte a peur et refuse de se battre, je suis à vous, seigneur Tenorio.
    – Seigneur de Ponthus, dit Juan Tenorio, j’ai deux mots à dire à dona Léonor et vous demande la permission de vous quitter une minute, après quoi je suis votre homme.
    – Allez, dit Clother.
    Don Juan s’avança vers l’autel et le contourna par le passage de gauche. En même temps, Loraydan, mû par la même pensée, contournait l’autel par le passage de droite. Ils se rejoignirent et échangèrent un regard effaré.
    – Eh bien ! fit Juan Tenorio, où est-elle ?
    Loraydan ne répondit pas. Sombre et pensif, il scrutait la place.
    Don Juan l’entendit qui murmurait :
    – Il s’est passé là quelque chose d’étrange…
    – Mystère ! dit Tenorio. Mystère dont M. de Ponthus pourrait seul nous donner la clef. Léonor, s’écria-t-il dans une explosion de douleur sincère, Léonor cruelle ! Comme vous jouez avec ce malheureux cœur qui vous adore ! Brisez-le ! Mais brisez-le donc ! Léonor, chère Léonor, qu’êtes-vous devenue ?
    – Satan l’a emportée, dit Loraydan d’un ton de haineuse ironie. Tenez, seigneur Tenorio, ajouta-t-il en frappant du pied, elle s’est enfoncée dans les entrailles de la terre. Et rien n’y manque. Voyez. Un tombeau. La morte qui dort ici s’est levée, a ouvert sa tombe, et a montré à Léonor le chemin de l’enfer…
    – Ne blasphémez pas, comte ! Léonor est un ange. S’il vous faut absolument croire à une intervention surnaturelle, tenez plutôt pour assuré qu’elle est remontée au ciel…
    Et don Juan, vers le ciel, comme s’il eût espéré y revoir Léonor, leva un regard enflammé. Il eut léger cri de surprise et presque de déception :
    – Je comprends le mystère ! Voyez, comte, voici la route qu’a prise Léonor…
    Loraydan leva les yeux et, à une douzaine de pieds du sol, vit une fenêtre ouverte.
    – Comment aurait-elle fait pour monter là ? dit-il.
    – Et ces bancs ? Et l’aide de Ponthus ?
    – Mais alors, gronda Loraydan, pourquoi Ponthus lui-même n’a-t-il pas…
    – Clother de Ponthus n’est pas de ceux qui fuient, dit Juan Tenorio. C’est un rude adversaire ; il m’a, tout à l’heure, arraché plus d’un cri d’admiration. Quant à Léonor, elle a voulu partir pour me meurtrir le cœur. Dans le moment où vos sacripants enfonçaient la porte, ma hardie et fière Andalouse passait la fenêtre ! Ah ! la charmante, l’intrépide, la noble créature ! Quel cœur, mon cher comte, quel cœur ! Ma vie dans ce monde et dans l’autre pour la conquête d’un tel cœur !
    Et Loraydan songeait :
    « Que cette donzelle s’en aille au diable ou au ciel, par la porte ou par la fenêtre, peu importe, dès l’instant que je n’aurai plus à encourir la disgrâce du roi en refusant de l’épouser. Elle est partie ! Bon voyage !… Et d’une. Reste le damné Clother. Si Juan Tenorio le tue, tout est bien… S’il ne le tue pas… Oh ! il ne faut pas qu’il sorte vivant de cet hôtel… Il faut que cette nuit… Puisque je le tiens… Allons ! Allons préparer le traquenard… »
    « Malheur sur moi ! se disait don Juan. Trois fois malheur ! Jamais je ne souffris pareille angoisse. Que vais-je faire de mon cœur, maintenant ? Ah ! Si Ponthus pouvait, d’un bon coup droit, me guérir à la fois du mal d’aimer et du mal de vivre ! »
    Ses yeux s’emplirent de larmes, il se tordit

Weitere Kostenlose Bücher