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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voulais vous demander pourquoi vous ne fuyez pas avec moi !
    – C’est inutile. Pensez à vous seul…
    – Ouvrez ! Et partez avec moi. Je le veux !…
    – Inutile, comte, inutile, puisque je suis mort. Pourquoi vous embarrasser d’un cadavre encore ? Je vous dis que je suis mort. C’est un mort qui vous dit adieu. Je suis mort, vous dis-je ! mort… mort…
    Le mot sinistre entrait dans le cerveau de Loraydan. Il recula. Il commença à descendre l’escalier. Il commença à s’enfoncer dans l’épouvante, et il murmurait :
    – Mort, mort ! Je vous dis que je suis mort !

XXIX
 
DE L’ARMOIRE DE FER AU TOMBEAU D’AGNÈS
    Les quatre fidèles du roi s’en revinrent, la tête basse, chacun d’eux ruminant sur l’accueil que lui réservait Sa Majesté.
    – Sire, dit Roncherolles, j’ai l’honneur d’informer Votre Majesté que M. le comte de Loraydan s’est enfui.
    – Messieurs, dit le roi en les apaisant d’un geste, je ne veux pas que Loraydan soit inquiété pour l’événement de ce soir. Il est bien évident que les paroles qui lui ont échappé sont le fait d’une passagère démence due à la douleur. Loraydan est encore notre ami. Demain, nous le recevrons au Louvre, et le consolerons…
    La vérité, c’est que François I er avait réfléchi que Loraydan lui était indispensable pour l’ambassade à Charles-Quint. La vérité, c’est qu’il remettait à plus tard une vengeance à laquelle il se voyait ou se croyait contraint de renoncer sur l’heure.
    – Assez de catastrophes, assez de deuils, reprit François I er d’une voix sourde. Retirons-nous, messieurs. Laissons cette malheureuse enfant dormir en paix son dernier sommeil. Monsieur de Roncherolles, je vous charge de veiller ce pauvre corps jusqu’à ce que Loraydan revienne. Dès que vous le verrez, vous lui direz que je veux oublier cette triste nuit. S’il ne revient pas cette nuit, vous irez au point du jour informer ce Turquand de la mort de sa fille, et vous lui direz aussi qu’il ait à se taire s’il tient à sa tête.
    Il se rapprocha du cadavre, se découvrit, s’inclina.
    – Adieu, jolie Bérengère, murmura-t-il, tandis que des larmes s’échappaient encore de ses yeux. Adieu donc, et pardonnez si vous le pouvez, à celui qui vous parle ici, et qui a tant besoin d’être pardonné.
    Il se retira et regagna son Louvre, suivi de Sansac, d’Essé et de Saint-André.
    Roncherolles s’enveloppa dans son manteau, s’accommoda dans le fauteuil que Sa Majesté venait de quitter et ferma les yeux, non pour dormir, mais pour calculer, supputer, tenter de prévoir, vaine et lamentable occupation du courtisan ambitieux.
    Deux heures, peut-être, se passèrent ainsi.
    Au bout de ce temps, il vit entrer quatre serviteurs, quatre hommes solides et trapus, qui portaient une sorte de civière. Devant eux marchait un vieillard qui ne parut prêter aucune attention à Roncherolles.
    Le gentilhomme se leva alors et demanda :
    – Qui êtes-vous ?
    Le vieillard, du doigt, désigna le corps de Bérengère, et dit :
    – Je suis son père…
    – Fort bien. J’ai à vous dire de la part du roi que, si vous gardez un prudent silence sur toute cette affaire, il ne vous sera fait aucun mal.
    – Il m’est donc permis d’emporter le corps de ma fille pour lui donner la sépulture ?
    – Oui. Cela vous est permis. Maintenant, dites-moi ce qu’est devenu le comte de Loraydan.
    – Il est parti…
    – Ha !… Eh bien, s’il revient vous voir, dites-lui que Sa Majesté lui pardonne et l’attend au Louvre.
    – Je le lui dirai…
    Roncherolles dit :
    – C’est bien.
    Et il ne s’occupa plus du vieillard. Il ajusta son épée, jeta un vague regard sur la morte, toucha du bout des doigts le bord de sa toque, et s’en alla.
    Le vieillard enleva le manteau qui couvrait Bérengère et le rejeta de côté. Puis, il souleva le corps et le déposa sur le matelas. Il fit un signe aux porteurs :
    – Surtout, faites doucement, dit-il.
    Le corps de Bérengère fut déposé sur un lit. Turquand s’assit au pied du lit, et regarda la morte. Il ne pleurait pas. Il demeura là jusqu’au moment où des femmes vinrent pour ensevelir la jeune fille. Alors, il reprit son poste et n’en bougea plus jusqu’à l’heure terrible de la mise en bière et du départ.
    Turquand assista aux funérailles de sa fille sans verser une larme, sans prononcer un mot.
    Quand il rentra en son logis, il paya largement

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