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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Puis tous ensemble se mirent à hurler :
    – Où est-il ? Où est-il ? – Ah ! lâche ! Il fuit ! – Au traître ! Au truand ! – À mort ! à mort.
    Loraydan fuyait, parce qu’il se sentait perdu, parce qu’il était aux abois, parce que toute énergie était abolie en lui par la formidable certitude que tout était fini.
    D’une voix de dément, il cria dans la nuit :
    – Il est temps !…
    Derrière lui, plus proche, plus violente, plus menaçante lui répondit la mortelle vocifération des quatre.
    Et, dans le moment où il venait de crier : il est temps ! Loraydan s’aperçut tout à coup que quelqu’un, près de lui, marchait, ou plutôt courait. Il leva sa main armée d’un solide poignard. L’ombre qui courait à ses côtés parla alors :
    – Ne frappez pas, monsieur le comte, je suis ici pour vous sauver !
    – Turquand ! râla Amauri de Loraydan.
    – Oui, monseigneur. Mais ne parlons pas. Venez !
    Ils s’élancèrent.
    Quelques bonds encore. Et ils atteignirent le logis Turquand. La porte était ouverte ; sans doute le maître ciseleur l’avait-il laissée ainsi. L’instant d’après, ils étaient dans l’intérieur du logis et Turquand, actionnant le mécanisme, mettait un rideau de fer entre eux et les assaillants, dont bientôt ils entendirent les coups et les clameurs.
    – Vous êtes sauvé, dit alors Turquand.
    Loraydan regarda le père de Bérengère, et quelle que fût sa douleur, quel que fût son effroi, il tressaillit d’étonnement. Ses traits étaient ravagés et l’aspect de sa physionomie en était bouleversé comme peut l’être l’aspect d’un paysage après le passage d’un cyclone.
    Turquand s’aperçut de l’étonnement de Loraydan.
    – Cela m’a changé, n’est-ce pas ?
    – Est-il possible, balbutia Loraydan, est-il possible qu’en quelques heures…
    – Dites en quelques minutes. Oui, je sens que je ne suis plus le même homme, ou plutôt, comte, je sens que je ne suis plus un homme. Même pas. Je sens que je ne suis plus un être vivant. Je suis mort. Sans doute deux ou trois heures peut-être s’écouleront avant que je sois un cadavre. Mais je suis mort. Comte, c’est un mort qui vous parle.
    Loraydan se taisait.
    L’épouvante était sur lui.
    – Comprenez donc, mon cher seigneur, disait Turquand. Comprenez donc qu’après la mort de celle qui fut ma bien-aimée femme, je n’ai plus vécu que pour ma fille. J’ai veillé pour que Bérengère ne fût pas, comme sa mère, une victime des bêtes de proie, pour qu’elle ne mourût pas dans la honte et le désespoir. La défense, je l’ai établie. La richesse, je l’ai créée. L’homme digne d’elle, je l’avais trouvé : vous, mon cher seigneur.
    – Moi ! bégaya Loraydan.
    – Ne deviez-vous pas l’épouser ? Ne vous aimait-elle pas ? Et voici qu’après avoir usé ma vie à établir solidement l’édifice, tout s’écroule d’un coup. Bérengère meurt assassinée. Comment voulez-vous qu’un homme tel que moi résiste à ce rude choc ? Quand, à travers la fenêtre, dans la cour de votre hôtel, j’ai vu Bérengère morte, j’ai compris que je mourais… je suis mort… c’est un mort qui vous parle…
    Loraydan avait baissé la tête comme pour prendre une attitude de compassion, en réalité pour que Turquand ne pût surprendre sur son visage aucun indice de la vérité. Toute la question était d’établir si Turquand savait ou ne savait pas… il fallait oser demander cela… il osa :
    – Ainsi… vous savez comment Bérengère… est morte…
    –  J’ai tout vu, dit Turquand.
    Dehors, on entendait les insultes vociférées par les gentilshommes de François I er , et les rudes coups qu’ils assénaient sur la porte du logis. Mais Loraydan n’entendait même pas.
    – Il est probable qu’ils finiront par entrer, dit Turquand. Mais ne craignez rien. Vous êtes sauvé.
    – Je suis sauvé ? tressaillit Loraydan.
    – Sans doute ! Je mourrais trop désespéré si, ayant vu Bérengère morte, je vous voyais mort vous aussi, vous qu’après elle j’aimais le plus en ce monde de haine et d’embûches, vous que j’avais choisi pour mon fils…
    « Je ne comprends pas ! grondait en lui-même Loraydan. Il faut que je comprenne ! Il faut que je sache s’il sait… »
    – Vous dites que vous avez tout vu ? fit-il.
    – Oui… Je suis arrivé à la fenêtre au moment où le roi de France, après avoir jeté un hideux

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