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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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comme un
tablier de forgeron. « Je vais vous faciliter la tâche. Pas d’armure. Pas
de bouclier. Venez me combattre ! Venez me prouver que votre bougre de
putassier de roi dit vrai ! Pas un seul d’entre vous ? » Rien ne
pouvait arrêter sa rage, car il était entre les mains des Dieux, désormais, et
abreuvait de son courroux un monde qui se faisait tout petit devant sa force
redoutable. Il cracha de nouveau. « Putains décaties ! » Voyant
Cuneglas reparaître dans le rang de boucliers, il fit volte-face. « Toi,
freluquet ? » Il pointa Excalibur sur le prince. « Tu veux te
battre pour ce tas d’immondices expirantes ? »
    Comme tous les
hommes présents, Cuneglas était ébranlé par la fureur d’Arthur, mais c’est sans
aucune arme qu’il sortit du rang pour tomber à genoux à quelques pas d’Arthur.
« Nous sommes à ta merci, Seigneur Arthur. » Arthur le fixa. Tout son
corps était tendu, car toute la rage et la frustration d’une journée de
bataille bouillaient en lui et, l’espace d’une seconde, je crus qu’Excalibur
allait siffler à la tombée du jour pour faire tomber la tête de Cuneglas de ses
épaules. Mais le prince releva les yeux : « Je suis maintenant roi du
Powys, Seigneur Arthur, mais à ta merci. »
    Arthur ferma
les yeux. Puis, toujours les yeux clos, il chercha le fourreau d’Excalibur et
rangea sa longue épée. Tournant le dos à Cuneglas, il rouvrit les yeux pour
nous regarder, nous ses lanciers, et je vis la folie se retirer de lui. Il
bouillait encore de colère, mais la rage indomptable était passée et sa voix
était posée quand il pria Cuneglas de se relever. Puis Arthur appela ses deux
porte-étendards en sorte que les bannières jumelles du dragon et de l’ours
donnent une dignité supplémentaire à ses propos. « Voici mes conditions,
dit-il de manière à ce que tout le monde l’entendît alors que la nuit tombait
sur la vallée. Je demande la tête du roi Gundleus. Il l’a gardée trop longtemps
et le meurtrier de la mère de mon roi doit être traduit en justice. Cela
accordé, je demande seulement la paix entre le roi Cuneglas et mon roi, et
entre le roi Cuneglas et le roi Tewdric. Je demande la paix entre tous les
Bretons. »
    Tout le monde
en resta muet de stupeur. Arthur avait gagné sur le terrain. Ses forces avaient
tué le roi ennemi et capturé l’héritier du Powys et chacun, dans la vallée,
imaginait qu’il allait exiger une rançon royale pour la vie de Cuneglas. Au
lieu de quoi il ne demandait rien d’autre que la paix.
    Cuneglas
fronça les sourcils. « Et mon trône ? bredouilla-t-il.
    — Ton
trône est à toi, Seigneur Roi. À qui d’autre peut-il être ? Accepte mes conditions,
Seigneur Roi, et tu es libre d’aller le retrouver.
    — Et le
trône de Gundleus ? demanda Cuneglas, soupçonnant peut-être Arthur de
visées personnelles sur la Silurie.
    — Il
n’est pas à toi, ni à moi. Ensemble, nous trouverons quelqu’un pour le tenir au
chaud. Dès que Gundleus sera mort », ajouta-t-il d’une voix sinistre.
« Où est-il ? »
    Cuneglas eut
un geste en direction du village. « Dans l’un des bâtiments,
Seigneur. »
    Arthur
s’adressa alors aux lanciers vaincus du Powys et enfla la voix afin que chacun
pût l’entendre. « Cette guerre n’aurait jamais dû être livrée ! Moi
seul en suis coupable, j’en assume la faute et je la paierai dans une autre
monnaie que ma vie. À la princesse Ceinwyn, je dois plus que des excuses et lui
donnerai tout ce qu’elle exigera, mais tout ce que je demande maintenant c’est
que nous soyons alliés. Chaque jour, de nouveaux Saxons viennent s’emparer de
nos terres et réduire nos femmes en esclavage. C’est eux que nous devons
combattre, plutôt que de nous entre-tuer. Je demande votre amitié et, en signe
de ce désir, je vous laisse votre terre, vos armes et votre or. Ce n’est ni une
victoire ni une défaite  – il tendit le bras vers la vallée ensanglantée
et enfumée  –, c’est une paix. Tout ce que je demande, c’est la paix et
une vie. Celle de Gundleus. » Il se retourna vers Cuneglas et baissa la
voix. « J’attends ta décision, Seigneur Roi. »
    Le druide
Iorweth accourut auprès de Cuneglas, et les deux hommes se lancèrent dans de
longs palabres. Aucun d’eux ne semblait croire à l’offre d’Arthur, car en
général les seigneurs de guerre n’ont pas la victoire magnanime. Qui gagne la
bataille exige rançon, or,

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