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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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et de fantômes sanglants.
    Brusquement, la voix de Ptolémée le
ramena à la réalité :
    « La situation n’a rien à voir
avec une bataille ouverte, n’est-ce pas ? Elle ne ressemble pas à notre
combat sur l’Istros. Et pourtant, la chute de Troie que ton cher Homère a
chantée n’a pas dû être bien différente, pas plus que la destruction de tant de
villes glorieuses dont le souvenir est à jamais perdu. »
    Alexandre demeura silencieux. Il
s’était dressé sur son lit et portait sur son visage une expression hagarde,
presque de folie. Il se contenta de murmurer : « Je… je ne voulais
pas.
    — Je le sais », dit
Ptolémée, et il baissa la tête. « Tu n’es pas entré dans la ville,
reprit-il après quelques instants, mais je peux t’assurer que les combattants
les plus terribles et les plus féroces, ceux qui se sont le plus acharnés sur
ces malheureux, ont été leurs voisins, les Phocéens, les Platéens, les
Thespiens, qui leur ressemblent pourtant par la langue, la lignée, les
traditions et les croyances.
    « Il y a soixante-dix ans,
quand Athènes fut vaincue, elle dut se rendre sans conditions à ses
adversaires, les Spartiates et les Thébains. Sais-tu ce que proposèrent les
Thébains ? Le sais-tu ? Ils demandèrent qu’Athènes soit brûlée, ses
murailles démantelées, sa population assassinée ou vendue en esclavage. Si
Lysandre, le Lacédémonien, ne s’y était pas fermement opposé, la gloire du
monde, la plus belle ville jamais construite, ne serait plus aujourd’hui qu’un
tas de cendres, et son nom serait perdu.
    « Le sort que les ancêtres
évoquèrent alors pour un ennemi devenu impuissant et sans défense s’est
maintenant retourné comme une punition inéluctable, contre leurs descendants et
qui plus est dans des circonstances bien différentes. Tu leur avais offert la
paix en échange d’une modeste limitation de leur liberté.
    « À présent, leurs voisins, les
membres de la confédération béotienne, se disputent déjà le territoire de la
ville mère détruite et demandent ton arbitrage. »
    Alexandre alla vers une cuvette
remplie d’eau et y plongea la tête, puis il s’essuya le visage. « Est-ce
pour cette raison que tu es venu ? Je ne veux pas les voir.
    — Non. Je voulais te dire que,
selon tes ordres, la maison du poète Pindare a été épargnée, et que j’ai réussi
à soustraire aux flammes un certain nombre de ses œuvres. »
    Alexandre approuva d’un signe de
tête.
    « En outre, je tenais à te dire
que… Perdiccas est en danger de mort. Il a été gravement blessé durant
l’attaque d’hier, mais il n’a pas voulu qu’on te prévienne.
    — Pourquoi ?
    — Pour ne pas te détourner de
tes responsabilités de commandement dans un moment aussi crucial, mais
désormais…
    — Voilà pourquoi il n’est pas
venu me faire son rapport ! Oh ! par tous les dieux ! s’exclama
Alexandre. Conduis-moi immédiatement auprès de lui ! »
    Ptolémée sortit, précédant le roi
vers, une tente éclairée, à l’extrémité ouest du campement.
    Perdiccas gisait sur son lit de
camp, inconscient et brûlant de fièvre. Philippe, le médecin, était assis à son
chevet. Il pressait régulièrement une éponge imbibée d’un liquide clair
au-dessus de sa bouche.
    « Comment
va-t-il ? », demanda Alexandre.
    Philippe secoua la tête. « Il a
une fièvre de cheval et il a perdu beaucoup de sang : une mauvaise
blessure, un coup de lance au-dessous de la clavicule. Ses poumons ne sont pas
atteints, mais ses muscles ont été sectionnés, ce qui a provoqué une grave
hémorragie. J’ai cautérisé, cousu et tamponné sa plaie, et j’essaie de lui
administrer un liquide mélangé à un médicament qui devrait calmer sa douleur et
empêcher la fièvre de monter encore. Mais j’ignore combien il en
absorbe… »
    Alexandre posa la main sur le front
de Perdiccas.
    « Mon ami, ne t’en va pas, ne
me laisse pas. »
    Il le veilla avec Philippe pendant
toute la nuit, en dépit de son épuisement et d’un terrible manque de sommeil. À
l’aube, Perdiccas ouvrit les yeux. Alexandre donna un coup de coude à Philippe,
qui s’était assoupi.
    Le médecin sursauta, puis il tâta le
front du blessé : celui-ci était encore très chaud, mais sa température
avait considérablement baissé.
    « Il s’en tirera
peut-être », dit-il avant de se rendormir.
    Ptolémée entra un peu plus tard.
    « Comment se

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