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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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dieux le manifestent à
tous les mortels, aux Béotiens surtout et à leurs voisins.
    On consulta aussi l’oracle ancestral
de Thèbes, qui affirma :
    Une toile se tisse pour le bonheur
de l’un et le malheur de l’autre.
    Personne n’avait su attribuer un
sens à ces propos, mais le matin où Alexandre avait surgi avec son armée, les
statues s’étaient mises à transpirer sur la place du marché, se couvrant
rapidement de grosses gouttes qui coulaient jusqu’au sol.
    En outre, on rapporta aux
représentants de la ville que le lac Copaïs avait émis un bruit semblable à un
mugissement et qu’on avait vu, près de Dircé, se former dans l’eau des ronds de
la couleur du sang, qui s’étaient étendus sur toute la superficie du lac. Des
voyageurs venus de Delphes avaient également raconté que le toit du petit
temple des Thébains, qu’on avait érigé près du sanctuaire en remerciement pour
les dépouilles enlevées aux Phocéens au cours de la guerre sacrée portait des
taches de sang.
    Les devins qui s’occupaient de ces
présages affirmaient que la toile d’araignée, à l’intérieur du temple,
signifiait que les dieux abandonnaient la ville ; et son irisation, une
série de malheurs. Les statues qui transpiraient présageaient une catastrophe
menaçante, l’apparition du sang en de nombreux lieux annonçait un massacre
imminent.
    Ils conclurent donc que tous ces
signes étaient funestes : il ne fallait en aucune façon tenter le sort sur
le champ de bataille, mais plutôt chercher une solution négociée.
    Cependant, les Thébains ne furent
nullement impressionnés. Mieux, ils rappelèrent qu’ils comptaient parmi les meilleurs
combattants de toute la Grèce et évoquèrent les grandes victoires qu’ils
avaient remportées dans le passé. En proie à une sorte de folie collective, ils
agirent plus en fonction d’un courage aveugle que par sagesse et réflexion, et
ils se précipitèrent tête baissée dans le gouffre, entraînant la ruine de leur
pays.
    En trois jours seulement, Alexandre
acheva tous les ouvrages devant servir pour le siège ainsi que les machines
destinées à abattre les murailles. Alors les Thébains sortirent en bon ordre,
prêts à combattre. Ils avaient placé la cavalerie sur leur aile gauche, la
protégeant derrière une palissade, et aligné l’infanterie lourde au centre et à
droite. À l’intérieur de la ville, les femmes et les enfants s’étaient réfugiés
dans les temples, priant les dieux de les épargner.
    Alexandre partagea ses forces en
trois : la première division devait attaquer la palissade, la deuxième
affronter l’infanterie thébaine, et la troisième demeurer en réserve, sous le
commandement de Parménion.
    Le combat se déchaîna au son des
trompes avec une violence qu’on n’avait jamais vue, pas même durant la bataille
de Chéronée. Les Thébains savaient qu’ils étaient allés trop loin et
qu’Alexandre n’aurait aucune pitié pour eux s’il les battait : ils
savaient que leurs maisons seraient saccagées et brûlées, leurs femmes violées,
leurs enfants vendus. Ils luttaient avec un total mépris du danger, s’exposant
à la mort avec témérité.
    Le vacarme de la bataille, les
exhortations des commandants, le son aigu des trompes et des flûtes s’élevaient
jusqu’au ciel tandis que l’énorme tambour de Chéronée faisait retentir jusqu’au
fond de la vallée ses sombres échos.
    Dans un premier temps, ne pouvant
supporter le redoutable impact de la phalange, les Thébains durent reculer.
Mais quand ils en vinrent au corps à corps sur un terrain plus accidenté, ils
démontrèrent leur supériorité. L’issue du combat sembla dès lors incertaine
pendant plusieurs heures, comme si les dieux avaient placé les adversaires sur
les deux plateaux de la balance en un équilibre parfait.
    Alexandre lança finalement sa troupe
de réserve à l’attaque : la phalange, qui avait combattu jusqu’alors, se
partagea en deux, laissant avancer le détachement de renfort. Mais l’idée de se
battre contre des troupes fraîches, en dépit de leur épuisement, n’effraya pas
les Thébains. Ils n’en étaient que plus fiers.
    Leurs officiers
s’époumonaient : « Regardez, soldats ! Il faut deux Macédoniens
pour vaincre un Thébain ! Repoussons-les comme nous avons repoussé les
autres ! »
    Et ils se déchaînèrent pour lancer
un dernier assaut qui déciderait du sort de leurs vies et de leur cité.
    C’est

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