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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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alors que Perdiccas, qui se
trouvait sur l’aile gauche, s’aperçut qu’une poterne latérale des murailles
avait été libérée pour permettre aux troupes de renfort de s’élancer contre les
lignes thébaines. Il envoya donc un détachement l’occuper et en profita pour
faire entrer un grand nombre de guerriers.
    Les Thébains reculèrent rapidement
pour tenter de verrouiller la poterne, mais leurs compagnons se pressaient
derrière eux, créant un enchevêtrement d’hommes et de chevaux qui se blessèrent
entre eux, sans empêcher pour autant les troupes ennemies de se répandre à
l’intérieur.
    Entre-temps, les Macédoniens qui
étaient enfermés dans la citadelle effectuèrent une sortie et prirent à revers
leurs adversaires, qui se livrèrent à un corps à corps dans les rues étroites
et tortueuses, devant leurs propres maisons.
    Aucun Thébain ne se rendit, aucun
n’implora à genoux qu’on épargne sa vie, mais ce courage désespéré n’inspira
guère la pitié de leurs ennemis, et la journée ne fut pas assez longue pour
freiner la cruauté de leur vengeance : rien n’aurait pu les arrêter.
    Aveuglés par la fureur, ivres de
sang et de violence, ils pénétrèrent dans les temples, arrachèrent aux autels
les femmes et les enfants pour user sur eux de toutes formes d’outrage
possibles.
    Partout la ville résonnait des cris
désespérés de jeunes filles et de jeunes garçons qui appelaient au secours
leurs parents hélas incapables de les aider.
    Les Macédoniens avaient été rejoints
par les Béotiens et les Phocéens, des Grecs qui avaient subi par le passé
l’oppression thébaine. S’ils parlaient la même langue et le même dialecte que
leurs adversaires, ils se montrèrent toutefois les plus féroces, semant l’horreur
dans la ville alors que les cadavres de leurs victimes gisaient, entassés, dans
tous les coins et sur toutes les places.
    Seules la tombée de la nuit, la
fatigue et l’ivresse mirent un terme au massacre.
    Le lendemain, Alexandre réunit le
conseil de la ligue pour décider du sort de Thèbes.
    Les délégués de Platées
s’exprimèrent les premiers : « Les Thébains ont toujours trahi la
cause commune des Grecs. Ils ont été les seuls, au cours de l’invasion perse, à
s’allier contre leurs frères qui luttaient cependant pour la liberté de tous.
Ils n’ont éprouvé aucune pitié quand notre ville a été détruite par les
barbares et incendiée, quand nos femmes ont été outragées et nos fils réduits
en esclavage dans des pays lointains et inaccessibles.
    — Et les Athéniens, intervint
le délégué de Thespies, qui les ont d’abord aidés pour les abandonner ensuite à
l’approche du châtiment, ont-ils oublié que les Perses ont brûlé leur ville et
incendié les sanctuaires de leurs dieux ?
    — Par le châtiment exemplaire
d’une seule ville, affirmèrent les représentants des Phocéens et des
Thessaliens, nous empêcherons que d’autres guerres éclatent, que d’autres
peuples menacent la paix à cause de leur haine et de leur partialité
aveugle. »
    La décision fut prise à une grande
majorité, et si Alexandre y était personnellement hostile, il ne put s’y
opposer car il avait proclamé qu’il respecterait la décision du conseil.
    Huit mille Thébains furent vendus
comme esclaves.
    Leur ville millénaire, chantée par
Homère et par Pindare, fut entièrement rasée, balayée de la surface de la terre
comme si elle n’avait jamais existé.
     

44
    Alexandre se laissa presque tomber de son cheval et se traîna sous sa
tente. Ses oreilles étaient remplies de hurlements poignants, d’invocations et
de plaintes ; ses mains couvertes de sang.
    Il refusa de se nourrir et de boire,
il se débarrassa de ses armes et se jeta sur sa couche, en proie à
d’épouvantables convulsions. Il semblait avoir perdu le contrôle de ses muscles
et de ses sens : cauchemars et hallucinations défilaient devant ses yeux
et dans son âme comme une tempête qui emporte tout, comme un souffle
dévastateur lui arrachant ses pensées au moment même où elles se formaient.
    La souffrance et le désespoir d’une
ville grecque extirpée de ses racines pesaient sur son cœur comme un fardeau.
Il éprouvait un sentiment d’oppression, qui augmenta au point d’exploser en un
cri presque bestial de délire et de chagrin. Mais personne ne le distingua
parmi les nombreux hurlements qui blessaient cette nuit maudite, parcourue d’ombres
ivres

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