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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’extermination d’un grand nombre, ou de tous. Ils devraient avoir
le courage de se rendre et d’affronter le destin qu’ils ont témérairement
défié.
    « Citoyens, je me suis prononcé
contre ces choix, et j’ai été accusé d’être l’ami des Macédoniens. Quand
Alexandre était encore en Thrace, Démosthène a dit qu’un enfant siégeait sur le
trône ; quand il a gagné la Thessalie, il a commencé à le qualifier
d’adolescent, puis il a parlé de jeune homme quand il est arrivé devant les
murailles de Thèbes. Maintenant que le roi a démontré sa puissance
dévastatrice, comment Démosthène le définira-t-il ? Avec quels mots
entend-il s’adresser à lui ? Reconnaîtra-t-il enfin qu’il s’agit d’un
homme en pleine possession de son pouvoir et de ses capacités ?
    « Je pense qu’il faut avoir le
courage de ses actes aussi bien que de ses paroles. Je n’ai rien d’autre à
ajouter. »
    Démosthène se leva alors pour
défendre sa conduite et celle de ses partisans en faisant appel, comme
toujours, au sens de la liberté et à la démocratie dont Athènes était le
berceau, mais il conclut en s’en remettant aux décisions de l’assemblée :
    « Je n’ai pas peur de la mort.
Je l’ai déjà affrontée à visage découvert sur le champ de bataille de Chéronée,
d’où je me suis sauvé à grand-peine en me cachant derrière un tas de cadavres,
puis en m’enfuyant à travers les cols de montagne. J’ai toujours servi la ville
et je la servirai encore, en ce moment difficile : si l’assemblée me
demande de me livrer, je m’exécuterai. »
    Démosthène avait été habile, comme à
l’accoutumée, en s’offrant en sacrifice, mais il avait parlé ainsi pour que son
choix prenne l’allure d’un sacrilège aux yeux de tout le monde, ou presque.
    Les membres de l’assemblée
s’interrogèrent alors sur la meilleure façon de réagir, et les chefs des
diverses tendances politiques eurent loisir de convaincre leurs propres
partisans.
    Deux philosophes célèbres
participaient également aux débats : Speusippe, qui avait pris la tête de
l’académie après la mort de Platon, et Démophon.
    « Sais-tu ce que je
pense ? dit Speusippe à son ami, avec un sourire amer. Que Platon et les
Athéniens ont refusé à Aristote la direction de l’académie, et qu’il a créé
Alexandre pour se venger. »
    L’assemblée vota contre la
proposition qui voulait soumettre Démosthène et son parti aux
Macédoniens ; elle décida toutefois d’envoyer une ambassade en choisissant
les hommes qui avaient le plus de chances d’être écoutés, et elle plaça Démade
à la tête de la délégation.
    Alexandre rencontra celui-ci sur la
route de Corinthe, où il avait l’intention de convoquer une nouvelle fois les
représentants de la ligue panhellénique afin qu’ils lui reconfirment, après les
événements de Thèbes, le commandement suprême dans la guerre contre les Perses.
    Il était assis sous sa tente, auprès
d’Eumène.
    « Comment va ta blessure,
Démade ? », lui demanda-t-il d’abord, à la stupéfaction générale.
    L’orateur releva son manteau et la
montra. « Elle s’est parfaitement cicatrisée, Alexandre. Un vrai
chirurgien n’aurait sans doute pas été plus habile.
    — Le mérite en revient à mon
maître Aristote, qui a également été votre concitoyen. Au fait, ne crois-tu pas
que vous devriez lui consacrer une statue sur la place du marché ? Sauf
erreur, il n’y en a pas sur votre place. »
    Les délégués échangèrent des regards
de plus en plus surpris.
    « Non, nous n’y avons pas
encore pensé, admit Démade.
    — Alors, pensez-y ! Une
chose encore. Je veux Démosthène, Lycurgue, ainsi que tous les inspirateurs de
la révolte. »
    Démade baissa la tête. « Sire,
nous nous attendions à cette requête, et nous comprenons ton état d’âme. Tu
sais que je me suis toujours prononcé contre la guerre et en faveur de la paix,
même si j’ai accompli mon devoir et combattu comme les autres quand la ville me
l’a demandé. Cependant, je suis persuadé que Démosthène et ses amis ont agi en
toute bonne foi, en sincères patriotes.
    — Patriotes ? s’écria
Alexandre.
    — Oui, ô roi, en patriotes,
rétorqua Démade avec fermeté.
    — Alors pourquoi ne se
rendent-ils pas ? Pourquoi n’assument-ils pas la responsabilité de leurs
actions ?
    — Parce que la ville le refuse,
parce qu’elle est prête à affronter

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