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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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pouvait
apercevoir à l’intérieur de la cella la statue du dieu, qui se dressait dans la
pénombre, solennelle dans sa fixité primitive. Deux sièges avaient été
installés à son pied, et huit autres – quatre par côté – disposés le long des
colonnades latérales qui soutenaient les chevrons du plafond.
    Ptolémée arriva le premier, suivi de
Cratère et de Léonnatos qui se présentèrent ensemble. Lysimaque, Séleucos et
Perdiccas, qui n’était pas complètement rétabli, les rejoignirent un peu plus
tard, précédant de peu Eumène et Philotas, également invités à la réunion.
Monté sur Bucéphale, Alexandre arriva le dernier en compagnie d’Héphestion.
    Alors seulement ils entrèrent et
prirent place au milieu des colonnades du temple désert et silencieux.
    Alexandre s’assit, invita Héphestion
à s’installer à sa droite ainsi que ses compagnons, tous impatients de
connaître les raisons de cette réunion nocturne.
    « Le moment est venu, commença
le souverain, de donner le signal du départ à l’entreprise que mon père
caressait depuis longtemps, mais que sa mort soudaine et violente lui a
interdit de mettre en œuvre : l’invasion de l’Asie ! »
    Un souffle de vent pénétra par la
porte principale du sanctuaire, et les flammes des lanternes qui brûlaient au
pied de la statue du dieu oscillèrent, animant le sourire énigmatique de la
divinité.
    « Ce n’est pas par hasard que
je vous ai rassemblés ici : Dionysos nous indiquera la route, lui qui est
allé avec son cortège de satyres et de silènes, couronné de pampres, jusqu’aux
Indes lointaines qu’aucune armée grecque n’a jamais atteintes.
    « Le conflit qui oppose l’Asie
à la Grèce est ancien ; il s’est usé au cours de son histoire millénaire
sans qu’il y ait ni vainqueur ni vaincu. La guerre de Troie a duré dix ans et
s’est conclue par la mise à sac et la destruction d’une seule cité. Les
invasions les plus récentes, d’abord tentées par les Athéniens puis par les
Spartiates afin de libérer les Grecs de l’Asie de la domination perse, ont
échoué, tout comme les invasions des Perses en Grèce, mais non sans entraîner
des massacres, des incendies et des mises à sac qui n’ont même pas épargné les
temples des dieux.
    « Désormais les temps ont
changé : nous possédons l’armée la plus puissante qui ait jamais existé,
les soldats les plus forts et les mieux entraînés, mais surtout, affirma-t-il
en regardant ses compagnons un à un dans les yeux, nous sommes unis, nous qui
siégeons ici, par un lien d’amitié profond et sincère. Nous avons grandi
ensemble dans une petite ville, avons partagé les mêmes jeux, avons fréquenté
les cours du même maître, et c’est ensemble que nous avons appris à affronter
les premières épreuves et les premiers dangers.
    — Nous avons reçu les coups de
la même baguette ! ajouta Ptolémée, suscitant un éclat de rire général.
    — Bien dit ! approuva
Alexandre.
    — Est-ce pour cette raison que
tu n’as pas invité Parménion ? demanda Séleucos. Si je m’en souviens bien,
nous les avons jadis reçus de sa propre main, sur les ordres de ton père.
    — Par Zeus ! Je vois que
tu ne l’as pas oublié ! s’exclama Alexandre en riant.
    — Et qui peut oublier sa
baguette ? dit Lysimaque. Il me semble que j’en ai encore les traces sur
mon dos.
    — Non. Si je n’ai pas invité
Parménion, ce n’est pas pour cette raison », reprit Alexandre, réussissant
à attirer à nouveau l’attention de ses compagnons. « Je n’ai pas de
secrets pour lui, et la preuve en est que son fils Philotas se trouve parmi
nous.
    « Parménion sera le pilier de
notre expédition, le conseiller, le dépositaire du patrimoine d’expérience et
de valeurs que mon père a accumulé. Mais Parménion est un compagnon de mon
père, alors que vous êtes mes amis ; et je vous demande ici, en présence
de Dionysos et de tous les dieux, de me suivre jusqu’où nous mènera notre
combat. Même s’il s’agit du bout du monde !
    — Même au bout du
monde ! », s’écrièrent-ils tous en se levant et en se pressant autour
de leur roi.
    Ils étaient désormais animés d’une
puissante excitation, d’une frénésie irrépressible, d’un désir d’aventure que
la vue et la proximité physique d’Alexandre, qui semblait croire à ce rêve plus
que quiconque, rendaient encore plus brûlant.
    « Chacun de vous, continua

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