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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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présenta bientôt :
« Sire, des invités étrangers en provenance d’une puissante ville du nom
de Tarente, en Italie, te demandent de bien vouloir les recevoir demain. »
    Jetant un coup d’œil vers le soleil
rouge qui se couchait lentement derrière l’horizon marin, le roi
répondit : « Dites-leur que je les accueillerai avec plaisir. »
    Puis, ayant versé à Cléopâtre une
coupe d’un vin léger, ce vin pétillant qu’appréciait tout particulièrement son
frère, il lui demanda : « Connais-tu cette ville ?
    — De nom seulement, répondit la
jeune femme en portant la coupe à ses lèvres.
    — C’est une ville très riche et
très puissante, mais peu versée dans les activités guerrières. Veux-tu écouter
son histoire ? »
    Le soleil s’était enfoncé dans la
mer, ne laissant à sa surface qu’un reflet violacé.
    « Oui, si je dois l’entendre de
ta bouche.
    — Bien. Tu dois donc savoir
qu’il y a fort longtemps, les Spartiates s’employaient sans succès à assiéger
Ithomé, en Messénie. Les chefs lacédémoniens étaient très inquiets du fait de
l’absence prolongée de milliers de guerriers, immobilisés depuis des années par
ce long siège, il naissait peu d’enfants dans la ville. Ils pensaient donc que
le jour viendrait où le recrutement militaire serait trop faible et où la ville
se dégarnirait.
    « Ils élaborèrent un plan.
Après s’être rendus à Ithomé, ils choisirent un groupe de soldats – les plus
jeunes et les plus forts qu’ils trouvèrent – et leur ordonnèrent de rentrer
chez eux pour accomplir une mission beaucoup plus agréable que la guerre, mais
pas moins prenante. »
    Cléopâtre lui lança un clin d’œil
complice et se mit à sourire : « Je crois deviner de quoi il s’agit.
    — C’est bien cela, poursuivit
le roi ; leur mission consistait à engrosser toutes les vierges de la
ville. Ils s’exécutèrent avec un sens du devoir et une ardeur semblables à ceux
qui les animaient sur le champ de bataille. Et leur entreprise fut couronnée
d’un tel succès qu’une nombreuse nichée d’enfants naquit l’année suivante.
    « Mais bientôt la guerre prit
fin. Les autres guerriers regagnèrent leur foyer et s’employèrent à rattraper
le temps perdu : d’autres enfants virent le jour. Et quand ils eurent
grandi, ils déclarèrent que les rejetons illégitimes ne pouvaient être
considérés comme des citoyens de Sparte, et qu’ils devaient plutôt subir le
sort des bâtards.
    « Indignés, ces derniers se
préparèrent à la révolte sous la conduite de leur chef, un garçon fort et hardi
du nom de Taras. Hélas pour eux, leur complot fut découvert et ils furent
contraints de quitter leur patrie. Taras interrogea alors l’oracle de Delphes,
qui leur indiqua un lieu, en Italie, où ils pourraient fonder une ville et y
vivre dans la richesse et le bonheur. La ville fut effectivement fondée, et
elle existe encore : il s’agit de Tarente, qui tire son nom de Taras.
    — C’est une belle histoire,
observa Cléopâtre avec une ombre de tristesse dans les yeux. Mais je me demande
bien ce qu’ils veulent.
    — Tu le sauras dès que je les
aurai entendus, affirma le roi en prenant congé de sa femme avec un baiser.
Maintenant, permets-moi de donner les ordres nécessaires afin qu’ils soient
dignement reçus. »
    Les quatre navires tarentais
repartirent deux jours plus tard, et c’est alors seulement qu’Alexandre d’Épire
regagna la chambre nuptiale.
    Cléopâtre avait fait préparer le
dîner dans la chambre, où flottait un parfum de lis. Elle s’était allongée sur
le lit de banquet, uniquement vêtue d’une robe de lin transparent.
    « Que voulaient-ils donc ?
demanda-t-elle à son mari dès qu’il se fut étendu auprès d’elle.
    — Ils sont venus me demander de
l’aide et… m’offrir l’Italie.
    — Tu vas partir ? dit-elle
après un long silence.
    — Oui », répondit le roi.
    Il sentait que ce départ, que la
guerre et le risque de mourir au combat lui pèseraient moins que l’idée,
toujours plus forte, que Cléopâtre avait jadis appartenu à un autre homme dont
elle cultivait peut-être le souvenir, ou qu’elle aimait encore.
    « Est-il vrai que mon frère
s’apprête à quitter la Macédoine ?
    — Oui. Il se dirige vers
l’Orient et s’apprête à envahir l’Asie.
    — Toi, tu pars vers l’Occident,
et je vais rester seule. »
    Le roi saisit sa main et la

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