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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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pense qu’il vaudrait mieux éviter un choc frontal. Voici mon
plan : il nous faudra lâcher sur ses traces un grand nombre d’éclaireurs à
cheval qui nous tiendront constamment informés de ses mouvements, introduire
dans son armée des espions qui nous communiqueront ses intentions, avant de
nous retirer en pratiquant la politique de la terre brûlée, sans lui laisser un
grain de blé ou une gorgée d’eau potable.
    « Des groupes de la cavalerie
rapide effectueront d’incessantes incursions contre les détachements chargés de
l’approvisionnement en nourriture et en fourrage pour leurs animaux. Quand nos
ennemis seront épuisés par la faim et les efforts, nous les attaquerons avec
toutes nos forces. En même temps, un corps d’expédition navale débarquera en
territoire macédonien. »
    Spithridatès observa longuement la
carte de Memnon. Il passa la main sur sa barbe fournie et crépue avant de
gagner un balcon qui donnait sur la campagne.
    La vallée de Zéléia était
magnifique : le parfum légèrement amer de l’aubépine en fleur et celui des
jasmins et des lys, plus sucré et plus délicat, s’échappaient du jardin qui
entourait le palais ; la chevelure blanche des cerisiers et des pêchers,
des arbres divins qui ne poussaient que dans son pairidaeza, resplendissait
sous le soleil printanier.
    Il contempla les forêts qui
recouvraient le flanc des montagnes, les palais et les jardins des nobles qui
étaient rassemblés autour de la table, et il imagina ces merveilles incendiées
par le feu de Memnon, cette mer d’émeraude réduite à l’état d’une étendue de
charbon et de cendres fumantes. Il se retourna brusquement et dit :
    « Non !
    — Mais, seigneur…, objecta
Memnon en s’approchant. As-tu bien évalué les différents éléments de mon
plan ? Je considère que…
    — C’est impossible,
commandant ! interrompit sèchement le satrape. Nous ne pouvons pas
détruire nos jardins, nos champs et nos palais, puis nous enfuir. Cela n’est
pas digne de nous, et ce serait un crime que de faire subir à notre territoire
des dommages plus graves que ceux que l’ennemi pourrait lui infliger. Non. Nous
l’affronterons et nous le repousserons. Cet Alexandre n’est qu’un adolescent
prétentieux qui mérite une bonne leçon.
    — Ma demeure et mon domaine se
trouvent dans cette région, insista Memnon, et je suis prêt à tout sacrifier
pour notre victoire.
    — Ton honnêteté n’est pas en
cause, répliqua Spithridatès. Je dis seulement que ton plan est irréalisable.
Je le répète : nous combattrons et nous repousserons les Macédoniens. »
Il fit face aux autres généraux. « À partir de cet instant, nos troupes
sont en état d’alerte. Appelez sous nos drapeaux les hommes en mesure de se
battre, jusqu’au dernier. Nous n’avons plus beaucoup de temps. »
    Memnon secoua la tête. « C’est une
erreur, et vous vous en apercevrez. Mais il sera alors trop tard, je le crains.
    — Ne sois pas si pessimiste,
dit le Perse. Nous essaierons de les affronter dans une position avantageuse.
    — C’est-à-dire ? »
    Spithridatès se pencha sur la table
et, s’appuyant sur son bras gauche, commença à explorer la carte de la pointe
de l’index. Il immobilisa son doigt sur un petit serpent bleuté indiquant un
fleuve qui courait vers le nord et se jetait dans la mer intérieure de la
Propontide. « Ici.
    — Sur le Granique ? »
    Spithridatès acquiesça.
    « Connais-tu cette région,
commandant ?
    — Oui, assez bien.
    — Je la connais bien pour y
avoir chassé à plusieurs reprises. À cet endroit, les rives du fleuve sont
raides et argileuses. Elles sont difficilement praticables par la cavalerie, et
inaccessibles à l’infanterie lourde. Nous les repousserons, et le soir même
vous serez invités à un banquet dans mon palais de Zéléia pour fêter notre
victoire. »
     

3
    Memnon regagna son palais en pleine nuit. Il habitait un magnifique
édifice de style oriental, érigé au sommet d’une colline et au cœur d’un parc
regorgeant de gibier. Cette vaste propriété comprenait en outre des bâtiments,
du bétail, des champs de blé, des vignes, des oliviers et des arbres fruitiers.
    Depuis des années, il vivait avec
les Perses comme s’il faisait partie de leur peuple. Il avait épousé la fille
du satrape Artabaze, la noble Barsine, une femme de grande beauté, à la peau
sombre, aux longs cheveux noirs, aux formes sinueuses et

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