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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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environs.
    — Alors, avertissons Alexandre…
    — Calme-toi. Alexandre le sait
fort bien, et il sait également que les Perses sont en train de nous préparer
un accueil digne de leur réputation. »
    L’armée continua sa progression sans
rencontrer de difficultés jusqu’à la pause de midi. On ne voyait que des
paysans dans les champs, penchés sur leurs travaux, ou des groupes d’enfants
qui couraient le long de la route, en criant et en essayant d’attirer
l’attention.
    Quand le soir vint, ils s’arrêtèrent
non loin d’Abydos. Parménion plaça des sentinelles tout autour du camp, à une
certaine distance, et envoya des détachements de cavalerie légère dans les
environs afin de parer à d’éventuelles attaques surprises.
    Dès que la tente d’Alexandre fut
dressée, le trompette sonna la réunion du conseil, et tous les généraux se
rassemblèrent autour d’une table, tandis qu’on servait le repas. Callisthène
était également présent, mais Eumène les avait priés de commencer sans lui.
    « Mes amis, nous sommes
beaucoup mieux ici qu’en Thrace ! s’exclama Héphestion. Le climat est
excellent, les gens semblent accueillants, j’ai vu de jolies filles et nous
n’avons pas les Perses dans les pattes. J’ai l’impression de me trouver à
Miéza, à l’époque où Aristote nous emmenait à la chasse aux insectes dans les
bois.
    — Ne te fais pas d’illusions,
répliqua Léonnatos. Lysimaque et moi avons remarqué que deux cavaliers nous
suivaient tout au long de la journée. Et il est probable qu’ils ne nous
quitteront pas d’une semelle. »
    Parménion demanda respectueusement
la parole, dans son style un peu vieillot.
    « Tu n’as pas besoin de
réclamer mon autorisation pour intervenir, Parménion, lui répondit Alexandre.
Ici, personne ne possède autant d’expérience que toi, et tu as beaucoup de
choses à apprendre à chacun d’entre nous.
    — Je te remercie, dit le vieux
général. Je voulais seulement savoir quelles étaient tes intentions pour la
journée de demain et pour le futur proche.
    — Pousser vers l’intérieur,
vers le territoire que les Perses contrôlent directement. Alors, ils n’auront
plus le choix : ils devront nous affronter en rase campagne et nous les
vaincrons. »
    Parménion garda le silence.
    « Tu ne m’approuves pas ?
    — Pas entièrement. J’ai
affronté les Perses au cours de la première campagne, et je peux te garantir
que ce sont de redoutables adversaires. En outre, ils peuvent compter sur un
formidable commandant : Memnon de Rhodes.
    — Un renégat grec !
s’écria Héphestion.
    — Non. Un soldat de métier. Un
mercenaire.
    — Ce n’est pas la même
chose ?
    — Non, ce n’est pas la même
chose, Héphestion. Après avoir mené de nombreuses guerres, certains hommes se
retrouvent privés de convictions et d’idéaux, mais ils conservent leur habileté
et leur expérience. Alors, ils vendent leur épée au plus offrant. Mais si ce
sont des hommes d’honneur – et c’est le cas de Memnon –, ils demeurent fidèles
à leurs pactes. La parole qu’ils ont donnée devient leur patrie, et ils la
respectent rigoureusement.
    « Memnon représente un danger
pour nous, d’autant plus qu’il est entouré de ses troupes : de dix à
quinze mille mercenaires, tous grecs, tous bien armés, tous redoutables en rase
campagne.
    — Nous avons battu le bataillon
sacré des Thébains, observa Séleucos.
    — Cela ne compte pas, répliqua
Parménion. Les hommes auxquels nous aurons affaire sont des soldats de
métier : ils ont passé leur vie à combattre, et lorsqu’ils ne combattent
pas ils s’entraînent.
    — Parménion a raison, approuva
Alexandre. Memnon est dangereux et sa phalange de mercenaires l’est aussi,
d’autant plus qu’elle est flanquée de la cavalerie perse. »
    Eumène fit alors son apparition.
    « L’armure te sied
particulièrement, dit Cratère en ricanant. Tu as l’air d’un général. Dommage
que tes jambes soient aussi tordues et aussi maigres… »
    L’assemblée partit d’un grand éclat
de rire, mais Eumène déclama ces vers :
    Je n’aime pas un général à la taille
élancée, à la démarche élastique, vain de ses cheveux frisés et rasé sous le
nez. Il me faut un homme trapu, je lui veux des jambes cagneuses, des pieds
bien plantés en terre, le cœur solide [1] .
    « Bravo ! s’écria
Callisthène. Archiloque est l’un de mes poètes

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