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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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ressemble et nous avons besoin de le reconnaître
pour le cas où nous tomberions nez à nez avec lui, tu comprends ?
    — Je comprends, sire.
    — Alors, vas-y.
    — Maintenant ?
    — Maintenant. »
    Apelle s’empara d’une tablette
blanchie à la céruse et d’un fusain. Puis il se mit au travail.

15
    Barsine sauta à terre et, en compagnie de ses enfants, se dirigea vers
une maison faiblement éclairée par une lanterne qu’on avait allumée sous le
portique. Elle pénétra dans l’entrée et y trouva son époux, debout, soutenu par
une canne.
    « Mon bien-aimé !
s’écria-t-elle en venant se blottir dans ses bras. Je n’ai pas vécu en ton
absence.
    — Père ! »
s’exclamèrent ses fils.
    Memnon les étreignit, vaincu par
l’émotion.
    « Venez, venez ! J’ai fait
préparer le dîner. Nous devons fêter nos retrouvailles ! »
    Le théâtre de cette scène se situait
dans une propriété aux environs de Milet et d’Halicarnasse, que le satrape de
Carie avait mise à leur disposition.
    Les tables avaient été dressées à la
grecque. On avait installé des lits de repas et rempli un cratère de vin de
Chypre. Memnon invita son épouse et ses enfants à prendre place près de lui, et
il s’allongea à son tour sur une couche.
    « Comment te portes-tu ?
demanda Barsine.
    — Très bien, je suis
pratiquement guéri. Le médecin m’a conseillé d’économiser ma jambe blessée, ce
qui explique pourquoi je me sers d’une canne, mais je pourrais m’en passer.
    — Ta blessure est-elle toujours
aussi douloureuse ?
    — Non, le remède du médecin
égyptien a fait des merveilles : elle s’est cicatrisée en quelques jours.
Mais je vous en prie, mangez. »
    Le cuisinier grec servait du pain
frais, du fromage et des œufs de canard bouillis, tandis que son aide versait
dans les gamelles une soupe de fèves, de pois chiches et de petits pois.
    « Que va-t-il se passer,
maintenant ? demanda Barsine.
    — Je vous ai appelés ici parce
que j’ai des nouvelles très importantes à vous apprendre. Le Grand Roi m’a
nommé commandant en chef de la région anatolienne en vertu d’un décret
personnel. Cela m’autorise à donner des ordres aux satrapes, à enrôler des
hommes et à disposer de moyens considérables. »
    Les deux garçons le contemplaient
avec fascination et leurs yeux brillaient de fierté.
    « Tu vas donc reprendre les
opérations de guerre, commenta Barsine avec moins d’enthousiasme.
    — Oui, au plus vite. À ce
propos…, poursuivit-il, les yeux rivés sur sa coupe comme s’il observait la
couleur du vin qu’elle contenait.
    — Qu’y a-t-il, Memnon ?
    — Il faut que vous quittiez
cette région. Nous allons y livrer un combat sans merci, et personne n’y sera
plus en sécurité. » Barsine secouait la tête d’un air incrédule. « Tu
dois comprendre… C’est aussi la volonté du Grand Roi. Vous partirez pour Suse
et vous vivrez à la cour, où vous serez respectés et entourés d’égards.
    — Le Grand Roi a-t-il
l’intention de faire de nous des otages ?
    — Non, je ne crois pas. Mais il
demeure que je ne suis pas perse. Je suis un mercenaire, une épée vendue.
    — Je ne t’abandonnerai pas.
    — Nous non plus »,
ajoutèrent les enfants.
    Memnon soupira. « Nous n’avons
pas le choix. Vous partirez demain. Un char vous conduira à Célènes. Vous serez
ensuite en sécurité. Vous vous déplacerez sur la route du Roi, où vous ne
courrez aucun danger, et vous atteindrez Suse vers la fin du mois prochain.
    Deux grosses larmes se mirent à
couler sur les joues de Barsine qui évitait le regard de son époux.
    « Je t’écrirai, reprit Memnon.
Tu auras de mes nouvelles fréquemment parce que je pourrai utiliser les
courriers royaux, et tu me répondras par le même moyen. Quand tout sera
terminé, je te rejoindrai à Suse, où le roi me remettra les plus grands
honneurs et me récompensera pour les services que je lui aurai rendus.
    « Nous pourrons enfin vivre en
paix, où tu le souhaiteras, mon adorée, ici en Carie, ou dans notre palais de
Zéléia, ou encore en Pamphylie. Et nous verrons nos enfants grandir. Pour
l’heure, retrouve ton calme, et ne me rends pas la séparation plus
cruelle. »
    À la fin du repas, Barsine pria ses
fils d’aller se coucher.
    Les yeux luisants, ils embrassèrent
leur père, l’un après l’autre.
    « Je ne veux pas voir de larmes
sur les cils de mes jeune guerriers », dit Memnon. Et

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