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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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comptes tirer au sec la
flotte entière ? interrogea Néarque d’un air incrédule.
    — Exactement.
    — Mais, sire…
    — Écoute, Néarque, l’infanterie
que les Perses ont embarquée sur leurs vaisseaux est-elle, selon toi, en mesure
d’affronter ma phalange, rangée sur la rive ?
    — Je pense que non.
    — Tu peux en être sûr, affirma
Léonnatos. Cette idée ne leur traverse même pas l’esprit. S’ils veulent se
frotter à nous, nous les exterminerons avant même qu’ils ne posent un pied sur
le sable.
    — Exact, approuva Alexandre.
Ils ne le feront donc pas.
    — Cependant, poursuivit Néarque
qui avait deviné les intentions du roi, ils ne pourront pas rester indéfiniment
au mouillage… Pour accroître la puissance de leurs navires, ils ont dû
augmenter le nombre de leurs rameurs. Cela signifie qu’ils n’ont plus de place
à bord pour quoi que ce soit. Ils sont dans l’impossibilité de faire la cuisine
et de conserver des réserves d’eau suffisantes. Ils dépendent complètement du
ravitaillement terrestre.
    — Que nous bloquerons au moyen
de la cavalerie, conclut Alexandre. Nous inspecterons les moindres recoins de
la côte, les embouchures des fleuves et des ruisseaux, les sources. Les Perses
se retrouveront rapidement sans nourriture ni eau, sous un soleil flamboyant,
desséchés par la soif et taraudés par la faim, alors que nous ne manquerons de
rien.
    « Eumène dirigera le montage
des machines de siège. Perdiccas et Ptolémée mèneront l’attaque contre le
versant ouest des murs de Milet dès que les machines y auront ouvert une
brèche. Cratère lancera la cavalerie le long de la côte avec l’aide de
Philotas, afin d’empêcher les navires d’accoster. Parménion appuiera les autres
opérations au moyen de l’infanterie lourde, et le Noir nous donnera un coup de
main. C’est cela, le Noir ?
    — C’est cela, sire, répondit
Cleitos.
    — Excellent. Néarque et
Charylaos occuperont les navires tirés au sec avec l’infanterie embarquée. Ils
armeront les équipages et, si nécessaire, creuseront une tranchée. Milet va
regretter sa volte-face. »
     

14
    Le printemps était presque terminé, et le soleil de l’après-midi
brillait haut dans le ciel. Le temps s’était mis au beau et il y avait une mer
d’huile.
    Au sommet du mont Latmos, Alexandre,
Héphestion et Callisthène contemplaient le superbe spectacle qui s’offrait à
leur vue. À droite, le promontoire de Mycale se dressait dans la mer comme un
éperon. La grande île de Samos se profilait un peu plus loin. Quant à la
péninsule de Milet, elle s’étendait sur la gauche.
    Détruite par les Perses deux cents
ans plus tôt parce qu’elle avait osé se rebeller, la ville de Milet avait été
magnifiquement reconstruite par son fils le plus illustre, l’architecte
Hippodamos, qui en avait tracé le plan rigoureux selon une grille de rues
principales, dites « larges », et de rues secondaires, pour la
circulation du quartier, qualifiées d’« étroites ».
    Au sommet, il avait rebâti les
temples de l’acropole où resplendissaient des marbres peints de couleurs vives,
des ornements de bronze, d’or et d’argent, des groupes de statues dominant
majestueusement la vaste baie. Au centre il avait ouvert une grande place,
point de convergence de toutes les rues, cœur de la vie politique et économique
de la ville.
    Non loin de la côte se trouvait la
petite île de Ladè qui se tenait, telle une sentinelle, à l’entrée du grand
golfe.
    On pouvait distinguer les bateaux de
Néarque à l’extrémité nord-ouest de la baie, près de l’embouchure du
Méandre : ils étaient tirés au sec, protégés par un fossé et une palissade
contre d’éventuels coups de force de l’infanterie ennemie.
    Vus de là, les trois cents navires
du Grand Roi avaient l’allure de jouets.
    « Incroyable ! s’exclama
Callisthène. C’est ici, dans cet espace que notre regard peut embrasser, que va
se décider l’issue des guerres perses : cette petite île, près de la
ville, se nomme Ladè. La flotte des insurgés grecs y fut jadis anéantie.
    — Callisthène va nous donner
maintenant un cours d’histoire, comme si ceux de son oncle ne nous avaient pas
suffi à Miéza, commenta Héphestion.
    — Tais-toi, lui dit Alexandre.
On ne peut comprendre le présent si l’on ne connaît pas le passé.
    — Et là, près du promontoire de
Mycale, poursuivit Callisthène d’une voix

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