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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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continuaient à nager d’un mouvement régulier.
    Le souverain rebroussa chemin en
compagnie d’Héphestion et retourna au campement naval où presque tous les
bateaux étaient déjà à l’eau. Il monta à bord du vaisseau amiral et ordonna
qu’on prenne la direction de Ladè.
    Quand ils eurent atteint le lieu
d’abordage, ils constatèrent que les fugitifs s’étaient déjà mis à l’abri du
fortin. Seulement armés de leurs épées, épuisés de fatigue, trempés par leur
traversée à la nage, ils ressemblaient à des fantômes. Alexandre intima à
Héphestion l’ordre de ne pas bouger, puis il avança et cria :
    « Pourquoi vous êtes-vous
réfugiés ici ?
    — Parce que cet endroit est
assez petit pour être défendu par une poignée d’hommes.
    — Combien
êtes-vous ? », cria de nouveau le roi, désormais au pied du mur.
    Héphestion et les gardes du corps
surgirent à ses côtés pour le protéger de leurs boucliers, mais il les renvoya.
    « Assez nombreux pour vous
compliquer la tâche, répondirent les fugitifs.
    — Ouvrez la porte, il ne vous
sera fait aucun mal. J’ai du respect pour la bravoure et le courage.
    — Qui es-tu, mon garçon ?
demanda l’homme qui avait parlé.
    — Je suis le roi des
Macédoniens. »
    Héphestion ordonna une nouvelle fois
aux gardes d’avancer, mais Alexandre les arrêta d’un signe de la main. Les
défenseurs se consultèrent un moment, puis l’homme s’écria : « Ai-je
la parole d’un roi ?
    — Tu as ma parole de roi.
    — Attends, je descends. »
    La porte s’ouvrit dans un bruit de
loquets et l’homme qui avait parlé apparut. Il avait une cinquantaine d’années,
une barbe longue et hirsute, les cheveux collés par le sel, les membres secs et
la peau ridée. Alexandre lui faisait face. Seul.
    « Puis-je entrer ? »,
demanda-t-il.
     

17
    Les Milésiens qui s’étaient réfugiés à la nage sur l’île de Ladè
s’entretinrent avec Alexandre et lui jurèrent fidélité.
    Trois cents d’entre eux – la
majorité – s’enrôlèrent dans l’armée pour le suivre tout au long de sa
campagne.
    La ville fut respectée, les mises à
sac interdites, et l’on approuva l’ordre du jour qui proposait de réparer la
muraille. Sur une requête du roi, Eumène convoqua le conseil des citoyens, fit
ratifier le rétablissement des institutions démocratiques et établit que les
impôts payés jusqu’alors au Grand Roi seraient désormais versés à Alexandre. Il
réclama ensuite une avance. Mais les dépenses de guerre étaient si élevées que
la situation demeurait critique.
    Le lendemain, le secrétaire l’exposa
au conseil du haut commandement en fournissant des chiffres extrêmement précis
qui effacèrent, dans l’esprit de chacun, la satisfaction due aux victoires
remportées. « Je ne comprends pas, dit Léonnatos. Il nous suffirait de
tendre la main pour prendre ce dont nous avons besoin. Cette ville est
richissime, et nous n’avons exigé d’elle qu’une somme négligeable.
    — Eh bien, je vais t’expliquer
ce dont il retourne, intervint Ptolémée sur un ton condescendant. Tu vois,
Milet fait à présent partie de notre royaume : la dépouiller équivaudrait
à dépouiller une ville macédonienne telle qu’Aigai ou Drabescos.
    — Le roi Philippe ne raisonnait
pas de la sorte quand il prit Olynthe et Potidée », répliqua Cleitos.
    Alexandre se raidit mais s’abstint
de répondre. Il y eut un moment de silence, que brisa bientôt Séleucos :
« C’était une autre époque, le Noir. Le roi Philippe devait donner un
exemple ; Nous, nous unissons le monde grec en une seule patrie. »
    C’est alors que Parménion prit la
parole : « Hommes, nous n’avons plus à nous préoccuper de ce genre de
problèmes. Encore un effort. Après la libération d’Halicarnasse, notre
entreprise sera achevée.
    — C’est ce que tu crois ?
demanda Alexandre avec un léger ressentiment. Je n’ai jamais rien affirmé de
tel, je n’ai jamais posé de limites ou de frontières à notre campagne. Mais si
elle te paraît insurmontable, tu peux toujours rentrer chez toi,
Parménion. »
    Le général baissa la tête et se
mordit la lèvre.
    « Mon père n’entendait pas…,
commença Philotas.
    — Je sais très bien ce que ton
père voulait dire, rétorqua Alexandre, et je n’avais nullement l’intention
d’humilier le grand soldat qu’il est. Mais le général a traversé de nombreuses
batailles, de nombreux

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