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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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sièges, de nombreuses veillées nocturnes, et il n’est
plus tout jeune. Personne ne le blâmerait s’il décidait de regagner notre
patrie pour y jouir d’un repos amplement mérité. »
    Parménion leva la tête et balaya
l’assistance du regard, comme un vieux lion entouré de lionceaux soudain trop
arrogants.
    « Je n’ai besoin d’aucun repos,
dit-il, et je suis encore capable d’apprendre à n’importe lequel d’entre vous,
à l’exception du roi (il était facile de deviner qu’il voulait dire « y
compris au roi »), l’art de manier l’épée. Si je devais rentrer chez moi
avant la fin de l’expédition, quel que soit son but, ce serait à l’état de
cendres dans une urne funéraire. »
    Cette déclaration fut suivie d’un
nouveau silence. Puis Alexandre finit par reprendre : « Tu as dit ce
que j’espérais entendre. Le général Parménion restera parmi nous pour nous
soutenir par son courage et son expérience, nous l’en remercions de tout cœur.
Mais je dois vous faire part d’une décision, fruit d’une longue méditation, qui
m’a occupé au cours de ces dernières heures. Celle de licencier la
flotte. »
    Ces mots suscitèrent un murmure dans
le pavillon royal. « Tu as décidé de licencier la flotte ? répéta
Néarque sur un ton incrédule.
    — Oui, confirma le roi
impassible. Nos dernières opérations m’ont prouvé que nous n’en avons pas
besoin. Vingt navires suffisent à transporter les machines de guerre. Nous
poursuivrons notre route par voie terrestre, et ferons la conquête de la côte
et des ports. De cette façon, la flotte perse n’aura plus de points d’abordage
ni de lieux de ravitaillement.
    — Ils peuvent toujours débarquer
en Macédoine, lui fit remarquer Néarque.
    — J’ai déjà envoyé une lettre à
Antipatros pour le prier d’être vigilant. Quoi qu’il en soit, je ne crois pas
qu’ils oseraient.
    — Ce choix nous permettrait
d’économiser plus de cent cinquante talents par jour, intervint Eumène, mais je
ne veux pas en faire une histoire d’argent.
    — En outre, ajouta le
souverain, le fait de ne posséder aucune issue du côté de la mer sera une
motivation supplémentaire pour nos hommes. Demain, je communiquerai ma décision
à Charylaos. Toi, Néarque, tu prendras le commandement de la flotte réduite.
Elle n’est pas énorme, mais son rôle sera important.
    — Comme tu le souhaites, sire,
se résigna l’amiral. Et j’espère que tu auras raison.
    — Il a certainement raison,
répliqua Héphestion. Il ne s’est jamais trompé depuis que je le connais. Je
suis avec Alexandre.
    — Moi aussi, affirma Ptolémée.
Nous n’avons pas besoin des Athéniens. Et puis, je suis sûr qu’ils nous
présenteront bien vite la note de leur collaboration, et qu’elle sera très salée.
    — Alors, vous êtes tous
d’accord ? » demanda le roi.
    Tout le monde acquiesça, à
l’exception de Parménion et du Noir.
    « Cleitos et moi désapprouvons
ce choix, dit Parménion mais cela ne signifie rien. Le roi a montré qu’il
n’avait pas besoin de nos conseils. Il n’ignore pas qu’il peut compter sur
notre dévouement et notre appui.
    — Un appui indispensable,
affirma Alexandre. Si le Noir n’avait pas été là, mon aventure en Asie serait
déjà terminée. C’est lui qui a tranché le bras qui s’apprêtait à me couper la
tête, sur le Granique, je ne l’oublierai pas. Maintenant, mangeons, je meurs de
faim. Demain, je réunirai l’assemblée de l’armée et lui apprendrai cette
nouvelle. »
    La réunion fut levée et Eumène fit
envoyer aux officiers athéniens, à Callisthène, Apelle et Campaspé, des
invitations à dîner. Ils y répondirent avec enthousiasme. Il convia aussi des
« compagnes » fort habiles dans l’art d’égayer les jeunes gens.
Elégantes, raffinées, dotées de la beauté brune et mystérieuse des divinités
orientales, elles étaient toutes milésiennes. Leurs ancêtres étaient venus de
la mer, leurs mères des hauts plateaux de l’intérieur.
    « Donnez-en une au général
Parménion ! s’écria Léonnatos. Nous voulons voir s’il peut encore nous
apprendre quelque chose sur le maniement de la lance, lui qui nous distribue
tant de leçons en matière d’épée ! »
    Cette plaisanterie suscita un éclat
de rire général et brisa la tension qui s’était installée. En effet, le départ
imminent de la flotte représentait pour tous les officiers une

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